Les alliés du chef de l’Etat, Macky Sall, ne se sont pas emmurés dans un «silence troublant» concernant la question du pétrole et du gaz, avec notamment les supposée nébuleuse qui entoure le contrat entre l’Etat du Sénégal et Pétro Tim, dirigé par Aliou Sall, frère du président de la République. C’est du moins la conviction de l’Alliance des forces de progrès (Afp), par la voix du Directeur de son Centre de formation, documentation et communication (Cfdc), Mouhamadou Mawloud Diakhaté, ainsi que celle du porte-parole de la Ligue démocratique (Ld), Moussa Sarr. Interpellés à la suite de la sortie du journaliste formateur, Momar Seyni Ndiaye, tous promettent de se prononcer au moment opportun, sur la base d’une analyse approfondie et documentée sur ledit sujet. Ils invitent toutefois tous les acteurs à dépassionner le débat.
MOUHAMADOU MAWLOUD DIAKHATE, DIRECTEUR DU CFDC DE L’AFP : «L‘Afp ne s’est pas emmurée dans un silence irresponsable...»
Chaque fois que de besoin, l’Afp a fait preuve d’engagement et de loyauté vis-à-vis de Bby. Ce que les observateurs qualifient de «silence» des partis alliés dans l’affaire du pétrole doit être perçu à l’aune du mode de fonctionnement de chacune de nos formations politiques. Pour ce qui concerne l’Afp, le Conseil stratégies et actions (Csa) du Bureau politique (Bp), régulièrement convoqué, traite des questions politiques, économiques et sociales de l’heure et valide les manifestations que doit tenir le parti pour éclairer les militants et l’opinion publique. Ainsi, après avoir traité, il y a quelques semaines, des questions de l’aéroport Blaise Diagne et du Hcct, les cadres de l’Afp en marge de la tournée nationale commandée par notre Secrétaire général Moustapha Niasse, vont traiter de la question spécifique des « Energies fossiles au Sénégal ». Pour dire que nous avons un calendrier d’animation de notre parti et que nous ne devons, nous ne pouvons pas réagir à la manière d’un répondeur automatique aux interpellations des uns et des autres sur telle ou telle question de la vie politique nationale.
D’ailleurs, le Premier ministre et/ou le ministre en charge du dossier du gaz et du pétrole sont, me semble-t-il, assez outillés pour faire leur travail vis-à-vis de l’opinion. Je l’avoue, ce dossier a soulevé beaucoup de passions, de révélations de contrats passés, de décrets d’attribution publiés, de déclarations détonantes de certains membres de l’opposition, d’accusations portées contre le frère du président de la République, et tutti quanti. Au-delà de l’exercice de la démocratie, le Sénégalais est friand de buzz. C’est dans l’air du temps médiatique, dirais-je. Mais, tout ceci renforce in fine la maison Sénégal. Cependant, il est nécessaire de dépassionner le débat afin de préparer les jeunes aux multiples mutations qui sont en train de s’opérer dans notre pays, notamment à intégrer l’écosystème pétrolier dans les parcours académiques. En tout cas, l’Afp se félicite de la décision du président de la République au titre des textes législatifs et réglementaires, prise lors du Conseil des Ministres du 28 septembre dernier, de mettre en place un Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-PETROGAZ). Le débat devrait être clos!
Non, l’Afp ne s’est pas emmurée dans un silence irresponsable et ne saurait souffrir des turpitudes, s’il en est, de Bby. Il est grand temps de structurer cette coalition patriotique inédite afin de permettre aux partis alliés d’être au même niveau d’information et de prendre part de manière solidaire aux débats d’opinion qui traversent le pays.
Pour ce qui concerne les « interdictions systématiques de manifestation », c‘est un exercice difficile, pour un républicain, de commenter une décision administrative émanant de l’autorité préfectorale. Le Préfet ou le sous-préfet détient des éléments d’appréciation de l’état de l’environnement sociétal et il est à même de juger, en toute impartialité, de la possibilité de tenir ou non une manifestation publique. Il a un devoir de prévention du danger et une obligation de protection des biens et des personnes.
MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE DE LA LD : «La Ld a fait le choix d’inscrire dans son action politique la liberté de se prononcer sur toutes les questions...»
A propos du prétendu silence des alliés, je dois souligner que la Ligue Démocratique a fait le choix d’inscrire dans son action politique la liberté de se prononcer sur toutes les questions d’intérêt national et de rendre publique, à temps opportun, une position documentée. Cela depuis toujours! Et les observateurs honnêtes peuvent en témoigner. En effet, la Ld est un parti sérieux et responsable qui s’interdit de se laisser emporter par la pression des évènements. C’est pourquoi à propos du débat relatif à la question extrêmement complexe de la gestion des ressources naturelles du pays, nos camarades spécialistes en hydrocarbure et autres juristes vont alimenter la position politique du parti qui sera communiquée à un moment que nous jugerons utile.
Mais d’ores et déjà, je soutiens que si nous voulons éviter à notre pays les tragédies auxquelles la gestion des ressources naturelles a conduit dans certains pays, nous devons aborder cette question avec beaucoup de circonspection et esprit de responsabilité. Il ne faut pas en faire un sujet de politique politicienne. Au contraire, nous devons réaliser les conditions d’un consensus autour de la gestion de nos ressources. Ce qui est en jeu, ce ne sont pas nos ambitions individuelles mais plutôt l’avenir du pays et celui de nos enfants. Nous appelons donc tous les acteurs à éviter toute passion et à faire preuve de prudence et de vigilance.
En revanche, sur la liberté de manifestation, la position de la Ld est invariable. Nous soutenons le droit pour tous les citoyens d’exprimer librement leurs points de vue, à travers des déclarations, des marches ou autres rassemblements. C’est aussi cela le signe de la maturité de la démocratie sénégalaise».