Aphone depuis sa sortie du Parti démocratique sénégalais, Abdou Khafor Touré sort de sa réserve. L’ex-membre de la Fédération nationale des cadres libéraux devenu entre-temps membre de l’Alliance pour la République (APR) défend le frère du Président Macky Sall et fustige le comportement de l’opposition qui, selon lui, est composée de nains politiques. Dans cet entretien avec EnQuête, le ‘’néo-apériste’’ dresse un bilan positif de la gestion du pays par Macky Sall et annonce un vaste rassemblement le vendredi 14 août prochain, pour apporter une réponse à l’opposition qui est, selon lui, dans la ‘’calomnie’’, l’‘’affabulation’’ et la ‘’désinformation’’.
Le débat sur le pétrole et le gaz fait rage et suscite depuis un bon moment beaucoup de controverses. Quel est votre avis sur la question ?
Il y a beaucoup de confusions, d’amalgames, de calomnies et de désinformation savamment et délibérément entretenus par ceux qui agitent cette question.
Vous voulez parler de l’opposition ?
Oui l’opposition. Parce que d’une manière générale, ceux qui agitent cette question sont des hommes politiques, principalement de l’opposition. Je crois fondamentalement que dans ce débat, c’est une question extrêmement importante pour le développement de notre pays et pour le devenir de notre Nation et des générations futures, qui est agitée : la question de la gestion de nos ressources minéralières. Au lieu de réfléchir sur les options stratégiques ou débattre de la récente décision adoptée en Conseil des ministres, relative à la mise sur pied d’un Conseil d’orientation stratégique qui doit réfléchir sur la manière dont nos ressources doivent être gérées, on préfère installer un débat purement politicien et stérile.
C’est dommage car le débat doit être un débat de prospective, un débat de réflexion sur comment nous pouvons, sur la base d’un benchmark, mettre en place dans notre pays un dispositif de gestion de nos ressources adéquat qui sera à même d’assurer une redistribution et une gestion véritablement transparente et inclusive des revenus tirés du pétrole et du gaz. Le vrai débat, c’est ça. C’est à cela qu’il faudrait attendre l’opposition. Mais malheureusement, le niveau du débat n’est pas à la hauteur de notre système démocratique, de la maturité des électeurs et des citoyens. Nous sommes sur le registre de la calomnie et de la désinformation. Il n’y a absolument rien d’établi dans ce que l’opposition est en train de dire.
L’opposition accuse le frère du président de la République dans l’affaire Petro-Tim. Que vient faire Aliou Sall dans le pétrole ?
Il faut retourner les questions pour répondre en fait. Il y a une fabrication de l’esprit. On est dans l’affabulation, dans la construction d’une réalité qui n’existe pas. Que fait Aliou Sall dans le pétrole ? Je pense que Frank Timis, qui est le propriétaire de Timis Corporation qui est le détenteur de Petro-Tim Lmt, a clairement répondu à la question en disant que Aliou Sall est son employé. La question qu’on doit se poser dorénavant c’est, est-ce que Aliou Sall, parce qu’il est le frère du président de la République, n’a pas le droit de travailler dans une société privée ? Est-ce que, parce qu’il est le frère du Président, on doit limiter sa liberté d’exercice professionnelle dans un secteur déterminé ? Est-ce qu’on doit lui dire : parce que vous êtes le frère du Président, vous devez simplement travailler dans la communication ou dans l’agriculture, vous ne devez pas travailler dans le secteur des hydrocarbures ? A partir du moment où en 2012, il était à la recherche d’un emploi, il a eu une opportunité professionnelle. Je parle à partir du réel, sur la base des informations dont nous disposons.
Aliou Sall a eu une opportunité professionnelle d’être recruté par une société et il travaille pour le compte de cette société en étant un gérant salarier. Il n’y a absolument rien d’extraordinaire dans cela. C’est parce que c’est le frère du Président que les gens entretiennent délibérément cette confusion. Il n’y a pas lieu de débattre à ce niveau. Il a le droit, comme il l’a dit lui-même, de travailler. C’est un citoyen sénégalais. Encore, nous sommes dans le cadre d’un dossier normal, de continuité de l’Etat. Petro-Tim a bénéficié d’un contrat de recherche et d’exploration.
Qui a signé ce contrat ? Est-ce le Président Abdoulaye Wade ?
C’est Abdoulaye Wade qui a signé le contrat. Et ce qu’on reproche à Macky Sall, c’est d’avoir approuvé le décret. C’est à l’honneur de Macky Sall d’avoir approuvé ce dossier dont il a hérité, lors de la passation de service, comme un dossier en instance d’approbation. Abdoulaye Wade avait signé l’approbation, mais le circuit n’était pas terminé. A partir de ce moment, deux options s’offraient au nouveau régime : soit approuver, soit résilier le contrat. Rappelons tous les contentieux auxquels l’Etat du Sénégal a fait face. Avec l’histoire de Coumba ressources, de Arcelor Mittal et autres, des centaines de milliards ont été payés à titre de dommage et intérêts.
Est-ce qu’à chaque changement de régime, les gens sont libres de remettre en question les contrats qui ont été signés par le régime précédent, tout en sachant que ces procédures contentieuses vont coûter des centaines de milliards. Est-ce que l’Etat avait les moyens de remettre en question ce contrat et de se retrouver au tribunal avec des pénalités de centaines de milliards à payer, parce que simplement le frère du Président travaille pour le compte de cette société ? Je pense que c’est absurde. Même sur la question de la taxation, on dit que les impôts ne sont pas payés. Mais je rappelle que, dans le cas d’espèce, pour ce qui concerne le contrat de FAR et les transferts d’actions entre cette société et CAIRN ENERGY et CONOCOPHILIPS, il y a une transaction et une cessation, sans qu’on parle de taxation. C’est tout simplement parce qu’il y a le frère du Président dans une société qu’on veut en faire tout un tintamarre. Je pense que le mobile de l’agitation est simplement politique. C’est parce que les gens n’ont pas de sujets sur lesquels débattre. On n’est pas dans la force des propositions, on est dans la calomnie, la diffamation et la désinformation. Cela n’est pas à l’honneur des leaders de l’opposition.
Est-ce que ce débat entretenu sur le pétrole et sur le gaz est parti pour refléter une bonne image du président de la République et du Sénégal en général ?
Nous sommes tous des Sénégalais. Nous devons tous veiller à la préservation de l’image de notre pays, à la stabilité et à la paix sociale de notre pays. Cela incombe en premier lieu au chef de l’Etat. Il est aussi important que les acteurs qui sont en face aient un certain niveau politique et un certain niveau de responsabilité. Ce n’est pas le cas aujourd’hui de ceux qui sont dans l’opposition. Il y a une irresponsabilité totale dans les discours et les gens ne mesurent pas souvent les conséquences de ces discours sur les termes de l’investissement. Leurs objectifs simplement, c’est de faire peur et de faire fuir les investisseurs. Mais le Sénégal ne craint rien. Puisque tout l’argumentaire de leur discours est bâti sur le mensonge. Depuis la sortie du Premier ministre, de Frank Timis, l’opposition évolue dans son discours. Aujourd’hui qu’une plainte est annoncée, je pense que les gens entendront raison et véritablement, s’ils n’ont pas de preuves établies sur l’implication de Aliou Sall dans ces sociétés, ils devront arrêter la dénonciation calomnieuse.
Est-ce que les leaders de partis politiques qui sont visés dans cette plainte sont tenus de répondre au tribunal de Londres ?
Bien évidemment. Le monsieur est un homme d’affaires qui a des affaires partout dans le monde. Il ne peut pas être traîné dans la boue sans preuve. On est dans le cadre des affaires. Il faut rester dans le registre politique. La liberté d’expression n’est pas la liberté d’affabulation. Il ne faut pas simplement, parce qu’on est dans un pays démocratique où il y a la liberté d’expression, considérer cela comme de la liberté d’affabulation.
Le frère du Président Sall catalyse aujourd’hui toutes les discussions. Est-ce que Aliou Sall ne gagnerait pas à se faire un peu plus discret pour éviter le syndrome Karim Wade ?
Je crois que Aliou Sall est très conscient de tout cela. Il faut simplement relever que sa situation n’est pas du tout comparable à celle de Karim Wade. Aliou Sall n’est pas au cœur des affaires de l’Etat. Ici, on est dans le cadre d’un dossier purement privé. L’histoire ne se répète pas. C’est là où l’opposition n’est pas assez conséquent avec elle-même. La tentative de l’opposition de construire un autre nom, en voulant s’appuyer sur le cas Karim Wade qui, à un moment donné, a été une sorte de boulet pour Abdoulaye Wade, ne peut pas prospérer. Il faut qu’ils cherchent d’autres moyens d’accéder au pouvoir que de construire une réalité qui n’existe pas. Parce qu’aujourd’hui, Aliou Sall n’est pas au cœur des affaires de l’Etat. Tout démontre que Macky Sall n’a rien à voir dans ce dossier.
L’idée de couplage des élections est agitée par Djibo Leyti Ka, devenu entre-temps un allié du président de la République. Qu’en pensez-vous ?
Par principe et par conviction, je pense que le Sénégal est une démocratie qui a atteint un niveau où il faut qu’on arrive à stabiliser le calendrier électoral, qu’on ait un calendrier électoral immuable. Par conséquent, il faut que nous travaillions tous à ce que les élections se tiennent à date échue.
Pour l’opposition, cette sortie est un ballon de sonde lancé par le président de la République pour tâter le pouls de l’opinion sur un probable couplage des législatives de 2017 et de la présidentielle de 2019. Cela est-il possible ?
Djibo Ka est un homme politique averti, expérimenté et leader d’un parti politique souverain. Son parti est libre de faire une appréciation de la situation politique et de donner son opinion. A partir de ce moment, je dis ce que j’en pense. Mais je ne vois pas pourquoi on trouverait un lien entre le président de la République et la position d’un parti allié.
Comment voyez-vous le déploiement de l’opposition qui tente, depuis un bon moment, de s’organiser en mettant en place une nouvelle coalition ?
J’ai été dans l’opposition en tant que militant du Parti démocratique sénégalais. C’est regrettable aujourd’hui ce qui s’y passe. Il y a une crise dans l’opposition. Connaissant les acteurs, je ne crois pas qu’il y ait quelque chose d’absolument structurant ou de sérieux qui peut lier les différents animateurs de l’opposition. Aujourd’hui, quel est le lien idéologique ou doctrinal qui peut unir les différents acteurs du Front pour la défense du Sénégal/Mankoo wàttu Senegaal ? Je ne le vois pas. J’ai le sentiment que l’opposition sénégalaise est constituée simplement par un conglomérat de milliardaires et de rentiers oisifs qui ne savent pas quoi faire et qui, aujourd’hui, pour certains dont les intérêts sont menacés ou qui cherchent protection, se regroupent pour la défense de leurs intérêts.
A qui faites-vous allusion ?
Je fais allusion à l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, à Malick Gackou, etc. Tous ces leaders membres du Front sont des hommes d’affaires. D’ailleurs, est-ce que vous les entendez parler des problèmes des Sénégalais, de la préoccupation des Sénégalais de se loger, de se vêtir, de se soigner et de se nourrir ? Vous les entendez parler de l’éducation, de la jeunesse, de l’insertion des jeunes, de la santé, d’agriculture ? Non ! Eux-mêmes le disent, ils se regroupent sur la base de trois points. Mais ces trois points sont réglés. Sur la question de la défense des libertés, on ne peut pas nous dire que le Sénégal n’est pas un pays de liberté. Je dirais plutôt qu’ils se sont regroupés pour la défense de la liberté d’affabulation, la liberté de calomnier et la liberté de désinformer. Ils se battent pour cette liberté. Mais les syndicats fonctionnent normalement et font leurs revendications sans problème. Les manifestations qui entrent dans le cadre du respect de l’ordre public sont autorisées. Par essence, moi je dis que les manifestations doivent être autorisées.
L’opposition est une coalition de nains politiques. C’est dommage que les forces politiques traditionnelles, comme le PDS, le Rewmi et le Bokk gis gis se retrouvent dans cette dynamique. Il faut qu’on arrive à ce qu’il y ait une cohérence et une lisibilité dans le jeu politique. On ne peut pas admettre les coalitions hétéroclites que rien n’unit. Sinon, un seul mot d’ordre : nous avons un contentieux personnel ou nos intérêts sont menacés. Il faut que le Président parte. Il faut que le Président quitte le palais n’est pas un programme politique. Le Sénégal a atteint un niveau dans sa démocratie où les gens doivent être des forces de proposition, ils doivent construire une alternative. Mais aujourd’hui, dans l’opposition sénégalaise, je ne vois pas une force alternative. Le Sénégal est une démocratie majeure, nous avons réussi deux alternances démocratiques. Personne ne peut voler des élections dans ce pays. Il ne faut pas infantiliser la classe politique. L’opinion et les citoyens sont au-dessus de ces contingences partisanes. Aujourd’hui, il y a une maturité démocratique telle que les Sénégalais, le jour du suffrage, expriment librement leurs opinions et vaquent le lendemain à leurs occupations. Il ne faut pas que ces gens nous ramènent à un débat d’il y a 20 ans. La question du fichier électoral est réglée. Ce n’est pas un problème dans ce pays.
L’opposition prévoit une marche le 14 octobre prochain. Comment voyez-vous cette initiative ?
Ils sont libres de marcher. Je souhaite même que la marche soit autorisée. Nous n’allons pas suivre l’opposition dans cette diversion. Nous allons leur laisser les plateaux et l’agitation médiatique. Nous, nous travaillons véritablement. Nous aidons et accompagnons le président de la République à réussir son mandat. Nous entrons dans ce que j’appelle le second temps du mandat. Il faut accélérer les réformes. Il faut que les réalisations sortent. Il faut que le Président ait un bon bilan pour que les Sénégalais lui renouvellent leur confiance en 2019. Nous travaillons sur cela, sur la mobilisation de l’électorat sénégalais pour qu’ils sachent que Macky Sall est le meilleur candidat en 2019. C’est un président, c’est un patriote et c’est quelqu’un qui travaille pour l’intérêt des Sénégalais. Nous travaillons à ce que tous les esprits bienveillants animés par le désir de construction nationale accompagnent ce jeune président pour qu’il réussisse son œuvre à la tête du pays. C’est cela notre préoccupation.
Vous parlez de soutien au président. Comment est-ce que ce soutien se matérialise ?
Par principe, je suis contre la prolifération des mouvements et des partis politiques. C’est pourquoi j’ai fait une adhésion directe dans son parti. Le Président m’a exprimé le besoin que j’entre dans son parti. Il a dit qu’il avait besoin de moi dans son parti. A la base, je suis dans l’APR au niveau de Guédiawaye. Je suis bien accueilli par tous les responsables à la base. C’est l’occasion de les remercier pour le sens de l’ouverture et l’accueil qu’ils m’ont manifesté. Nous sommes en train de travailler à la consolidation de ce qu’on a trouvé sur place, mais aussi à l’ouverture et à la massification. Parce qu’aujourd’hui, il faut véritablement que le Président s’ouvre à d’autres forces pour pouvoir avoir une majorité confortable. C’est un défi et vous aurez, le 14, puisque ce sera une journée éminemment politique, une réponse à partir de Guédiawaye. Le département sera le vendredi 14 octobre, le déclencheur de ce qui sera la réponse que nous comptons apporter à l’agitation de l’opposition.
Qu’est-ce que vous comptez y faire ?
Il y aura un grand rassemblement autour du président de la République pour montrer qu’aujourd’hui, Guédiawaye est le point de départ de ce grand mouvement, avec la mise sur pied d’un cadre de concertation et d’action qui fédère au-delà de l’APR et de BBY, les Imams, les délégués de quartier, des forces citoyennes, des forces politiques qui sont dans l’opposition que ce soit de Rewmi ou du Pds. Au lieu de rester dans les médias à parler, nous voulons être sur le terrain, aller à la rencontre des leaders d’opinion et construire des plates-formes et des dynamiques qui transcendent toutes les organisations pour élargir la base sociale du président de la République pour lui permettre d’avoir la majorité en 2017 et d’être réélu en 2019.
Comment voyez-vous le bilan d’étape du président de la République ?
Je pense que globalement, tous les esprits lucides s’accordent à dire que le bilan est positif. Sur le plan économique, nous avons un net assainissement des finances publiques, une nette amélioration des agrégats macroéconomiques. Nous avons un taux de croissance soutenu à plus de 6%. Je pense que nous avons un élargissement de ce qui était en train de se faire dans le domaine de l’investissement avec un rythme extrêmement soutenu de réalisation d’infrastructures, à la fois en milieu rural qu’en zone périphérique et urbaine. Nous avons des investissements massifs dans le secteur de l’agriculture et dans le social. Rien que dans la loi de finance 2007, 40 milliards sont affectés aux bourses de sécurité familiale et à la Couverture maladie universelle. Nous avons aujourd’hui une politique qui est axée sur deux leviers : la redistribution sociale mais aussi un investissement soutenu pour créer de l’activité et doper la croissance économique. Il y a une volonté d’assister les couches sociales. C’est globalement positif et c’est pourquoi nous avons, sur la base de ce constat, quitté le terrain de la polémique stérile et de déconstruction pour accompagner le Président à consolider cela.