Malick Gakou a dénoncé hier, lundi 7 novembre, la gouvernance économique et sociale du Sénégal sous le régime du président Sall. Lors d’une conférence de presse tenue dans les locaux de la permanence nationale de son parti, le leader du Grand parti qui a estimé à 5000 milliards de F CFA la dette publique du Sénégal, a plaidé pour un plan alternatif de redressement économique et social articulé autour de dix axes.
Moins d’une semaine après la sortie du chef de l’État déclarant en langue wolof, lors de l’inauguration de la deuxième centrale solaire du Sénégal à Malicounda, dans le département de Mbour, que «le pays est en marche, il accélère et bientôt il va décoller», Malick Gakou, leader du Grand parti, apporte la réplique.
Lors d’une conférence de presse consacrée à la situation et aux perspectives économiques et sociales du Sénégal à la permanence nationale de son parti, l’ancien numéro 2 de l’Afp a formellement contesté cette sortie du chef de l’État. Selon lui, contrairement à ce qui est dit, la situation économique du Sénégal n’est pas des meilleures. Mieux, le leader du Grand parti assure même que le Sénégal est toujours dans la zone rouge réservée aux pays «très pauvres» mais aussi «très endettés loin de l’émergence tant clamée».
Citant les données de la Direction de la dette publique (Ddp) de la Direction Générale de la Comptabilité publique et du Trésor (Dgcpt) du ministère de l’Économie, des Finances et du Plan notamment la Stratégie de dette à moyen terme (Sdmt) 2015-2018, l’ancien ministre du commerce dans le premier gouvernement de l’actuel régime déclare : «56,5% des ménages sénégalais s’estiment aujourd’hui pauvres, voire très pauvres. Trois ménages sur cinq ont peur de manquer de nourriture. 60% des ménages ont des difficultés à se procurer des aliments sains et nutritifs ; 42% mangent moins que la norme : petit déjeuner, déjeuner ou diner…».
Poursuivant son propos dans une salle remplie de journalistes et de responsables du Grand parti dont la «lionne du Ndoucoumane», Mata Sy Diallo, le leader du Grand parti a accusé le régime en place de vouloir cacher les résultats de sa mauvaise gouvernance économique et sociale du Sénégal. En effet, selon lui, en plus de l’état de pauvreté endémique dans lequel ce régime a plongé le Sénégal, le pays a atteint aujourd’hui un niveau d’endettement inquiétant qui est passé de 3 342 à 5000 milliards de F Cfa. «Le Sénégal est le seul pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) dont la dette par habitant excède 500 dollars américains.
Cette situation est d’autant plus alarmante que le taux du Sénégal dépasse de loin des pays tels que le Mali (35,2%), la Côte d’Ivoire (33%), le Burkina Faso (32%). La Côte d’ivoire, malgré sa crise, a réalisé une croissance de 10,3%, une dette de 36% du PIB comparativement au Sénégal qui fait 6,5% de croissance avec une dette de 57,3%. Le Sénégal s’endette mal, a un rythme accéléré mettant en péril l’avenir des générations futures», fustige le président du Grand parti avant d’exiger le respect du droit constitutionnel aux ressources naturelles garanti à tout Sénégalais.
GAKOU POUR UN PLAN ALTERNATIF DE DEVELOPPEMENT
Par ailleurs, tout en dénonçant la pression fiscale sur les entreprises qui ne cesse d’augmenter au point d’atteindre aujourd’hui 20,3%, dépassant ainsi la norme admise (17%), Malick Gakou a également exprimé sa vive crainte de la mainmise des entreprises étrangères sur l’économie nationale. En effet, selon lui, le secteur privé national est en dehors du système économique national contrôlé dans le domaine des infrastructures à 90% par des entreprises étrangères et 95% dans le domaine bancaire.
Plaidant le placement des sociétés privées nationales au cœur du développement économique du pays, le leader du Grand parti a saisi cette occasion pour dévoiler le plan alternatif de redressement économique et social de son parti. En effet, selon lui, le Plan Sénégal émergent (Pse) de l’actuel régime n’est pas un plan apte à mener le Sénégal vers l’émergence, encore moins vers le développement. Dénommé Programme Suxali Sénégal, cette initiative articulée autour de dix axes vise, selon lui, à «renforcer les capacités de notre économie, à créer de la richesse et améliorer le cadre de vie des populations». Il s’agit notamment de mettre le facteur humain au cœur du développement, réduire les inégalités socioéconomiques, promouvoir l’auto-emploi, promouvoir l’entreprenariat féminin et l’autonomie des femmes, promouvoir un développement inclusif des PME dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant avec le secteur privé. Mais, aussi d’instaurer une véritable agriculture moderne et inclusive, et tout autant de résoudre le déficit énergétique, développer et équilibrer les territoires ruraux et urbains, renforcer la gouvernance politique et institutionnelle, faire du Sénégal, un nouveau pays industrialisé (Npi).