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Lansana Gagny Sakho, Dg Office des forages ruraux (Ofor): "Il faut obligatoirement que le service de l’eau à Touba soit payé"
Publié le jeudi 3 novembre 2016  |  Sud Quotidien
Lansana
© aDakar.com par DF
Lansana Gagny Sakho, le directeur général de l`Office des forages ruraux (OFOR)




Le service de l’eau doit être «obligatoirement» rémunéré à Touba. C’est la recommandation faite par Lansana Gagny Sakho, directeur général de l’Office des forages ruraux (OFOR). Même s’il dit ne pas savoir par qui, il pense qu’il n’y a pas une autre alternative si on veut régler définitivement les problèmes de santé publique et de la qualité de l’eau qui est salée. Pour cela, il en appelle à une large concertation. Dans cette interview qu’il a accordée à Sud Quotidien, il a tout de même prêché la bonne nouvelle en annonçant qu’il n’y aura pas de problème d’approvisionnement en eau dans la capitale du mouridisme durant le Magal 2016. Lansana Gagny Sakho a également annoncé l’inauguration, le 14 décembre prochain, du système d’approvisionnement des îles du Saloum en eau potable. Mais aussi la réalisation de 281 forages sur une période de douze mois dans le cadre du programme d’urgence pour le développement communautaire (PUDC).

A quelques encablures du Magal, qu’est-ce que l’OFOR a mis en œuvre pour gérer le problème de l’eau à Touba ?

Nous avons fait ce qu’il faut, en anticipant, à travers une démarche inclusive qui a réuni la mairie de Touba et le comité d’initiative du Magal qu’on appelle Mawou Rahmati. Nous avions dès la fin du Magal 2015 commencé à travailler sur un plan d’action pour que le Magal 2016 se passe mieux en termes d’approvisionnement en eau dans toute la ville de Touba. Donc, je peux vous assurer que durant ce Magal 2016, il n’y aura pas de problème d’approvisionnement en eau dans la ville de Touba.

La qualité de l’eau à Touba pose problème. En guise de solution, vous aviez émis, l’année dernière, une idée qui avait suscité la polémique. Où en êtes-vous exactement ?

Je pense que si polémique il y a, c’est peut-être un problème de compréhension. En dehors du problème de la qualité de l’eau à Touba, il y a aussi un problème qui est très critique. Je suis d’accord. Nous travaillons pour que le pèlerinage se fasse très bien. Et je pense qu’au-delà du Magal, nous devons travailler pour que le problème de l’eau à Touba soit réglé de manière structurelle. Ce que nous faisons c’est du conjoncturel. Nous venons pendant le Magal, nous réglons les problèmes et nous partons. Ce qu’il faut, c’est travailler dans la durée pour que ceux qui vivent à Touba de façon permanente ne puissent pas avoir de problèmes d’accès à l’eau. Et nous avons déjà commencé, parce qu’aujourd’hui chaque fois qu’il y a magal, nous profitons pour régler le problème d’approvisionnement en eau de tous les quartiers périphériques de la ville. Cela veut dire que même après le magal ces gens vont avoir de l’eau. Et nous nous inscrivons dans cette dynamique pour qu’au moins l’approvisionnement, c’est-à-dire l’accès à l’eau soit réglé. L’autre problème, vous l’avez souligné, est celui de la qualité de l’eau de Touba qui est relativement salée. Je dirais même qu’elle pourrait poser des problèmes de santé publique. On ne peut pas régler ce problème en dehors d’une solution qui devrait intégrer le problème de la rémunération du service de l’eau dans la ville de Touba. Tant que ce problème n’est pas fixé, tant qu’il n’est pas réglé, nous irons toujours vers une solution qui n’est pas la bonne pour les gens qui vivent dans la ville de Touba. Naturellement, avec la spécificité de cette ville, ça devra nécessité une très large concertation. Mais je pense que tous les acteurs qui travaillent dans le domaine de l’eau à Touba, que ce soit la mairie ou Mawou Rahmati, sont conscients d’une chose, celle d’aller vers une solution à long terme. Et ne pas uniquement travailler sur le court terme. Je pense qu’il y a l’unanimité à ce niveau. Maintenant, quelle solution on devra trouver ? Il faut obligatoirement, il n’y a pas d’autre alternative, que le service de l’eau à Touba soit payé. Par l’Etat du Sénégal ? A mon avis, ce n’est pas tenable. La communauté sur place ? Par un autre système ? La solution, il n’y en a pas deux. C’est que le service de l’eau à Touba doit être payé. Mais par qui, je ne sais pas. Cela nécessite une large concertation sinon on n’arrivera jamais à régler les problèmes de santé publique.

Que faites-vous aujourd’hui au niveau national pour faciliter à toutes les communautés un accès durable à l’eau ?

Les programmes d’envergure du gouvernement du Sénégal pour cette année, c’est d’abord le PUDC dans sa phase 3 financée par le gouvernement chinois. C’est un programme de 281 forages qu’il faudrait réaliser sur une période de douze mois. On va effectivement démarrer les phases d’implantation le 1er décembre prochain. Je pense que ce programme est important à plus d’un titre. Le premier, c’est que cela correspond à des engagements que son Excellence le Président Macky Sall avait pris avant d’être nommé chef de l’Etat. Il avait fait le tour du pays et avait vu les énormes problèmes d’accès à l’eau des populations. Ce programme que nous allons bientôt démarrer, nous devrons le terminer sur une période de douze mois. Quand ce programme sera fini, il n’y aura plus de problème de production d’eau dans le monde rural. Maintenant, il faudra passer à une autre phase, mais ça va être une avancée très significative par rapport aux valeurs de références que nous avions. Quand vous prenez la ville religieuse de Médina Gounass, il y avait des forages qui n’arrivaient pas à satisfaire la demande. Aujourd’hui, l’Etat du Sénégal, à travers des partenaires techniques et financiers, a trouvé les moyens pour y mettre une unité de potabilisation, de prendre l’eau du fleuve Gambie pour la traiter et la donner aux populations. Je pense que c’est une avancée significative. Il y a aussi le programme très important des îles de la Casamance. C’est un autre programme du ministère de l’hydraulique et de l’assainissement qui va définitivement régler les problèmes d’approvisionnement en eau de ces îles de la Casamance. Ce programme inclut aussi Kafountine, Cap Skirring et Loudia Wolof. Un autre programme aussi important est celui des îles du Sine Saloum financé par la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA). Nous allons au 14 décembre prochain permettre déjà aux îles du Sine Saloum, qui avaient de l’eau saumâtre, d’arriver à avoir de l’eau potable avec le programme du BADEA qu’on va inaugurer le 14 décembre. Ce sont tous des programmes très ambitieux.

Qu’est-ce qui est exactement prévu pour les îles du Saloum dont la plupart font plusieurs kilomètres à pirogue pour se procurer de l’eau potable ?

Le 14 décembre Bassoul va commencer à avoir de l’eau potable. Et nous allons montrer qu’il y a des choses excellentes dans ce pays sous la gouvernance du Président de la République, Macky Sall. Bassoul aura de l’eau potable le 14 décembre. Les travaux sont pratiquement finis et on va inaugurer l’unité à la date indiquée. Ce n’est pas Bassoul seulement, c’est l’ensemble de ces îles du Sine Saloum. Donc, il y a un ensemble de programmes qui existent et qui vont nous permettre de régler définitivement les problèmes d’accès à l’eau. Maintenant l’autre phase comme je dis, c’est d’aller dans les extensions des réseaux. Il faut surtout aller dans la professionnalisation de la gestion des ouvrages hydrauliques. Et je pense sérieusement qu’à l’horizon 2018, on ne devrait plus parler de problèmes d’accès à l’eau potable dans le milieu rural au Sénégal.

Il y a eu récemment un problème technique au niveau de Palmarin avec un tuyau éclaté qui a perturbé le réseau. Qu’est-ce qui s’était réellement passé ?

D’abord Palmarin, ce n’est pas l’OFOR. Palmarin, c’est ce que nous faisons de mieux. Nous avons à Palmarin, ce qu’on appelle un délégataire de service public qui gère ce secteur. Le problème a été réglé en 48 h. Cela montre la pertinence de mettre en place un délégataire de service public. Vous avez Touba Moutoufa, vous avez Malicounda avec des forages qui sont à l’arrêt depuis décembre parce que simplement la gestion pose problème de façon globale avec ce qu’on appelle les ASUFOR. Mais nous allons visiter Touba Moutoufa, ça va être réglé avant la fin du mois de novembre. Nous allons commencer à trouver des solutions. Mais pour montrer la pertinence, on avait un problème qu’un privé a réglé en 48 h. On avait une gestion communautaire qui a pratiquement pendant près d’une année fait des balbutiements parce que la capacité technique n’existe pas. C’est dans ces changements de fond, dans ces changements structurels que le gouvernement du Sénégal s’est engagé. Et la réforme que nous avons au Sénégal, c’est la première en Afrique, par son ampleur. Il n’a jamais été fait en Afrique. Je pense que le Sénégal a toujours été leader dans ce domaine. On dit souvent que nous rangeons nos dossiers dans nos tiroirs, mais je ne pense pas que ce soit le cas pour l’hydraulique rurale.

Le Sénégal s’était doté de plusieurs forages dont beaucoup sont tombés en pannes par la suite. Quel est l’état du parc national des forages ?

Nous avons un peu plus de 1600 forages au Sénégal. Ce qui pose problème, vous avez raison, ce sont les pannes récurrentes, mais c’est surtout le défaut d’entretien. C’est parce que nous n’avons pas un système d’entretien pertinent que vous avez une dégradation accélérée des ouvrages. Et justement, on va essayer de tourner la page avec tout cela. Je pense qu’on a un taux de disponibilité de forages de plus de 90 %. Cela veut dire si vous avez 100 forages, vous avez les 90 qui fonctionnent. Et ce n’est pas bon. Ce qu’il faut, c’est que l’ensemble des forages puissent fonctionner de façon continue. Ce que nous n’avons pas encore atteint à cause de la méthode de gestion. Il faut donc forcément qu’on implique le privé. L’hydraulique rurale, ce n’est pas seulement la quantité de fonctionnement. La démarche a toujours été de donner de l’eau aux populations. Mais il faut qu’on aille dans une logique de leur donner de l’eau potable ! Et je pense qu’à ce niveau, il y a beaucoup d’efforts que nous devons faire. Aujourd’hui, la référence, on ne parle plus d’OMD avec taux d’accès, mais on parle des ODD qui sont très spécifiques. C’est la qualité de l’eau. Mais surtout l’absence de pénibilité pour les femmes qui marchent tous les jours dix à quinze kilomètres pour aller chercher de l’eau. Ces images de la femme qui marche dix à quinze kilomètres pour aller chercher de l’eau, avec sa bassine sur sa tête, doivent disparaître de notre univers. Et c’est possible. C’est pour ça que la vision de l’Office des forages ruraux (OFOR), c’est un foyer, un point d’eau potable. Nous devons rapprocher les populations des points d’eau pour arriver à gagner cette bataille de l’hydraulique rurale. Nous sommes sur la bonne voie et je reste persuadé que nous y arriverons.

Quelles sont vos difficultés pour gérer le parc des forages ruraux existants ?

Difficultés ? Je ne dirai pas que nous en avons. Je dirai que nous avons plutôt des opportunités pour montrer qu’il est possible de faire autrement. Je ne pense pas qu’on a des difficultés. Nous avons des opportunités pour montrer que l’administration publique peut être performante. Nous avons également des opportunités pour accompagner, pour assister le gouvernement pour que des filières comme l’agriculture et l’élevage puissent être des filières productives et rentables par les populations. Par contre, nous avons des points à améliorer. Je pense que c’est la communication. La démarche doit être beaucoup plus inclusive parce que quand on met en place des réformes, on a systématiquement des résistances. C’est quelque chose qui est normale. C’est dans l’ordre des choses. Et notre travail, c’est d’arriver à les surmonter, d’arriver à discuter avec tout le monde, à impliquer toutes les parties prenantes pour lever toutes ces contraintes. Je ne pense pas que nous avons des difficultés particulières. Nous avons plutôt plusieurs opportunités.
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