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Art et Culture

Ruée d’artistes étrangers au Sénégal: Dakar, carrefour musical
Publié le mercredi 19 octobre 2016  |  Enquête Plus
Concert
© AFP par SEYLLOU
Concert de l`artiste belge Stromae
Jeudi 14 mai 2015. Dakar. Esplanade du Monument de la Renaissance. Stromae entame sa tournée africaine.




Depuis quelque temps, nombreuses sont les stars de la musique qui viennent se produire à Dakar. Elles reçoivent des cachets à la hauteur de leur notoriété au moment où les artistes locaux au talent reconnu souffrent.

Des affiches annonçant des concerts de grosses pointures de la musique africaine et internationale, on en voit un peu plus dans les rues de Dakar. Les dernières en date sont celles de la star française du hip-hop Booba dont le concert est prévu le 22 ce mois, les rois togolais du ‘’cool catché’’ ‘’Toofan’’ pour le 29 octobre et Maître Gims est attendu dans la capitale sénégalaise en fin d’année. Avant eux, les Sénégalais ont eu droit à des plateaux animés par des stars comme Stromae, Sidiki Diabaté ou encore Lefa de Sexion D’Assaut. Mais qu’est-ce qui attire donc tous ces musiciens au pays de la Teranga ? ‘’Aucun d’entre eux n’est venu ici sur sa propre initiative. Il y a des promoteurs sénégalais à l’étranger ou vivant au Sénégal derrière ces spectacles’’, précise un promoteur culturel qui requiert l’anonymat. Cela n’élude en rien la question d’autant plus qu’on casque beaucoup pour les faire venir ici. Entre le cachet payé à l’artiste, les billets d’avion, son logement dans les hôtels les plus chers etc., on dépense plus que la cinquantaine de millions de F CFA au bas mot.

En effet, rien que pour la venue des Toofan, les organisateurs ont un budget prévisionnel de 118 millions financé, dit-on, sur fonds propres. ‘’On n’a pas encore de sponsors’’, selon un des membres de la structure organisatrice. Ce qui n’est pas toujours le cas pour tous. Sur l’affiche annonçant le spectacle de Booba, la liste des sponsors, même si elle n’est pas longue, est assez conséquente quand même. ‘’Ils ne peuvent pas dire qu’ils ne sont pas soutenus. Ils ont beaucoup de sponsors, des entreprises sénégalaises qui préfèrent ce genre de spectacles à ceux locaux’’, dénonce un acteur des cultures urbaines.

Le ‘’Show of the year’’ organisé par le rappeur Niit Doff en est une belle illustration d’ailleurs, pense-t-il. Encore que, poursuit-il, ‘’si aujourd’hui toutes ces grosses pointures de la musique se donnent rendez-vous à Dakar, c’est parce que les cultures urbaines font bouger et attirent du monde’’. Malheureusement, les acteurs locaux de ce secteur n’en profitent pas. L’on se rappelle qu’après le concert de P-Square organisé en 2013 par la mairie de Dakar, bien d’acteurs culturels avaient dénoncé le montant du cachet des Nigérians. Ils avaient reçu plus de 70 millions alors que des chanteurs sénégalais comme Aïda Samb ou encore Daara Ji n’avait même pas 10 millions de F CFA. Les choses n’ont pas changé depuis lors. ‘’Beaucoup d’argent est payé à ces artistes qui nous viennent d’ailleurs, au moment où on ne consent pas à casquer ne serait-ce que le ¼ pour les locaux qui animent généralement les premières parties de ce genre de concert’’, dénonce un artiste sous le couvert de l’anonymat.

Pourtant, pensent certains, avec les vedettes sénégalaises, les promoteurs pourraient faire plus de profit. D’autant plus que beaucoup se plaignent d’avoir organisé à perte. ‘’Ce n’est pas vrai. Ils font du profit. Il arrive des fois où vraiment les organisateurs ne s’en sortent pas. C’est comme avec le concert de Davido en avril 2014. Il y avait à peine 500 personnes au concert’’, se rappelle une de nos sources. Aussi, ‘’ceux qui organisent perdent de vue le fait que beaucoup de Sénégalais ne sont pas très ouverts aux musiques étrangères, surtout celles africaines. Donc, dans ce genre de manifestations, ce sont plus les communautés étrangères qui se déplacent’’, déclare-t-il. Ce qu’ont compris les initiateurs du concert des Toofan. ‘’Nous misons sur les Togolais, Béninois, Camerounais, Ivoiriens, etc. vivant au Sénégal. On s’intéresse plus aux communautés estudiantines pour la réussite de ce concert’’, indique-t-on. Une manière pour eux de s’assurer de ne pas organiser à perte.

Absence de communication

Seulement, qu’il y ait profit ou pas, il faut reconnaître que toutes les structures organisatrices de ces évènements manquent de professionnalisme. Aucun des concerts faits jusqu’ici n’a connu de véritables succès. Sous d’autres tropiques, ce genre de spectacle bénéficie d’une communication particulière. Mais ici, on donne l’impression de tout faire à la dernière minute. Davido, par exemple, n’a été présenté à la presse que le jour même de son concert. Le spectacle de Wizkid a commencé avec beaucoup de retard. Celui de Stromae presque pareil avec une panne de courant en sus. Beaucoup de failles qui ne ravissent pas tout le temps les spectateurs.
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