Depuis que le groupe turc Summa Limak a repris les travaux à l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), des progrès notables sont enregistrés. La ministre du Tourisme et des Transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck, s’y est rendue hier pour évaluer l’état des travaux.
‘‘Nous espérons que l’ouverture officielle de l’aéroport devrait intervenir en décembre 2017.’’ Le pronostic de la ministre des Transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck, fait hier en marge de sa visite à l’AIBD, laisse peu de doutes sur la volonté du gouvernement à terminer cette infrastructure. Et les réalisations opérées depuis le mois de septembre passé confirme l’état d’esprit dans lequel autorités et exécutants se trouvent pour mener cette tâche à bien.
Le 12 décembre 2015, le groupe turc Summa Limak est désigné sous-traitant général, prenant la relève du géant saoudien Saudi Bin Laden Group (SBG). Ce qui a permis la levée des blocages et des travaux qui ont connu des avancées encourageantes globalement. Elles sont passées de 85 à 88% soit 3% d’évolution, depuis le 1er septembre 2016, avec un taux satisfaisant de 98% au niveau conception. Les pistes et voies de circulation sont à 91% de niveau d’exécution alors que les soumissions sont à 97%, les bâtiments à 73%, et la Tour de contrôle affiche 83%. ‘‘Tous les chantiers à l’arrêt ont redémarré. Nous avons pu voir les évolutions en termes de travaux dans les bâtiments, et les infrastructures connexes. Les délais que nous nous sommes fixés pour l’ouverture seront bien respectés. Ce qui veut dire huit mois de travaux à compter du paiement de l’acompte intervenu au début du mois de septembre. Les travaux devraient se terminer en avril prochain’’, prédit Maïmouna Ndoye Seck.
Le groupe turc Summa Limak qui a pris la relève de Saudi Bin Laden Group (SBG) a cravaché dur dans le mois écoulé après que les bailleurs ont consenti aux décaissements. ‘‘Pour ce mois uniquement (Ndlr : septembre), ils ont atteint 2% des travaux et à ce rythme, ils auront fini d’ici 6 à 7 mois’’, précise le chef de mission de la structure Studi International (chargée du suivi des travaux), Mongi Houcine. Une visite du ministre au pas de charge dans le terminal, permet de constater que l’infrastructure aéroportuaire est sur les rampes du lancement. Rien que des travaux de finitions auxquels les ouvriers s’attellent. Les panneaux signalétiques vert rouge qui pendent du haut du plafond, les 18 positions de police pour la vérification de passeport, escalator, les courroies bagages...n’attendent que la simulation d’exploitation pour pouvoir fonctionner avant l’ouverture officielle. Par contre, les bâtiments administratifs où doivent cohabiter l’Agence des aéroports du Sénégal, l’Aibd, l’Anacim, et l’exploitant turc, et le hangar pour les pèlerins, sont à des niveaux d’exécution moindre. ‘‘Nous sommes dans un nouvel élan. les nouveaux bâtisseurs ont un comportement différent de celui des anciens’’, estime le Directeur général de l’Aibd, Abdoulaye Mbodj.
Simulation d’exploitation
Mais cette fin des travaux prévue pour avril 2017 ne rime pas avec le début effectif de l’exploitation, comme le précise du reste le ministre. ‘‘La mise en service va prendre un certain temps avec les certifications et autres’’, tempère Maïmouna Seck. A titre d’exemple, une simulation d’exploitation prévue pour août-septembre de l’année prochaine par la calibration des équipements. Pour ce faire, l’Asecna doit finir les installations techniques avant de procéder à la réservation de l’avion pour le flight check, fait savoir le contrôleur en chef de Studi International, Mongi Houcine.
Une interpellation à laquelle l’Asecna dit pouvoir être en mesure de répondre si une date est calée à l’avance pour la réservation de l’appareil. ‘‘Pour la calibration des équipements de navigation, il faut une date exacte et précise pour l’avion car il est très sollicité. Il ne peut pas y avoir d’approximations possibles sur le jour’’, déclare le représentant de la structure. Les autres activités annexes comme l’élaboration de procédures, le recrutement et la formation de personnel, les contrats aéronautiques, les transferts d’activités techniques, commerciales et opérationnelles, la finition des bâtiments hors scope (brigade batteries et Etat-major, brigade cynophile, fret, salon Vip) font que l’estimation la plus raisonnable porte l’inauguration officielle en décembre 2017.
Libération des emprises
Malgré tous ces bonds en avant, les réticences subsistent quant à l’occupation foncière et tous les désagréments qu’elle implique. Le gouverneur de Thiès, Amadou Sy, qui espère que ‘‘AIBD ne va pas avoir les problèmes de l’aéroport de Dakar avant même sa naissance’’, de dénoncer la spéculation qui ‘‘a cannibalisé les alentours de l’aéroport’’. L’Administrateur civil s’en offusque d’autant plus qu’elle s’organise avec des individus déjà indemnisés qui ont procédé au bornage de quelques terrains déguerpis. La commission environnementale et sociale n’en subit pas moins.
Malgré le paiement effectif de 355 millions d’impenses agricoles en 2015 à trois villages impactés par le projet (Kessoukhate, Kathialite et Mbadate), les difficultés subsistent. Au sud de l’aéroport, à Diass, le recensement des occupations à l’intérieur du domaine, prévu dans un mois, démontre que le foncier demeure toujours une question sensible. D’ailleurs le ministre a invité l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) à réviser le décret pour la servitude autour de l’aéroport en y intégrant les perspectives d’extension.
En dehors du problème foncier, le contrôleur en chef Mongi Houcine déclare qu’il est impératif que les décaissements des bailleurs se fassent à temps pour éviter les précédents avec SBG puisque les exécutants arrêtent après 14 jours de travail s’ils ne perçoivent pas leurs paiements. L’eau, internet, et le téléphone sont aussi exigés dans les opérations.
Hub sous-régional : ‘‘pas de comparaisons possible’’
La connexion imminente de l’autoroute à péage à AIBD est une bonne nouvelle pour les autorités qui envisagent l’ouverture de cet aéroport avec plus de perspectives. La volonté de faire de la capitale sénégalaise un hub naturel qui coïncide avec l’inauguration d’autres aéroports dans les pays voisins (Mauritanie, Togo,...) ne devrait pas jeter l’ombre sur Dakar, à en croire Maïmouna Ndoye Seck. ‘‘C’est déjà un hub naturel de par sa position, sa proximité avec les différents continents et son développement économique. Ceux qui ont eu la chance de visiter les aéroports dont on parle savent qu’il n’y a pas de comparaison possible avec ce que nous mettons en place. Mais il est naturel que d’autres pays aient des aéroports si nous voulons être un hub et que les passagers quittent ces pays pour Dakar. Nous n’avons aucune crainte dans l’atteinte de cet objectif de hub sous-régional et régional de transport aérien’’, défend-elle.