N’en pouvant plus de continuer à subir le nouveau régime auquel les soumettent les matons après la mutinerie de septembre dernier, les détenus de la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss ont produit un registre de doléances. Soumises à l’attention des autorités, ces requêtes tournent principalement autour de la libération des détenus victimes de balle à bout portant qui «ne peuvent plus rester en détention».
Moins d’un mois après la mutinerie qui avait coûté la vie au détenu Ibrahima Mbow, les prisonniers de la Maison d’arrêt de Rebeuss font reparler d’eux. A l’attention de l’opinion et des autorités de la République, ils se signalent par un document intitulé : «Lettre des détenus de Rebeuss par l’entremise de l’Asred (Association pour le soutien et la réinsertion des détenus)». Dans cette correspondance, les occupants de la citadelle du silence réclament «la libération des détenus victimes de balle à bout portant» en leur accordant «la liberté sous contrôle judiciaire». Puis que, soulignent-ils, ces derniers «ne peuvent plus rester en détention».
Poursuivant leur requête, les détenus de Rebeuss font état de leurs autres revendications. Les pensionnaires de la Mac de Rebeuss, préoccupés par leur santé et leur mobilité au sein du principal établissement pénitentiaire de Dakar, ne demandent ni plus ni moins au garde des Sceaux, ministre de la Justice «la réhabilitation des heures de cour». Les prisonniers ne peuvent s’empêcher de préciser à Sidiki Kaba que ces heures «ont été diminuées de 03 heures à 01 heure», provoquant d’après eux «des maladies» en leur sein.
Tout en regrettant les propos du directeur de l’Administration pénitentiaire, le colonel Daouda Diop, qui rejetait, soutiennent-ils, les griefs soulevés dans le quotidien L’As par leur «défenseur», le président de l’Asred, Ibrahima Sall dit Yves, les détenus concluent leur texte en demandant «le respect des engagements dans les plus brefs délais, un «gage de la paix et de la stabilité dans toutes les prisons» du pays.
Le mardi 20 septembre dernier, les détenus de la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss se rebellaient pour dénoncer les longues détentions préventives. Cette mutinerie avait conduit à la mort de Ibrahima Mbow, plus connu sous le nom de Ibrahima Fall, ex-pensionnaire de la chambre 4 de la prison centrale de Dakar. La victime a été emprisonnée la veille de la fête de Tabaski, pour le délit de recel, pour avoir acheté un mouton volé, en même temps que d’autres personnes impliquées dans la cause. En plus de la mort de Ibrahima Mbow, le bilan officiel de cette mutinerie de septembre dernier faisait aussi état de 41 blessés parmi les gardes pénitentiaires et les prisonniers.