Violence scolaireLa violence est récurrente en milieu scolaire au Sénégal. Les enseignants sont victimes d’agression physique et verbale. Les élèves, les parents d’élèves et les enseignants fournissent des arguments divers qui expliquent ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes.
L’école est le prolongement de l’espace familial. Elle est le lieu d’apprentissage et de socialisation. Ramatoulaye Diamé, élève au lycée John F. Kennedy, estime que les rapports entre enseignants et élèves doivent évoluer. Toutefois, elle pense qu’il faut conserver une distance. « L’école est notre seconde famille. Les enseignants sont des pères, des frères, des oncles et des sœurs avant d’être des transmetteurs de savoir. Les élèves doivent respect et considération aux enseignants. L’enseignant comme l’élève, chacun, a ses devoirs et ses droits à l’école », estime Ramatoulaye Diamé. Pour elle, chacun gagnerait à respecter les règles du jeu.
Chez les enseignants, ces comportements ne sont pas tolérables. Cette violence est la résultante des pertes de valeurs. « Je pense qu’il est temps de revoir l’éducation de base des jeunes, avec une responsabilité assumée des parents », insiste Khadiatou Thioune. Professeur de physique-chimie au lycée Ousmane Socé Diop, Mme Thioune s’érige contre ces attitudes qui menacent l’intégrité physique des personnes chargées de transmettre le savoir. « En tant qu’enseignante, je ne peux que dénoncer et regretter les actes de violence devenus récurrents à l’école. Ce qui s’est passé à Saint-Louis suscite beaucoup d’interrogations. Quelles que soient les raisons du différend qui oppose l’élève à son professeur, l’apprenant ne devrait pas se bagarrer avec son enseignante », confesse-t-elle, rappelant que l’école est un espace sacré d’acquisition du savoir, mais a aussi une mission de formation et d’éducation.
Le président de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (Fenapes), Djim Momar Cissé, déclare que rien ne saurait expliquer de tels écarts. « Ce qui s’est passé à Saint-Louis est déplorable et inquiétant. Il est inconcevable et inadmissible qu’un élève aille jusqu’à se battre avec son professeur ou son maître », déplore M. Cissé. Il remet sur la table les mécanismes internes devant aider à prévenir ces conflits. Il s’agit, entre autres, des textes administratifs, comme le règlement intérieur, le conseil de discipline, le comité de gestion et le gouvernement scolaire.
Connaître l’élève
« Toutes ces structures œuvrent pour un bon fonctionnement des établissements scolaires. En tout état de cause, avec la fréquence des altercations violentes, le rapport élèves-enseignants mérite d’être réajusté. Un réajustement qui passera, à coup sûr, par une formation des enseignants et des enseignantes », préconise Djim Momar Cissé, qui considère que la déontologie, l’éthique et la morale professionnelle constituent des piliers essentiels dans la formation initiale du métier d’enseignant. « L’enseignant doit connaître l’enfant avant de pouvoir l’enseigner. Ce qui suppose une bonne assise en psychologie et physiologie des jeunes. Au -delà de son rôle de transmetteur de savoir, l’enseignant est aussi un animateur, un formateur et un éducateur. Il constitue une référence, un modèle pour ses élèves », défend le président de la Fenapes. L’inspecteur de vie scolaire Saliou Ndiaye relève que ce n’est pas un phénomène nouveau, même s’il prend des proportions inquiétantes. Pour lui, la démission des parents est la source de tous les maux de l’école. Car, avance-t-il, « l’école est un lieu de socialisation, d’instruction et d’éducation. Mais le premier lieu d’éducation, c’est la famille ».
Ce qui le pousse à dire : « l’incident du lycée de Saint-Louis doit nous amener à nous poser la question, à savoir est-ce-que la famille sénégalaise n’est pas en crise au même titre que la société ? » De même, il ne sous-estime pas l’influence des médias sur les comportements des jeunes.