Malgré un fléchissement de la croissance économique mondiale passant de 3,1% cette année à 3,4% l’année prochaine, quatre pays subsahariens que sont le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, le Kenya, et l’Ethiopie gardent une bonne dynamique de croissance économique. C’est le principal enseignement d’une revue d’octobre du Fonds monétaire international (Fmi), intitulée: «Perspectives économiques régionales: Une croissance à plusieurs vitesse». Boileau Loko, représentant résident du Fmi au Sénégal l’a porté à la connaissance du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes).
Dans une nouvelle revue d’octobre 2016 intitulée «Perspectives économiques régionales: Une croissance à plusieurs vitesses», officielle le 25 octobre dernier et présentée hier, jeudi 27 octobre, au Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes), Boileau Loko, représentant résident du Fmi et par ailleurs chef de mission de l’Union économique monétaire ouest africaine (Uemoa) demande tout simplement à l’Etat sénégalais de retrousser ses manches de façon à avoir une «bonne discipline d’endettement; de réduire le doublon d’agences; de recouvrer toute la fiscalité possible dans le secteur formel; de restructurer les entreprises publiques en difficultés; de faire un bon ciblage dans les allocations budgétaires; d’évaluer l’efficience des conventions signées et de poursuivre les réformes engagées» entre autres pour soutenir la bonne dynamique de croissance économique. Ceci aux fins de porter pendant longtemps la dynamique de croissance économique. Au compte de l’Afrique subsaharienne, malgré un environnement globalement défavorable, des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Kenya, et l’Ethiopie leur dynamique de croissance se poursuit sans faiblir. Ce, en dépit d’un environnement globalement défavorable qui projette un ralentissement de la croissance mondiale de 3,1% cette année avant de se relancer à 3,4% l’année prochaine. Pour le Sénégal, le cadre macroéconomique reste bon. Ce qui lui vaut respect auprès des financiers.
Bonne réputation sur le marché financier
Bien que crédible sur le marché financier international du fait de ses créances (réserves), deuxième pays de l’Uemoa derrière la Côte d’Ivoire avec un différentiel de 50 points (6 et 6,5), le Sénégal ne doit nullement s’adonner à un endettement inopportun et irrationnel sous prétexte d’avoir une marge de manœuvre en termes d’endettement administrable jusqu’à plus de 70% selon les dernières mesures de l’Uemoa. Au contraire, conseille l’expert du Fmi: «Le Sénégal doit avoir une bonne maîtrise du taux d’emprunt. Parce que sur le marché financier plus les réserves sont importantes, mieux le taux d’emprunt est faible. Donc, le Sénégal disposant d’une bonne cotation sur le marché international doit systématiquement avoir une bonne politique d’emprunt (endettement). Présentement tous les financiers lui court après, parce que crédible. Mais attention, alerte l’économiste! Car, un lourd endettement entraîne souvent un déficit budgétaire. Donc un rétrécissement de la croissance économique aux conséquences incalculables en termes de revenus», a-t-il expliqué.
A cela, poursuit-il «la rationalisation des dépenses publiques», notamment la diminution des agences.
Le doublon d’agences budgétivores et inutiles
M. Loko de souligner la pertinence de l’initiative du président de la République Macky Sall alors fraîchement élu qui s’était résolument engagé à réduire le pléthore d’agences nationales. Pour lui: «Il y a encore du travail à faire à ce niveau. Nous avons des agences créées et qui sont inefficientes. Ce sont des doublons. Nous estimons que pour la soutenabilité de la croissance sur une longue période, l’Etat doit supprimer ces doublons et ainsi contribuer à la rationalisation des dépenses fiscales», a-t-il préconisé.
Plus de 100 milliards à recouvrer dans le secteur formel
S’agissant du recouvrement fiscal, l’économiste s’en désole en ces termes: «Dans ce pays, il y a plus de gens aisés qui ne s’acquittent pas de leurs fiscalités (impôts) que de gens pauvres. Donc, injustice fiscale! Parce qu’ils estiment n’avoir pas à payer d’impôts sous prétexte que leurs enfants et femme (s) sont à l’extérieur. Mais, ils oublient qu’ils empruntent les routes et autres construites à partir de ces recettes fiscales. D’où l’importance de dénicher tous ceux-là qui tuent l’économie (Etat). En somme, excepté quelques plus de 300 milliards de francs CFA d’épongement fiscal l’Etat peut et doit tirer plus de 100 milliards de francs CFA sur le secteur formel. C’est juste une question d’engagement. Ce qui contribuerait à la baisse drastique du taux d’endettement», a-t-il orienté.
Restructuration d’entreprises publiques
Il poursuit: «Avec cet argent, l’Etat pourra restructurer les entreprises publiques en difficultés, qui ont énormément besoin de cet appui et par ricochet, absorber un nombre de jeunes en quête d’emploi. Il sera également possible avec cet argent de construire des hôpitaux, des universités, des routes, bref soutenir les leviers d’un développement harmonieux et durable», soutient-il.
Mauvais ciblage pour les allocations budgétaires
«L’initiative est géniale, mais l’orientation fait défaut. Parce qu’il y a un mauvais ciblage concernant les subventions. Aucune étude sérieuse pour déceler les ayants droit. Pour preuve, la couverture maladie universelle au Sénégal. Cette politique sociale est bonne, mais elle doit être cohérente par rapport à ses objectifs. Et pour ce faire, il faut des mécanismes de surveillance», a-t-il dit.
Efficience des conventions
Parlant de ces conventions signées tous azimuts M. Loko laisse entendre que «Beaucoup de conventions sont signées, mais il faut souvent passer en revue ces conventions pour mesurer leurs efficiences. Si non se sont des ressources qui distribuées sans impacts réels. Je ne dis pas qu’elles sont toutes inefficientes. Mais, en tout état de cause, il urge de les passer en revue avant de les renouveler». Une réalité, décriée depuis longtemps par certains sachant. Parce qu’en définitive c’est l’Etat qui paie les charges d’ébergement et autres au compte d’inefficience.
«Tout compte fait, le Sénégal reste un bon élève.
Nonobstant, il doit poursuivre toutes réformes engagées pour rendre le cadre attractif. Ce, en mettant en place les bonnes conditions de création et de développement des petites et moyennes entreprises (Pme). Car, en définitive, ce sont elles qui deviendront de grandes entreprises avec un grand nombre d’emplois», prévient-t-il.