Ratifier les Accords de partenariat économiques (Ape) avec le plus grand marché mondial qu’est l’Union européen (Ue) avec une libéralisation de plus de 82%, est purement suicidaire. Alors, que restera-t-il à l’Afrique de l’ouest, si les partenaires stratégiques, à savoir les Etats-Unis, la Chine prennent leur part de marché ? C’est la question que se posent Guy Marius Sagna, coordonnateur du Collectif Non aux Ape et Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du Forum social sénégalais, qui co-animaient, samedi dernier, à Dakar, une conférence publique sur le thème: Accords de Partenariat Economique (Ape): Renforcer les résistances face au chantage de l’Union européenne ». Laquelle conférence s’inscrit dans le cadre des activités des samedis de l’Economie.
Les accords de partenariats économiques entre l’Union économique et l’Afrique de l’ouest en particulier le Sénégal donnent droit à une libéralisation des produits européens (sans droit de douane) à hauteur de 75%. Ce qui envoisine plus 82% de libéralisation, si l’on tient compte des autres facteurs sur les 90% réclamés par l’Ue. Ce déséquilibre commercial partenarial fait perdre au Sénégal 75 milliards de francs CFA par an.
Pire, 240 milliards de francs CFA par an, à partir de la vingtième année seulement pour l’Ue. C’est sur question d’intérêt national que Guy Marius Sagna, coordonnateur du Collectif «NON AUX APE», sensibilise les populations et les décideurs publics. Il co-animait une conférence publique, samedi dernier, à Dakar sur le thème: «Accords de Partenariat Economique (Ape): Renforcer les résistances face au chantage de l’Union européenne». Une conférence qui s’inscrit dans le cadre des activités mensuelles des samedis de l’Economie qu’organise : Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade), en collaboration avec la Fondation Rosa Luxembourg. Pour Guy Marius Sagna, cette question mérite beaucoup d’attention à l’égard des Sénégalais soucieux d’un avenir radieux pour leurs enfants. «Autant l’Ue y tient, autant l’enjeu est de taille pour sa survie. Donc, il devrait en être de même pour l’Afrique, en particulier le Sénégal. Avec nos partenaires stratégiques à savoir les Etats-Unis, la Chine et tant d’autres, le partenariat se veut gagnant-gagnant. Mais dans les Ape à ratifier, nous perdons énormément. Car, le rapport de force est démesurer», a-t-il relevé. En contrepartie de ces accords, l’Ue préconise juste «une mesure compensatoire, réduite de 15 millions d’euros à 6,5 millions d’euros par an. Une maudite somme, loin de combler le désastre», a-t-il regretté.
Wade, vrai patriote
Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du Forum social sénégalais et co-animateur de cette conférence publique de renchérir: «En tant que témoin du processus des négociations desdits accords, entre partie-Etat, le texte prévoyait la participation de la société civile. Mais, dès le départ nous avions contesté, en disant qu’il n’y avait pas possibilité d’aller dans ces négociations. Parce que les forces n’étaient pas les mêmes», a-t-il expliqué. Et de poursuivre: «Sur un marché communautaire de l’Union économique monétaire ouest africaine de 300 millions de consommateurs, nous étions des pays moins avancés (Pma).
Par conséquent, il était suicidaire d’ouvrir notre marché à plus de 75% au premier marché commercial mondial (Ue) qui n’a d’autre souci que de nous sucer». M. Diouf de rappeler l’engagement du Président Wade qui s’y était farouchement opposé. En soutenant lors d’une rencontre au Portugal en 2007 que l’Afrique ne peut pas signer ces accords qui ne lui profitent nullement. A cela, «il faut ajouter le tarif extérieur commun en vigueur qui ne protège nullement nos agriculteurs. Aucune maîtrise de l’insertion dans le marché international. Pis, dans l’espace Cedeao, nous avions une multitude de monnaies. Bref, autant d’incohérences qu’il faille régler pour construire un véritable marché économique», a-t-il argumenté. Selon lui,«Toutes les études relatives aux Ape avaient conclues que ceux-ci (Ape) étaient un scandale pour l’Afrique. Malgré toutes ces alertes, nos dirigeants s’entêtent à les ratifier parce que obnubiler par le pouvoir», s’en désole-t-il.
«Aujourd’hui, il y a urgence de travailler à la transformation et à la diversification de nos produits locaux, notamment les jus de fruits, de légumes… pour nous nourrir à suffisance et ainsi éviter les produits gazeux importés dont nous ne maîtrisons l’expertise et qui nous causent énormément de maladies», a-t-il conclu.