La vente de friperie (vieux habits, linge usagé, appareils électro ménagers, chaussures) est devenue chose courante dans nos villes et quartiers. Autrefois considéré comme tabou, la friperie a fini par se trouver progressivement une place au sein de la société. La cherté de la vie, les différentes charges domestiques avec la scolarité des enfants et les dépenses imprévues ont peu à peu favorisé l’expansion de l’usage friperie qui, jadis était associée à la pauvreté. Ce qui ne semble plus être le cas, surtout que la qualité du prêt à porter laisse parfois à désirer.
Considéré jadis comme appartenant aux pauvres, la friperie s’est faite une place de choix dans la société sénégalaise. Le temps où acheter la friperie était tabou semble être révolu. Ces articles vestimentaires et ménagers que l’on ne pouvait trouver que dans les marchés hebdomadaires sont devenus chose courante. En atteste la présence dans les rues de la capitale ou un peu partout à l’intérieur du pays de vendeurs installés dans les coins de rue ou circulant pour les rendre accessibles à tous. Mamadou Diop, vendeur ambulant, n’aurait jamais imaginé que cela pourrait arriver un jour. «Si on m’avait dit qu’un jour la friperie occupera une place aussi importante au sein de la société, surtout dans notre société où les gens ont toujours rejetés ce genre de vêtements, je n’y aurai pas cru», déclare Mamadou tenant un pli de vêtements à l’épaule et d’autres sur le bras droit. Il explique ce changement par le coût élevé de la vie. «La vie est chère et les gens n’ont plus la possibilité de s’offrir des vêtements de luxe comme avant. Alors qu’avec la friperie, pour le prix d’un article vestimentaire acheté dans une boutique de gamme, tu peux en obtenir plus», dit-il.
Abdoulaye, un jeune homme de teint noir, la trentaine sonnée, s’est installé devant son domicile pour profiter de cette aubaine qu’est la friperie pour lui. «Je me suis installé ici il n’y a pas longtemps», explique-t-il. Assis devant son étal composé de t-shirts, de chemises, de pantalons jeans ou kaki, de chaussures, il nous apprend qu’il se lève tôt pour travailler. «J’en profite bien et la plupart des clients sont des amis. Je me lève tôt pour aller à colobane y acheter des habits que je reviens revendre ici, et ça marche. Mais il arrive aussi que certains clients viennent juste regarder et repartir en promettant de repasser. Je ne les revois jamais pour la pluparts», dit-il en souriant.
Ousseynou est un client trouvé sur place. Selon lui, il n’était pas un adepte de la friperie, mais il a du s’adapter. «Sincèrement, la friperie n’était pas mon affaire. Mais vue la cherté de la vie, acheter un pantalon à 10 ou 15 milles FCFA, c’est du gâchis. Alors qu’avec ces 10 ou 15 milles FCFA, je peux m’offrir au moins jusqu’à 4 ou 5 pantalons sur les étals de friperies», fait-il. Marchandant un pantalon jeans de couleur bleu, il l’obtient finalement à 2000 FCFA alors que le prix de départ était de 3000 FCFA. Son vendeur du jour qui préfère rester dans l’anonymat collabore avec des amis établis à l’étranger. «Mes amis qui sont en Europe m’envoient par le biais des conteneurs divers articles vestimentaires (chaussures, pantalons, entre autres), et des appareils électro ménagers. Une fois à Dakar, je les récupère avec quelques amis. Chacun va vendre dans son coin», témoigne-t-il.
Un autre interlocuteur anonyme note aussi la propagation de la friperie sur l’ensemble du territoire comparée aux autres années. «Partout où vous allez maintenant vous trouverez un vendeur de friperies dans tous les quartiers, portant un pli de vêtements sur les épaules», souligne-t-il. Tandis que ce n’était pas le cas dans les années passées. «Dans le passé, nul ne pouvait imaginer se faire de l’argent dans ce domaine, à part ceux qui vendaient dans les marchés hebdomadaires. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas l’opinion public a favorablement évolué en faveur de la friperie», se réjouit-il.