On joue les prolongations de la marche de l’opposition du vendredi dernier. Dans un communiqué, Manko Wattu Senegaal soutient avoir gagné le pari de la mobilisation avec 15 000 personnes ayant répondu à l’appel. Dans le même document, Malick Gackou et Cie dénoncent une «réelle volonté du pouvoir de saboter la manifestation» avec la violation de l’arrêté préfectoral par les Forces de l’ordre.
Le pari de la mobilisation aurait été gagné lors de la marche de Manko Wattu Senegaal. C’est en tout cas l’analyse faite par Manko Wattu Senegaal de sa marche du vendredi dernier. Dans un communiqué, ce groupement des partis politiques et de la société civile estime à 15 000 le nombre de personnes ayant répondu à leur appel. «Vu la forte mobilisation de l’ensemble des partis politiques, des mouvements citoyens, des organisations indépendantes et des citoyens tout court, pas moins de 15.000 Sénégalais ont fait le déplacement», informe le communiqué hier. Et la commission de communication de cette organisation d’ajouter dans son document : «Ces citoyens venaient de tous les départements de la région de Dakar et d’autres régions». D’ailleurs, selon Malick Gackou et Cie, «les Forces de l’Ordre qui étaient sur le terrain ont dû sentir leur faiblesse face à cette foule immense extrêmement engagée». Dans la même veine, Manko Wattu Senegaal souligne que «malgré les manœuvres pour bloquer la circulation routière (des dizaines de cars étaient bloqués à Pompiers et vers le Port de Dakar), les jeunes ont réussi à rallier la devanture de la Rts occupée par près de 10.000» personnes. Le communiqué ajoute que « finalement, les Forces de l’Ordre étaient dépassées par la foule excitée». Ce qui fait que «elles craignaient la jonction des deux foules (5.000 à Obélisque et 10.000 devant la Rts). A 15h45, les Forces de sécurité ont commencé à tirer sur les populations sans défense, armées de leur courage et de leur amour pour la patrie».
«L’arrêté préfectoral violé par les Forces de l’ordre»
Poursuivant l’analyse de la situation, Manko Wattu Senegaal soutient qu’il y a eu «une réelle volonté du pouvoir de saboter la manifestation». Selon ce front, «les autorités ne voulaient pas que la presse nationale et étrangère venue couvrir la marche, relaie les images de ces milliers de Sénégalais mobilisés contre le régime». Par ailleurs, la commission de communication de Manko Wattu Senegaal a aussi dénoncé la violation de l’arrêté préfectoral par les forces de l’ordre. A en croire les membres de cette organisation, «le préfet a autorisé la marche sur l’axe Obélisque-Rts entre 15h et 18h, et pourtant, lorsque les manifestants se sont retrouvés à la Place de l’Obélisque à 17h, ils ont été attaqués par les Forces de l’Ordre». Poursuivant cette mise au point, ils soutiennent qu’il «est inexact de dire que les manifestants ont forcé le barrage de la Police». «L’ordre de s’attaquer aux populations a été donné par les autorités politiques qui avaient peur de la démonstration de force de Manko Wattu Senegaal », fait savoir le document.
Mamadou Diop Decroix sur leur marche de vendredi dernier : «Il y a eu une grande mobilisation, de la détermination et de la résistance»
La marche du 14 octobre de l’opposition a été un succès. C’est en tout cas ce que soutient Mamadou Diop Decroix. Membre de Manko Wattu Senegaal, le leader d’Aj Pads estime que c’est «une double victoire» pour l’opposition dans le contexte actuel. Et M. Diop d’expliquer : «La première c’est la grande mobilisation à laquelle on a eu droit. On parle de 15 000 personnes mais ce chiffre c’était aux alentours de 16h 30 mais jusqu’à 18h 30 les gens affluaient sur la place de l’Obélisque, on a eu 50 000 personnes». Pour Decroix, cette manifestation a permis de répondre à ceux qui taxent l’opposition d’être une «opposition de salon». «Lors de la marche de ce vendredi, les gens non seulement sont sortis mais il y a eu de la résistance. Ce qui montre que les gens étaient déterminés, ils l’ont montré sur le terrain. Ce qui a dû surprendre les tenants du pouvoir», s’est-il réjoui. Déterminé à poursuivre ce combat, Decroix rappelle que «l’opposition peut faire ses manifestations». Et M. Diop d’ajouter : «Ce qui n’est pas acceptable, c’est de croire que les droits il faut les quémander ou compter sur la magnanimité des tenants du pouvoir».
A côté de ce «succès», le leader d’Aj Pads note aussi des faiblesses au niveau de l’organisation et de la communication. D’après Decroix, il y a eu des problèmes de communication avec les autorités policières. «Si on avait bien communiqué peut-être que la police n’aurait pas chargé sur les manifestants et tout ça aurait pu être évité», a-t-il expliqué.