Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Procès du maire de Mermoz-Sacré Coeur : L’immunité de Barth’ désarme le juge
Publié le samedi 22 octobre 2016  |  Le Quotidien
Référendum
© aDakar.com par MC
Référendum - Le maire de Mermoz Sacré-Coeur a voté
Dakar, le 20 mars 2016 - Les opérations de vote suivent leur cours dans le centre de vote de l`école Mass Massaër Niane 1 des Baobabs. Le maire de Mermoz Sacré-Coeur, Barthélémy Dias y a accompli son devoir civique. Photo: Barthélémy Dias, maire de Mermoz Sacré-Coeur




Le maire de Mermoz-Sacré Cœur ne sera pas de sitôt édifié sur son sort dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf qui l’oppose au ministère public. En raison de son immunité parlementaire qui n’est pas levée nonobstant sa démission du bureau de l’Assemblée nationale, le juge du Tribunal correctionnel a ordonné le sursis en attendant que cette question trouve une réponse.

«Nous allons ordonner le sursis en attendant la levée de l’immunité parlementaire de Bar­thélemy Dias.» C’est la décision prise hier par le juge Seck Diouf dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf qui met en cause le maire de Mermoz-Sacré Cœur et 12 de ses coprévenus. Cette décision est consécutive à la question préjudicielle soulevée par le Parquet. «Au moment des faits, Barthélemy Dias n’était pas député. Mais il est député au moment du jugement et bénéficie d’une immunité parlementaire», a fait savoir le représentant du ministère public, selon qui le jeune Socialiste ne peut pas être jugé en de pareilles circonstances.
Engoncé dans une tenue traditionnelle d’une blancheur écarlate comme s’il n’a rien à se reprocher, Barth’, comme l’appellent ses proches, qui vient de rendre sa démission du bureau de l’Assemblée nationale, s’est montré plus disposé à répondre des faits qui lui sont reprochés. «J’ai renoncé à mon humilité parlementaire. J’ai formulé la demande et j’ai adressé la lettre à qui de droit» a-t-il fait savoir devant le juge tout en exprimant sa volonté d’être jugé comme tous ses coprévenus.
Cette question préjudicielle n’a pas manqué d’alimenter les discussions devant la barre. Certains avocats de la défense partagent le même avis que le Parquet. Ils pensent que leur client ne peut pas être jugé. C’est le cas de Me El Hadji Diouf. L’avocat, doublé de sa casquette de politicien et de député, a soulevé l’article 51 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui dispose : «Aucun député ne peut être arrêté ou jugé durant la session de l’Assemblée.» A en croire Me Diouf, l’Assemblée a ouvert sa session depuis le 14 octobre dernier. Par conséquent, «même si Barthélemy Dias décide d’être jugé, le Tribunal est tenu de respecter la loi», a-t-il précisé.
D’autres avocats qui craignent que le jeune Socialiste soit isolé dans ce procès ont tenu à préciser au juge que ce dossier n’est pas en phase de poursuites, mais plutôt de jugement. Et pour cette raison, «nous refusons d’être jugés de manière isolée», préviennent-ils. Une remarque qui n’a pas laissé de marbre le ministère public. «On n’a pas parlé de jugement isolé. Le Parquet n’a jamais dit cela», recadre-t-il.

Soutien de l’opposition
Face à ce dossier qui vient d’être dépoussiéré 5 ans après que les faits ont eu lieu et qui avaient conduit à la condamnation de Dias-fils, libéré ensuite par le régime de Macky Sall, l’opposition y voit une instrumentalisation. «Nous avons une justice instrumentalisée. Ce qui se passe au Sénégal, le Peuple ne le mérité pas», a déploré El hadj Malick Gackou, président du Grand parti.
En tout cas, ce n’est pas du soutien qui faisait défaut au maire de la Sicap. Barthélemy Dias était entouré de certains ténors de l’opposition : son nouveau mentor, Kha­lifa Ababacar Sall, Mamadou La­mine Diallo, El hadj Malick Gackou, Thierno Bocoum et des jeunes Socialistes ont massivement fait le déplacement au Palais de justice qui avait refusé du monde.
Pour la circonstance, les autorités judiciaires n’ont pas lésiné sur les moyens. Ils ont déployé un important dispositif sécuritaire à l’intérieur et aux alentours du Palais de justice pour parer aux dérives.
Pour rappel, l’actuel maire de Mermoz-Sacré Cœur est poursuivi pour coups mortels, détention d’arme sans autorisation administrative et coups et blessures volontaires dans le cadre du meurtre de Ndiaga Diouf.

ILS ONT DIT… ILS ONT DIT… ILS ONT DIT…

Pape Mor Niang, avocat famille Ndiaga Diouf : «On a été vraiment surpris par cette position du Par­quet»
C’est une exception qui n’a même pas été soulevée par les avocats de Barthélémy. C’est ce qui paraît un peu bizarre. C’est l’immunité parlementaire de M. Dias. Alors qu’on sait que M. Dias a toujours soutenu qu’il veut être jugé. Il s’est présenté lui-même devant la barre. Donc, rien ne s’oppose à ce que le jugement ait lieu. On a été vraiment surpris par cette position du Parquet. Mais nous gardons notre calme et nous avons toujours confiance en la justice. Nous attendons que cette affaire soit amenée devant la barre. Nous voulons l’éclatement de la vérité. Nous allons faire les démarches pour que l’immunité parlementaire de Barth’ soit levée.

Seynabou Wade, député : «La justice doit nous permettre de renoncer à notre immunité parlemen­tai­re...»
Depuis deux ans, il a demandé à ce qu’on lève son immunité parlementaire. Il faut aussi que la justice nous permette de renoncer à notre immunité parlementaire si nous n’en voulons pas. Je pense que ce dossier doit être classé. Vous vous rappelez le contexte politique qu’il y avait en ce moment-là. Je ne parle pas de la situation actuelle, car le problème de Benno bokk yaakaar est le cadet de mes soucis. En 2011, c’était vraiment la grande bataille entre politiciens et ce qui s’est passé s’est passé. C’est regrettable parce qu’il y a eu mort d’homme, mais on doit classer ce dossier sans suite. Vous avez vu aujourd’hui, autant ils ont convoqué Barth’, ils ont convoqué aussi les gens du Pds. Et ce n’est pas la première fois qu’un homme est mort dans des échauffourées.

Mamadou Lamine Diallo, député : «Il y a des relents politiques dans cette affaire»
Je l’ai soutenu dans cette affaire-là à l’époque. Donc, je suis resté constant et cohérent. Je suis avec lui. Sur ce dossier, je suis avec lui. Et je crois que tous les démocrates devraient le faire parce que ce qui s’est passé, nous le savons, c’est une organisation visant à agresser les leaders de Benno siggil Sénégal et du M23. Donc, ce qui s’est passé s’est passé, il y a eu des aspects regrettables, mais en ce qui le concerne, nous le soutenons jusqu’au bout.
C’est clair qu’il y a des relents politiques dans cette affaire. Macky Sall ne fait que ça. Moi-même, pour avoir dit pendant la campagne électorale, en tant député, que le directeur général du Port a une ambition présidentielle, on m’a traîné en justice pour me condamner. Il faut être le régime de Macky Sall pour faire ce genre de choses. Il utilise la justice pour régler de comptes politiques. C’est inacceptable pour quelqu’un qui a signé la charte de gouvernance démocratique des Assises nationales. C’est une honte.

Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar : «On subodorerait une velléité de casser un homme politique»
Il faut se féliciter de ce que Barthélemy Dias ait eu gain de cause. Il n’a de cesse depuis cet évènement demandé à être jugé. Quand il a été député, il a demandé à être jugé. Pourquoi a-t-on attendu jusqu’à maintenant ? Cela fait cinq ans qu’il demande à être jugé. On l’a attrait devant le Tribunal pour aujourd’hui chercher à le juger en connaissant sa situation spécifique. Comment l’interpréter si on laisse libre cours à notre esprit ? On subodorerait une velléité et une volonté de casser un homme politique. Le contexte ayant changé, sa posture ayant évolué, on a voulu un peu le mettre dans une posture de faiblesse. Qui connaît l’homme sait que ce sera vain. Le combat qu’il mène est un combat de conviction, un combat pour lequel nous sommes tous là. Nous ne voulons pas que la situation de Ndiaga Diouf reste non éclaircie. Il faut qu’on le fasse dans des conditions qui soient conformes avec la loi.
Commentaires