Trois agents de la Société générale de banques au Sénégal (SGBS), en service à l’agence de Cambérène, ont été condamnés hier par le tribunal correctionnel de Dakar. Le trio est accusé d’avoir fait des ponctions dans les comptes des Grands moulins de Dakar de Jean Claude Mimran et du Crédit mutuel du Sénégal (CMS).
Après plusieurs prorogations, le tribunal correctionnel de Dakar a finalement vidé hier l’affaire de détournement survenue en août 2013 à l’agence Cambérène de la Société générale de banques du Sénégal (SGBS). Dans son délibéré, le tribunal a déclaré le chef d’agence Alioune Ndiaye, le chef de guichet Toumani Diatta et la caissière Maguette Mimi Dièye coupable d’abus de confiance et d’accès frauduleux à des comptes. Pour la répression, le chef d’agence a écopé de 2 ans ferme, tandis que le chef de guichet et la caissière ont écopé respectivement de 6 mois assortis du sursis et 6 mois ferme. En plus, ils doivent payer des dommages et intérêts de 160 millions F Cfa.
Les prévenus ont en effet puisé la somme de 158 millions F CFA des comptes du Crédit mutuel du Sénégal (CMS) et 64 millions F CFA dans celui des Grands moulins de Dakar appartenant à Jean Claude Mimran. Pour le dernier cas, les prélèvements ont eu lieu dans un intervalle de 9 jours. Le 17 août 2013, 47 millions ont été prélevés. Puis 17 millions, le 26 août. C’est à la suite de ce second retrait que le pot aux roses a été découvert par Mimran qui s’est plaint auprès des autorités de la banque. Celles-ci ont, à leur tour, porté plainte, le 3 septembre de la même année, contre un certain Pape Aly Cissé qui aurait fait les deux opérations.
Les investigations ont montré que les paiements ont été effectués par la caissière Maguette Dièye. Or, il se trouve qu’elle n’a pas le droit d’effectuer une opération dont le montant dépasse 5 millions F CFA. C’est la raison pour laquelle elle a été arrêtée, ainsi que le chef de guichet et le chef d’agence. Libéré, après six mois de détention préventive, le trio s’est expliqué sur les faits en se renvoyant la balle. Entendue la première, l’ex-caissière a reconnu avoir failli, en payant un chèque de guichet à une personne physique.
Elle a ajouté que c’était une pratique autorisée par le chef d’agence qui ensuite procédait à la régulation. Sur la mise à la disposition de 80 millions dans sa caisse, alors que celle-ci doit avoir un approvisionnement de 3 à 5 millions, elle l’a imputé à Toumany Diatta. ‘’Il m’a approvisionnée à hauteur de 80 millions et il n’y avait pas de bordereaux’’, a soutenu Mme Dièye. Selon ses déclarations, M. Diatta avait l’habitude d’alimenter sa caisse avec de fortes sommes, sans l’aviser.
Ce dernier a reconnu qu’il le faisait, lorsqu’il devait s’absenter pour permettre à la caissière de payer les chèques, au cas où la caisse principale ne fonctionnait pas. Par ailleurs, le chef de guichet avait reconnu avoir imité la signature du responsable du ‘’gabsite’’ pour retirer de l’argent. A ce jeu, il dit avoir versé à l’ex-chef d’agence, la somme globale de 90 millions F CFA. Mais Alioune Ndiaye a contesté avoir reçu un tel montant et les détournements allégués par son coprévenu. L’ex-chef d’agence a réfuté avoir autorisé à l’ex-caissière de procéder à des paiements sans son visa.
Le conseil de la banque avait réclamé la somme globale de 250 millions F CFA. A sa suite, le représentant du parquet avait requis une peine de trois ans ferme contre tous les prévenus. La défense avait plaidé la relaxe, mais le tribunal ne l’a pas suivie. C’est pourquoi Me Moustapha Dieng, qui considère que sa cliente Mme Dièye est une ‘’pale lampiste’’ dans cette affaire, a décidé de faire appel.