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Éducation: Les plaies d’un système à genou
Publié le vendredi 14 octobre 2016  |  Sud Quotidien
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© Autre presse par DR
Les élèves reprennent le chemin des classes, ce 2 octobre




488 établissements sans électricité, 38 874 redoublants dans les établissements publics, sans compter le déficit persistant des manuels et la baisse du recrutement des enseignants. Autant de difficultés qui font que notre système éducatif est loin de relever le défi de la qualité dans les enseignements apprentissages. En attendant l’horizon 2035, pour tirer un bilan sur les programmes scolaires, l’annuaire statistique de 2015 de la direction de la planification et des réformes de l’Education (Dpre) du ministère de l’Education nationale, nous peint un tableau sombre de l’école sénégalaise.

C’est une lapalissade de dire que le gouvernement sénégalais a fait d’énormes efforts dans le cadre de l’élargissement de la carte scolaire. Des écoles et établissements ont été construits dans tous les coins et recoins du Sénégal. L’accès à l’éducation est-il suivi par des actions améliorant l’enseignement et l’apprentissage ? Avec un nombre croissant des élèves, le processus d’enseignement a-t-il changé ? Force est de constater que l’augmentation du nombre des enseignants et de manuels scolaires ne suit pas l’allure de la mise en œuvre des nouveaux programmes éducatifs. L’approche par les compétences demande plus de savoir-faire de la part des enseignants et des manuels pour les potaches.

Même si l’on ne perd pas de vue que l’éducation de qualité a toujours été au cœur des objectifs du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence. Mais l’annuaire statistique 2015 consigne quelques difficultés auxquelles l’école sénégalaise est confrontée. La formation continue des enseignants constitue un casse-tête chinois pour les autorités. Avec 27 747 enseignants dans le moyen secondaire, seuls 8204 sont sans diplômes, soit 29,57%.

Des enseignants (le tiers) n’ont pas encore validé leur compétence à l’heure de la mise en œuvre de Contrat d’amélioration de la qualité (Caq) et le Projet d’amélioration de la qualité (Paq). Ils sont 3491 enseignants (12,57%) à obtenir le Certificat d’aptitude de l’enseignement secondaire (Caes). Pour ce qui est du Certificat d’aptitude de l’enseignement moyen, ils sont 6375 (23%). Si la qualité des enseignements commence par les enseignants bien formés, on est encore loin du compte dans le moyen secondaire. Il a été constaté que le personnel enseignant dans le moyen secondaire est constitué, pour la majorité, des corps émergents. Sur 27 747 enseignants, les 14 562 sont contractuels contre 598 vacataires. 57% des professeurs sont dans une situation de régulariser leur statut pour entrer dans la fonction publique, tout en validant les années de vacation et de volontariat. Précaire et instable, coincé dans une situation administrative, notamment la demande, date d’admissions, de titularisation, d’intégration, de valorisation des années de vacations et de contractualisation. Et une situation financière peu reluisante.

S’y ajoute le déficit de professeurs dans les établissements. On compte 1107 professeurs de Science de la vie et de la terre (Svt) dans le secondaire contre 976 professeurs en Physique Chimie. Toujours dans le secondaire, ils ne sont que 1192 professeurs de Mathématiques, correspondant à un ratio élève professeur très élevé, provoquant une surcharge de travail de cette catégorie d’enseignants. Alors que dans les objectifs de l’Education pour tous (Ept), il a été mentionné la nécessité d’améliorer le statut, le moral et le professionnalisme des enseignants pour l’atteinte des objectifs. « Il faut améliorer la formation des enseignants, les déployer de façon plus équitable et les encourager par des salaires adéquats et des plans de carrière attractifs », lit-on dans le rapport mondial de suivi de l’Ept.

Dans le cas du Sénégal, le déficit d’enseignants reste une préoccupation majeure. Le taux d’encadrement – nombre d’élèves par enseignant – risque de ne pas bouger, au moment où paradoxalement les effectifs des élèves grimpent dans les écoles et établissements. En effet, le recrutement des maîtres dans l’Elémentaire, en 2015, a baissé. Ils sont passés de 2300 contre 2 568 en 2014, soit une baisse de 10,43 %. En 2016, 1000 élèves-maîtres seulement sont en formation. Sur les 14 Centres régionaux de formation du personnel enseignant, 6 ont été fermés cette année, faute d’apprenants.

Au niveau du Moyen-Secondaire général, le nombre de professeurs recrutés est passé de 1930 en 2014 à 1446 en 2015, soit une baisse de 25,07 %. Pendant ce temps, le gouvernement dit suspendre provisoirement l’admission au Concours d’entrée à la Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation (Fastef). Ils étaient 17 000 candidats à subir les épreuves du Concours d’entrée en octobre 2015. A quand l’effectivité de la décision présidentielle n°8, demandant le renforcement de la professionnalisation des ressources humaines ? Nous donnons notre langue au chat.

Absence des murs de clôture

Les 1065 établissements publics disposent de 12 239 toilettes contre 5 416 pour 700 établissements privés. Le bilan de l’environnement scolaire reste mitigé. Les établissements dans l’Académie de Dakar sont tous clôturés, contrairement à certaines circonscriptions académiques. A Rufisque, sur 34 établissements, seuls 25 ont été clôturés. La situation est plus alarmante dans les régions comme Fatick où 59 établissements ont été clôturés sur 106. 55 établissements. A Louga, c’est 39 établissements clôturés sur 93, au moment où la région de Sédhiou reste le parent pauvre des établissements clôturés. 25 établissements clôturés sur 78.

488 établissements sans électricité

Dans une dynamique de promouvoir l’enseignement des Sciences, les établissements s’équipent de laboratoires pour la pratique. Toutefois, cette mise à l’essai des enseignements se heurte à de sérieuses difficultés. Car, il a été constaté que 488 établissements sont sans électricité au niveau du moyen secondaire. Kolda, Kaolack et Louga compte respectivement 60, 54 et 49 établissements sans électricité. Cette situation est loin de permettre l’accroissement de l’usage fondamental du numérique dans le système éducatif et de bâtir une école de référence, axée sur la réussite et l’excellence, comme mentionné lors de la réunion du dernier Conseil des ministres en date du 5 octobre. Le Chef de l’Etat rappelle au Gouvernement la nécessité de mettre en œuvre le Programme national d’informatisation des écoles.

207 établissements sans eau

L’accès à l’eau est aussi un élément clé dans le dispositif d’amélioration de la qualité. Alors qu’il a été relevé dans l’annuaire statistique, que 207 établissements sur 1301 sont sans eau courante ni puits. Ce sont des milliers d’élèves qui sont touchés par cette situation.

Efforts dans les tables bancs

Les tables-bancs : voilà un intrant pédagogique où les autorités ont consenti beaucoup d’efforts pour mettre les élèves à l’aise pour suivre les cours. Avec 22 597 tables-bancs dans l’académie de Dakar, l’on dénombre 21 807 tables à deux places. 757 tables-bancs sont à 3 trois places. Dans l’académie de Pikine Guédiawaye, les efforts consentis par les autorités sur les tables bancs ont été considérables. 95% des tables sont à deux places, soit 24 006 sur un nombre de 25 141.

Pour ce qui est de la répartition, l’on peut conclure à une certaine équité, car rien qu’à Rufisque on compte 5912 tables à trois places contre 5278 à deux places.
Dans l’enseignement moyen secondaire, le Sénégal compte 333 282 tables à deux places contre 17 062 à trois places.

376 laboratoires au Sénégal

A l’heure d’une réorientation du système éducatif vers les sciences, les mathématiques, le numérique, les technologies et l’entreprenariat, les laboratoires sont au nombre de 376 laboratoires. Lorsque à Dakar, nous avons 69 laboratoires, les régions de Kedougou, Kaffrine et Sédhiou en comptent respectivement 3, 3 et 9.

Déficit des manuels

Dans le secondaire, les manuels scolaires sont une denrée rare. L’Académie de Dakar compte 11 492 livres de mathématiques en seconde. Pour la première, on note 3 580 manuels de mathématiques, pendant que les élèves de terminale partagent 2 941 manuels. A Kaffrine, 15 manuels de mathématiques et 69 pour la philosophie ont été relevés. La disponibilité des manuels, du matériel pédagogique constitue le facteur clé d’amélioration de la qualité de l’éducation.

38 874 redoublants dans les établissements publics

Sur un effectif de 168 530 élèves dans les établissements, les 38 874 ont redoublé durant l’exercice 2015. Le privé enregistre 12 971 redoublants sur un effectif de 79 321 élèves. Avec 1327 écoles urbaines dans l’élémentaire pour un effectif de 681 210 élèves, le public enregistre 23 522 redoublants. Le privé qui a un effectif de 238 000 élèves (1105 écoles), enregistre 6703 redoublants.
A l’aune de la mise en œuvre du PAQUET, le système éducatif sénégalais est loin de montrer un visage d’équité. Du moins, pour le moment.
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