Le débat est installé, instillé par les déclarations gravissimes d’Ousmane Ngom incriminant Abdoulaye Wade, sur une éventuelle confiscation de victoire lors de la présidentielle de 2012. Les réfutations pleuvent comme celle véhémente de l’ancien ministre de l’Energie Samuel Sarr. Effet domino : les réactions entraînent d’autres sorties qui frisent une querelle de borne-fontaine, devant une opinion médusée par le peu de bonne foi manifeste de ces oisifs politiques. Si les propos de l’ancien ministre de l’Intérieur, sous Wade, avaient été lâchés dans un contexte normal, on aurait certainement pu crier haro sur le baudet, s’émouvoir, et charger l’ancien président de la République d’avoir mis la nation sénégalaise en danger par pur égoïsme.
Mais Ousmane fait cette sortie au moment où le pouvoir est dans les cordes. Il y a Petro-Tim, Aliou Sall, Franck Timis, Timis Corp., Kosmos Energy et tutti quanti. De ce fait, la question posée par une partie de la société civile et l’opposition politique pour que la lumière soit faite dans les contrats des ressources minérales semble être larguée au second plan avec ce mini-tsunami ‘‘Ousmane Ngom’’ qui s’accapare l’agenda médiatique et le replace sur l’échiquier. Lui qui commence à nous habituer au rôle de divertisseur politique. Depuis son interpellation sans ménagement à Kolda, à l’époque active de l’inquisition ‘‘bien mal acquis’’ (tiens ! elle est passée où celle là ?) et son ralliement maquillé à l’Apr, Ousmane Ngom semble être passé maître dans l’art d’allumer ailleurs un feu médiatique quand brûle la case de son nouvel allié politique.
Deux jours avant le référendum du 20 mars 2016, c’est une tentative de diversion terroriste à laquelle s’était livré l’ancien ministre libéral, alors que l’opposition harcelait le Président Sall, revenu sur sa promesse de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Pour défendre le camp qu’il allait rejoindre après la consultation sous la bannière LCK, c’est avec des arguments saugrenus et des prédictions lugubres qu’Ousmane Ngom avait défendu le vote positif dans une déclaration à la presse. ‘‘La déstabilisation est l’objectif visé par le front du NON (...) Ceci par la manipulation de l’opinion, l’intoxication, la création de milices, le recrutement de nervis, et même la collusion avec certains milieux jihadistes. Ce qui est extrêmement grave. C’est un coup de force, pour ne pas dire un coup d’Etat civil en gestation’’. L’opposition, incrédule, avait fait peu de cas de cette saillie.
Sa dernière sortie, par contre, démontre qu’Ousmane crapahute dans une logique du pire pour donner des gages de bonne foi au camp marron-beige. Toutefois, le choix de ses confidences-ci interpelle, du fait qu’il est dépositaire de nombreux secrets. Déjà on assiste à un grand déballage sur ce qui s’est passé ce jour-là dans le bureau présidentiel. Des choses qui ne devraient jamais se retrouver sur la place publique et qui interpellent sur la stature d’homme d’Etat de nos dirigeants.
Où se trouve la responsabilité dans tout ceci ? Apparemment, ces anciens tenants du pouvoir semblent oublier qu’ils sont, du fait de leurs anciennes fonctions, à certains égards, des garants de la stabilité du pays. Alors, lorsqu’Ousmane Ngom déclare : ‘’Si j’avais divulgué le centième des secrets que je détiens, c’est tout l’édifice de notre Etat, voire du pays, qui allait être ébranlé’’, nous voulons bien le prendre au mot.
En attendant, peut-être, les mémoires, ou une sortie médiatique du Président Wade sur l’authenticité des événements rapportés par son ancien numéro deux (jusqu’en 1998) et actuel contempteur, l’opinion devra subir stoïquement ce ping-pong verbal entre anciens caciques libéraux. A moins d’un nouveau rebondissement dans l’affaire Pétro-Tim.
TEGGI NDAWAL