Les partenaires techniques et financiers ne sont pas totalement satisfaits de la politique du gouvernement en matière d’éducation. Malgré les milliards injectés dans le secteur, les bailleurs du groupe du G50 constatent qu’il y a des retards dans le remplacement des abris provisoires, la modernisation des daraa ou la démocratisation du préscolaire. Autant de défis qu’ils invitent Serigne Mbaye Thiam à relever.
Les partenaires techniques et financiers (PTF) contribuent au financement des projets et programmes de l’Etat du Sénégal. Cependant, ils semblent vouloir avoir un regard sur la manière dont leur argent est utilisé par le gouvernement. C’est comme si l’Etat a l’obligation de leur rendre compte. Hier, lors d’une réunion de partage et d’échanges avec le gouvernement, ces bailleurs de fonds qui se sont regroupés dans une entité dénommée le G50, ont voulu en savoir davantage sur l’état d’avancement de certains projets dans lesquels ils étaient engagés. D’abord, le secteur qui préoccupe le plus le G50 est celui de l’Education nationale.
Même si Alberto Virrela, le co-président du G50, encourage l’Etat du Sénégal pour les progrès importants qu’il a réalisés au niveau des réformes phares, notamment la déconcentration, la réduction des comptes ou l’amélioration du niveau de recrutement des enseignants, il n’en demeure pas moins qu’il reste préoccupé par d’autres défis que le gouvernement doit relever. Il s’agit, selon l’ambassadeur d’Espagne au Sénégal, des retards ‘’dans la promotion des études scientifiques’’, ‘’la démocratisation du préscolaire’’, ‘’la modernisation des daara’’, ‘’le remplacement des abris provisoires’’, ‘’l’augmentation conséquente du budget de fonctionnement des services déconcentrés et le transfert de ressources aux écoles’’.
Toujours dans le secteur de l’Éducation, le co-président du G50 constate qu’il y a aussi des difficultés d’accès qui restent encore persistantes dans des régions comme Louga et Tambacounda. Pour améliorer les acquis en matière d’éducation, le gouvernement avait lancé le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet) qui couvre la période 2012-2025. Toutefois, les PTF préviennent : dans ce projet, ‘’la mobilisation de la contrepartie de l’État est un risque important à surveiller’’.
Doutes sur les statistiques agricoles
Ensuite, les partenaires techniques et financiers s’intéressent au Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture (PRACAS). Ainsi, ils veulent avoir les informations nécessaires sur ‘’le montant du financement acquis par rapport au budget prévisionnel et le gap actuel à combler’’. Dans ce secteur de l’agriculture, les PTF doutent de la ‘’pertinence et la cohérence des statistiques’’ qui sont livrées. Ces données qui, pour la plupart, ne sont pas exactes, rendent difficiles les estimations sur les statistiques de la production, déplore l’ambassadeur d’Espagne au Sénégal. ‘’Les partenaires demandent au gouvernement, d’une part, de faciliter l’accès aux micro-données pour permettre d’approfondir le travail d’investigation en cours mené par certains partenaires comme l’Union Européenne et la Banque Mondiale et, d’autre part, de renforcer les capacités de l’ANSD ; ce qui permettra d’améliorer la qualité du processus de collecte des données et d’assurer la validité des statistiques agricoles’’, plaide le porte-parole des bailleurs de fonds.
Pérenniser les bourses sociales
Par ailleurs, les donateurs n’ont pas manqué, lors de cette réunion d’échanges, de ‘’saluer les efforts’’ du gouvernement en matière de protection sociale. Cependant, ils recommandent à l’Etat de faire voter une loi d’orientation sur la politique sociale. Cela, dit M. Virella, permettra de garantir la pérennité du programme national des bourses de sécurité familiale (PNBSF).
Sur un autre registre, les bailleurs appellent le gouvernement à finaliser, avec toutes les parties prenantes, le document de politique foncière. ‘’Les principes exprimés dans le document de politique foncière tiennent bien compte des normes internationales (Directives volontaires sur le foncier de la FAO) et sont en cohérence avec les politiques publiques sectorielles nationales (agricoles et territoriales notamment). L'orientation vers une gestion décentralisée (et encadrée) du foncier est pertinente’’, apprécie Alberto Virrela.
Une autre question sur laquelle les bailleurs de fonds attendent une réponse claire du gouvernement, c’est sur la mise en œuvre des réformes induites par les directives de l’UEMOA. En ce qui concerne cette réforme, le Sénégal a pris la décision de différer l’entrée en vigueur de la loi organique portant loi de finances jusqu’en janvier 2017. Les PTF disent avoir pris ‘’note’’ de cette décision du gouvernement, mais ils souhaitent toutefois ‘’disposer de plus d’informations sur les raisons de ce report et les mesures que le gouvernement envisage de mettre en œuvre pour la poursuite de la mise en œuvre des directives de l’UEMOA sur les finances publiques après les importantes avancées réalisées par le Sénégal dans la transposition des directives et la validation technique d’un certain nombre de prérequis’’.