Lors de l’Assemblée des Etats parties du Statut de Rome prévue du 16 au 24 novembre à La Haye, Me Sidiki Kaba espère de l’Afrique du Sud et du Burundi qu’ils reviennent sur leur décision de quitter la Cour pénale internationale. Le ministre de la Justice entend s’y employer par un dialogue.
Considérée comme une juridiction à la traque des ressortissants africains, la Cour pénale internationale (Cpi) est sur le point de perdre l’Afrique du Sud et le Burundi. Un «acte de souveraineté» que «regrette» le président de l’Assemblée des Etats parties du Statut de Rome. Me Sidiki Kaba qui animait hier une conférence de presse a appelé les deux pays africains à donner une chance au dialogue. «Aux Etats qui ont exprimé la volonté de partir, il y a une plage de discussion possible, de dialogue pour essayer de mettre sur la table les raisons qui ont fondé la volonté de départ, c’est-à-dire de lutter contre l’impunité», a déclaré le ministre sénégalais de la Justice qui espère la réalisation de son vœu pieu dans le cadre de la prochaine session de l’Assemblée des Etats parties au Statut de Rome prévue du 16 au 24 novembre à La Haye. Rappelant que le retrait de ces pays ne devra être effectif qu’un an après leur dépôt, Me Kaba juge important que «des initiatives fortes soient engagées aussi bien par des Etats africains que par la communauté internationale pour trouver une issue heureuse à cette situation».
En réalité, un certain nombre de chefs d’Etat africains ne cachent pas leur hostilité à la Cpi, véhiculant l’idée d’une justice à deux vitesses et d’une juridiction qui se contenterait de juger les Africains. D’ailleurs, faut-il le rappeler, neuf des dix enquêtes en cours, à l’exception d’une affaire de la Géorgie, concernent le continent africain. «On ne peut pas balayer d’un revers de main les appréhensions, les critiques voire les récriminations des pays africains», reconnaît M. Kaba. Le président de l’Assemblée des Etats parties du Statut de Rome s’empresse cependant de préciser : «La Cpi n’est pas contre l’Afrique. C’est une juridiction d’ultime recours qui est complémentaire des juridictions nationales. Elle est subsidiaire de celles-ci. Si chaque Etat jugeait les crimes énoncés, la Cpi serait moins sollicitée et aurait moins de travail. Ainsi, l’Afrique jugerait les Africains sur le continent.»
Quoi qu’il en soit, la Cpi, forte de 34 pays africains parmi ses 124 membres, semble diviser le continent. En février 2014 à Addis-Abeba, l’Union africaine avait promulgué un texte encourageant les pays africains à quitter la Cpi. Un texte qui était voté à l’instigation du Président kényan Uhuru Kenyatta, un temps poursuivi par la Cpi avant que les charges ne soient abandonnées en 2012.
En plus, les détracteurs de cette Cour ne comprennent pas l’absence de certains grands Etats à la Cpi. Il s’agit des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine ou de l’Israël. Cette donne n’affecte-t-elle pas la crédibilité de cette juridiction ? «Je ne le pense pas», objecte Me Sidiki Kaba. Toutefois, nuance-t-il, «on aimerait voir que les poursuites de la Cpi soient étendues à d’autres pays pour montrer que l’Afrique n’est pas la seule zone géographique dont les ressortissants sont poursuivis».