L’artiste-musicien Youssou Ndour a exhorté vendredi la famille de Ndiouga Dieng et les musiciens à "maintenir le flambeau" porté et par l’artiste décédé dans la nuit de mercredi à jeudi, insistant, au-delà du "talent de chanteur", sur "les grandes qualités humaines" du disparu.
"Il faut maintenir le flambeau qu’il a porté. Il faut entretenir la flamme qu’il a allumée. Cette flamme ne doit pas s’éteindre. Ce n’est pas que de la musique, c’est un comportement, c’est un état d’esprit, ce sont de grandes qualités humaines", a-t-il dit, en s’adressant à la famille, lors de la cérémonie de levée du corps, à l’hôpital Principal, à Dakar.
"Vous avez une grande responsabilité, nous aussi, pour que le témoin qu’il nous a transmis. C’est un monument qui est parti", a ajouté Youssou Ndour, désigné pour parler au nom des artistes, en présence d’une foule nombreuse composée d’artistes, de parents, d’amis, d’hommes politiques, de ministres, dont celui de la Culture, Mbagnick Ndiaye.
L’artiste-chanteur sénégalais Ndiouga Dieng, un des piliers de l’Orchestra Baobab, est décédé dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 novembre 2016, à Dakar, à l’âge de 71 ans, des suites d’une longue maladie.
Issu d’une longue lignée de griots de l’ancienne région du Cap-Vert (actuelle région de Dakar), Ndiouga Dieng, né à Rufisque, était électricien de formation. Il avait intégré l’Armée puis la Police, dans les années 1960.
Après avoir quitté la Police – où il chantait avec un groupe dénommé "Xarit mbaa merewoo ma", il a intégré l’Orchestra Baobab au début des années 1970.
Il y trouve de célèbres musiciens, Abdoulaye Mboup, Balla Sidibé, Médoune Diallo, entre autres. Ndiouga Dieng a aussi été membre de l’Orchestre national. Il y a pris sa retraite en 2005.
Compositeur de talent, il est l’auteur de titres devenus des tubes : "Dee moo woor", "Bul ma miin", "Jirim", "Werente Serigne".
"Ndiouga Dieng était un des nôtres. Je peux dire que si on parle de l’Orchestra Baobab, il en était un pilier. Généreux et partisan de l’unité, il a joué un grand rôle dans la vie de l’orchestre", a poursuivi Youssou Ndour.
"Nous exerçons un métier qui nécessité de la générosité et un sens du partage. Ndiouga Dieng incarnait ces qualités. L’Orchestra Baobab, comme le Star Band, est un groupe dont on doit méditer le parcours et les enseignements. Ces groupes réunissaient de grands musiciens", a-t-il ajouté.
Ndour est revenu sur les circonstances ayant conduit à une reconstitution de l’Orchestra Baobab, en 2001, après une quinzaine d’années d’arrêt, rappelant que c’est à Ndiouga Dieng qu’il en avait parlé lorsque des producteurs anglais avaient pris contact avec lui.
"Cela a réjoui tout le monde. Tous ceux qui sont musiciens, de toutes les générations, ont été ravis de ce retour. Parce que quand un groupe comme le Baobab voyage à travers le monde, c’est au nom du pays qu’il le fait. Ils sont là. Chacun de ses membres peut mener une carrière solo", a souligné Youssou Ndour, signalant la présence de camarades de groupe de Ndiouga Dieng.
Balla Sidibé, Thierno Koité, Mountaga Koité, Yakhya Fall, Charly Ndiaye, tous membres de l’Orchestra Baobab, étaient à la cérémonie de levée du corps.
Pape Malick Sy, chef religieux et ami de Ndiouga Dieng, a formulé des prières avant le départ de la dépouille mortelle pour Bargny, où l’inhumation est prévue dans l’après-midi.
Dans ses propos, il a réitéré les qualités relevées par Youssou Ndour, et insisté sur les enseignements qu’il tire des chansons de Ndiouga Dieng.
"Ndiouga Dieng était un poète, qui instruisait ceux qui écoutaient ses chansons. J’écoutais profondément ce qu’il chantait, parce que j’aime beaucoup la musique. J’en écoute beaucoup, parce que tu en tires des enseignements", a-t-il indiqué, rappelant qu’il connaissait Ndiouga Dieng depuis 1970.