La tension a atteint son paroxysme hier à Saint-Louis dans le quartier des pêcheurs de Guet-Ndar. Les populations qui voulaient s’opposer à la destruction de deux mosquées implantées sur la berge du fleuve Sénégal y ont affronté la police pendant presque 6 tours d’horloge.
Tout était pourtant mis au point par la police pour que l’opération de destruction de ces deux édifices initiée par la commune dans le cadre du désencombrement de la berge se fasse dans les meilleures conditions. Les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) avaient en effet été positionnés dès l’aube sur les points stratégiques du quartier et aux alentours des mosquées ciblées. Fortement armés, ces éléments de la force publique avaient réussi à sécuriser le théâtre des opérations. Mais des problèmes de coordination entre l’équipe de la mairie, chargée de diriger les opérations, et une entreprise dakaroise engagée pour exécuter les travaux ont fait que les opérations ont tardé à démarrer.
Le chauffeur du Caterpillar refuse de démolir une seule brique
Profitant de cette désorganisation, une partie des populations à voulu montrer sa désapprobation par des jets de pierres et s’approcher. La réaction de la police a été spontanée avec des jets de grenades lacrymogènes pour rétablir l’ordre. Pour contourner ces difficultés de dernière minute, la mairie a déplacé un Caterpillar escorté par la police jusque devant la première mosquée. Mais elle n’était pas au bout de ses peines, car là aussi c’est à un coup de théâtre qu’on a assisté : le chauffeur a refusé catégoriquement de démolir une seule brique, invoquant un cas de conscience. Malgré les assurances de la police pour assurer sa sécurité, le chauffeur restera campé sur sa position.
Un deuxième chauffeur appelé pour le suppléer refusera, lui aussi, de s’exécuter. La mairie, toujours à la recherche de solution, fait appel à un autre véhicule, mais là aussi le chauffeur eut la même attitude que ses prédécesseurs. Entre-temps, un véhicule plus adapté à ce genre de situation acheminé par la société engagée pour exécuter les travaux n’a pu se rendre sur les lieux à cause de son gabarit qui ne lui permettait pas de traverser le pont Faidherbe.
Profitant de ce moment d’hésitation, les populations ont réussi à s’approcher, même si la police avait toujours la maîtrise de la situation. Face à cette situation difficile à gérer, la police a fini par recevoir l’ordre de se retirer. Un retrait rendu difficile par l’agitation des populations qui n’ont pas voulu obtempérer. Les Forces de l’ordre seront d’ailleurs obligées de continuer leurs opérations à l’entrée du pont Moustaphe Malick Gaye reliant Guet-Ndar et l’île et aux environs du marché de Ndar Toute, car les jeunes Guet-Ndariens continuaient à manifester.
Il y a quelques semaines la mairie de Saint-Louis avait engagé des opérations de désencombrement de la berge de Guet-Ndar en vue du démarrage prochain des travaux liés au programme de développement touristique de Saint-Louis d’un coût de 17 milliards de francs, mais une partie des populations s’était opposée à la destruction des deux mosquées implantées sur cette berge. A deux reprises, la municipalité a buté sur l’opposition de ces dernières avant que les opérations ne soient suspendues sur ordre du premier magistrat de la ville Mansour Faye. Cette fois-ci, l’équipe municipale semble cependant décidée à aller jusqu’au bout de sa logique. Seulement, cela nécessite une certaine diligence, car toutes les activités économiques liées à la pêche, poumon économique de la ville, ont été suspendues et les écoles élémentaires du quartier fermées toute la journée. Une situation qui a porté un lourd préjudice à la communauté et qui risque de se répéter.