C’est une nouvelle bataille qui démarre entre les autorités municipales de la ville de Rufisque et les commerçants du marché central. Après les opérations de déguerpissement, le nouveau contentieux porte sur le foncier du marché central. En effet, les derniers nommés soupçonnent les autorités de vouloir vendre leur lieu de travail à des promoteurs chinois. Lors d’un point de presse, ils ont signifié leur «niet». Cela pendant que du côté des autorités municipales, l’on signale une mauvaise compréhension des choses par les acteurs du marché.
Crainte et inquiétude, sont les sentiments les plus partagés par les commerçants et marchands du marché central de Rufisque. Cela, selon ces derniers, suite au projet de la cessation du foncier du marché à des promoteurs immobiliers chinois, par les autorités municipales. C’est ce qui a motivé, d’ailleurs, leur point de presse, dite d’alerte, tenu le vendredi dernier. À en croire leur président, les responsables de la mairie sont en train de faire des consultations parce que, disent-ils, le projet prend forme. «Le maire de Rufisque Est, Boubacar Albe Ndoye, accompagné du promoteur, est venu rencontrer les commerçants pour les informer d’un projet de 28 milliards de F Cfa pour la construction de tours au niveau du marché central», renseigne Moussa Dia.
Une situation pas rassurante pour les acteurs du marché central. Car, fait remarquer toujours le responsable de l’Unacois/Jappo, «nous risquons d’être déguerpis, jetés dehors parce qu’ils n’ont pas de site où nous recaser. Nous ne sommes pas d’accord sur ce projet qui ne répond ni aux intérêts des commerçants ni à ceux des populations». Pis, s’offusque le porte-parole des commerçants du marché central de Rufisque, «imaginer 36 mois (durée des travaux) sans marché au niveau de Rufisque. Comment les populations vont vivre cela ?»
Aujourd’hui, les commerçants affirment que leurs craintes, exprimées lors des opérations de déguerpissements se sont confirmées. «On disait qu’il y avait bien quelque chose qui se cachait derrière les opérations de déguerpissement. Et cette cession du foncier du marché central, vient le confirmer. Nous avions des doutes depuis le déguerpissement. Mais aujourd’hui, on est certain que leur volonté était de vendre le foncier du marché», révèle Moussa Dia. Tout en dénonçant une forfaiture entourée de nébuleux. Car, persiste-t-il, «le maire a avancé la somme de 25 milliards de F Cfa alors que le promoteur a évoqué 28 milliards».
LA MAIRIE SEXPLIQUE : «RUFISQUE NE DOIT PAS RATER ÇA»
Du côté de la mairie, l’on signale que la vraie information a été dévoyée. Selon Boubacar Albe Ndoye, maire de Rufisque Est, premier adjoint au maire de la ville, la démarche des commerçants est incompréhensible. «La seule chose que nous faisons dans ce projet, c’est de mettre à disposition ces titres fonciers pour ériger ces infrastructures», a assure-t-il. Mieux, fait comprendre le maire de Rufisque Est, sa commune a donné trois titres et la ville aussi en a fait de même afin de mettre en œuvre ce projet qui va se réaliser en partenariat avec un privé chinois. Ce qui lui fait dire: «Rufisque ne doit pas rater ça».
Du coup, révèle-t-il, des discussions ont eu lieu avec quelques commerçants pour leur faire comprendre l’importance de ce projet. Le but visé, selon lui, c’est de «positionner Rufisque parmi les pôles les plus attractifs du pays». Il tient aussi à rassurer la population et les commerçants: «on ne va priver personne de son emploi. Ce qu’on va faire, c’est les déplacer dans un autre endroit aménagé pour qu’ils puissent continuer leur commerce», dit-il. Avant d’ajouter: «nous leur avons dit que ce projet est étalé sur 36 mois, pour travailler étape par étape. Si nous déplaçons des gens, nous allons les mettre dans des conditions de travail non loin de ce marché. Et, quand un bâtiment est terminé, ils pourront le rejoindre».
Le maire de Rufisque Est fait savoir que trois plateformes seront érigées et l’une appartiendra à la mairie. Et, affirme-t-il, «ce bâtiment sera donné en location aux commerçants du marché à un prix très abordable. Ce bâtiment qui appartient à la commune sera construit en premier pour les y loger».