Il n’y a pas de sot métier, comme le dit l’adage. Ils sont très nombreux, ces jeunes qui vivent du métier de rabatteur, plus connu chez nous sous l’appellation de «coxeurs». Ces derniers parviennent, tant bien que mal, à joindre les deux bouts et à nourir leurs familles avec ces pièges collectées au passage des cars rapides et de “Ndiaga Ndiaye”
En ce début d’après-midi, le soleil est certes au zénith, mais les rayons solaires ne sont pas du tout ardents. Le temps est peu clément. Personne ne pouvait s’en plaindre, même ceux exposés au soleil. Les activités se mènent dans une bonne ambiance. Au rond-point du Jet d’Eau, à l’arrêt des cars «ndiaga-ndiaye» et taxis à destination de la banlieue, notamment Pikine, le ronronnement des moteurs, les va-et-vient et hurlements des personnes chargées de trouver ou orienter des clients (passagers) vers ces véhicules témoignent de l’intensité de l’activité lucrative. Quid des rotations de véhicules, surtout des cars rapides et taxis défilant dans tous les sens. Parmi ces individus qui s’activent à «remplir» ces véhicules, en plus des apprentis-chauffeurs, des rabatteurs, communément appelés «coxeurs».
Sur les lieux, un coxeur est à l’angle de l’arrêt-cars. Modou Diouf, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un coxeur aux aguets d’un car qui va incessamment pointer. Ce garçon à la taille moyenne, vêtue de chemise bleue et d’un pantalon kaki n’impressionne pas à première vue. Pourtant, ce coxeur «parfait» est bien dans sa peau de travailleur digne de ce nom. «J’ai duré ici, bientôt je vais avoir 5 ans, je crois. Je me fais de l’argent selon que les véhicules stationnent, embarquent et partent. C’est des pièces de 100 F Cfa et 50 F Cfa qu’on me donne , mais qui constituent une bonne recette une fois totalisées en fin de journée», argue-t-il. De quoi procurer à Modou Diouf un gain quotidien qui avoisine 2500 F Cfa par jour ou plus. C’est selon les journées.
Le métier de “coxeur” nourrit son homme. Ses adeptes sont des bonhommes d’affaires qui jalonnent les arrêts des grandes artères empruntées par les véhicules de transport en commun urbain de Dakar. Ousseynou Mbodj, n’est pas un chauffeur encore moins un apprenti-chauffeur. Et il aime jouer les exceptions, glisse-t-il. Le coxeur aux dents longues, par endroit chocolatées, est un intrus qui veut se frayer une place dans ce métier connexe du secteur du transport. Agé de 44 ans, il se confie: «je suis là depuis quatre ans, je gagne bien ma vie, Dieu merci. Nous ne voulons vivre qu’à la sueur de notre front. Il est vrai qu’il y a des gens qui croient qu’on ne veut pas travailler, qu’on aime la facilité, ce n’est pas exact», déclare-t-il.
Ils sont, pour la plupart, de jeunes gens, d’honnêtes garçons décidés à «vivre à la sueur de leur front». Au «couloir de la mort» de l’Université Cheikh Anta Diop (nom donné à la rue principale qui relie l’avenue Cheikh Anta Diop aux facultés de cette université) ces coxeurs règnent en maîtres de la circulation dont ils tirent profit. Demba Ndour, 38 ans,déclare: «Je suis là depuis 4 ans et, chaque jour que Dieu fait, je viens travailler». Casquette bien vissée sur la tête, avec des lunettes de soleil qui cachent ses yeux, habillé d’une chemise longue manche tricolore et d’un pantalon jean noir, il fait son nid. Et, il parvient à joindre les deux bouts grâce à son métier. «Je ne me plains pas vraiment», soutient-il. Mieux, «je nourris ma famille composée de ma femme et de mes 3 enfants avec ce que je gagne ici», confie-t-il.
Ils sont soit des d’anciens apprentis au chômage, déterminés à jouer franc jeu ou des gens qui y sont en attendant de trouver mieux. Pour mettre la barre très haut, le coxeur particulier lance: «j’aide beaucoup de personnes avec mes maigres recettes qui peuvent avoisiner les 4500 F Cfa la journée» précise-t-il. Arrachant à M. Ndour un large sourire qui met en valeur ses dents. «foy dieum, Dakar ? Yégal fii» (Vous allez où, à Dakar ? Montez ici»), lance M.Ndour à cette femme qui paraissait dans l’embarras du choix entre deux cars rapides dont les apprentis sont aux aguets du premier client.