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La Gambie va abandonner l’anglais comme langue officielle (président Jammeh)
Publié le mardi 11 mars 2014   |  AFP


Le
© AFP par ALAIN JOCARD
Le président gambien Yahya Jammeh


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DAKAR - Le président gambien Yahya Jammeh a indiqué que
son pays allait abandonner l’anglais, actuellement sa langue officielle, au
profit d’une langue nationale non précisée, sans fournir de calendrier, dans
un discours dont l’AFP a écouté un extrait mardi à Dakar.

M. Jammeh s’exprimait lors de la cérémonie de prestation de serment du
nouveau chef du système judiciaire gambien ("Chief Justice"), le Pakistanais
Ali Nawaz Chowhan, organisée le 6 mars, d’après cet extrait d’un
enregistrement de la télévision publique gambienne GRTS.

Dans un long discours en anglais, le président gambien a fustigé les colons
britanniques qui, a-t-il dit, sont allés en Gambie et ailleurs en Afrique non
pas pour développer ces zones, mais pour les dépouiller de leurs richesses.

"Tout ce qu’ils ont fait, c’est piller, et piller, et piller, et piller !
La seule chose qu’ils nous ont laissée, c’est malheureusement la langue
anglaise, que nous allons très bientôt abandonner au profit d’une langue
locale, parce que nous ne pouvons plus continuer de croire que pour être un
gouvernement, vous devez parler une langue étrangère. Nous allons parler notre
propre langue", a-t-il déclaré.

Il n’a pas fourni de calendrier et n’a pas non plus indiqué la langue qui
serait utilisée à la place de l’anglais.

Plusieurs langues locales sont parlées en Gambie, ex-colonie britannique
d’environ 1,8 million d’habitants. Parmi elles, figurent le mandingue parlé
dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi que le wolof et le diola
communs à la Gambie et au Sénégal voisin. Yahya Jammeh lui-même est de
l’ethnie diola.

En octobre 2013, la Gambie avait décidé son retrait, avec effet immédiat,
du Commonwealth en qualifiant cette organisation de pays anglophones de
"coloniale".

"En Afrique, notre maladie la plus dangereuse est l’ignorance", a encore
affirmé Yahya Jammeh dans son discours, en déniant aux Britanniques toute
légitimité à donner des leçons sur la démocratie, la bonne gouvernance et les
droits de l’Homme en raison de leur passé colonial.

Il a par ailleurs salué les "compétences" et "l’intégrité" d’Ali Nawaz
Chowhan, qui est le troisième chef du système judiciaire nommé en Gambie en
moins d’un an selon un décompte de l’AFP.

"Je tiens à (le) féliciter pour avoir accepté ce qui s’annonce comme une
tâche difficile", a-t-il dit. Puis s’adressant directement à lui, il a
poursuivi : "Je n’ai à pas à juger qui que ce soit, je dois envoyer (les
suspects) vers vous pour que vous les jugiez, et cela rend mon travail (de
chef d’Etat) très facile. Tout ce que j’ai à faire, c’est de mettre en oeuvre
vos jugements".

Ali Nawaz Chowhan remplace le Nigérian Emmanuel Fagbenle, qui avait
lui-même été nommé en février à la place de la Ghanéenne Mabel Yamoa Agyemang. Mme Agyemang, qui avait été nommée en juillet 2013, fut la première femme à occuper ces fonctions dans ce pays, qui fait souvent appel à des juges
étrangers pour renforcer son système judiciaire.

Porté au pouvoir par un coup d’Etat en 1994, élu en 1996 et réélu trois
fois (2001, 2006, 2011), le président Yahya Jammeh, 48 ans, règne en maître
sur la Gambie, petit pays anglophone enclavé dans le Sénégal à l’exception de
sa façade maritime.

Il a fait adopter en 2002 un amendement constitutionnel supprimant la
limite du nombre de mandats. Son régime est régulièrement critiqué par des
défenseurs des droits de l’Homme pour des violations des libertés.
cs/jmc

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