Diverses activités sobres, mais très évocatrices, sont organisées partout dans la région de Sédhiou à l’occasion de la Journée mondiale de la femme célébrée samedi dernier 8 mars. Le diagnostic dévoile des écueils de taille qui annihilent les efforts de l’émancipation de la femme surtout celles établies en milieu rural. Des réflexions sont engagées et les perspectives rassurantes pour hisser ces couches vulnérables vers les plates formes de prise de décision politico sociale.
La région de Sédhiou a célébré la femme ce samedi en ce jour qui lui est dédiée de par le monde. A l’hôtel de ville, une conférence autour du thème «Femme et leadership politique» a réuni les différents acteurs sur les enjeux et voies à explorer pour arriver à hisser la femme au devant des instances de prise de décision et un accès équitable à la terre. Mme Kébé Amy Dieng, le point focal genre à l’Agence régionale de développement (ARD) de Sédhiou et co-animatrice avec Youssouph Dia de la conférence, a expliqué que «ce thème est d’une importance capitale pour davantage sensibiliser les femmes à passer de l’étape de la figuration à l’action directe au niveau des instances de prise de décision. Et comme nous nous acheminons vers les élections locales, il urge de les préparer à faire face à ces enjeux».
Certes, des pas de géant sont notés dans l’amélioration des conditions de l’émergence des femmes dans la région de Sédhiou, mais le chemin à parcourir est encore long et parsemé de pesanteurs socio culturelles. Chérif Badji, le chef du Service régional du développement communautaire de Sédhiou souligne que «la femme continue à subir le dictat de l’homme. Leur voix n’est pas importante alors qu’elles doivent être associées aux concertations. Les pesanteurs socio culturelles persistent dans ces zones de la région de Sédhiou. Mais le combat se poursuit et de façon progressive, les choses vont changer», dit-il.
Autre rencontre, autre préoccupation concernant la gent féminine. Au nouveau lycée de Sédhiou, l’Inspecteur d’académie Baba Diassé a animé une conférence publique sur les violences en milieu scolaire. A cette occasion, des questions sont soulevées autour du leadership féminin dont la réalisation passe, dit-on, par l’accès et le maintient des filles à l’école, la proscription de toutes formes de brimade notamment les mariages et grossesses précoces.
Marsassoum engage la bataille
Les femmes de la commune de Marsassoum ne veulent plus jouer les seconds rôles dans la gestion des affaires de leur cité. En route vers la création de créneaux porteurs de revenus en vue d’une autonomisation financière, ces femmes réclament un accès équitable à la terre articulé au petit commerce pour éradiquer les trappes de pauvreté dans cette partie du Diassing. Mme Iradiang Combé Mbaye, la coordinatrice de l’Alliance pour la république (APR) de Marsassoum a fait remarquer que «l’accès à la terre relève d’une grande peine pour nous les femmes de Masassoum. Même les veuves n’héritent pas des terres de leur défunt époux. Cela constitue un écueil de taille vers l’exploitation agricole devant aboutir à générer des revenus pour nous femmes».
Au plan social, l’accès aux soins de santé et les évacuations d’urgence tournent quelques fois au cauchemar, selon Mme Ndèye Khady Dieng, la présidente des Groupements de promotion féminine et présidente du Comité consultatif des femmes de Marsassoum. «Le poste de santé de Marsassoum n’arrive plus à assouvir la demande générale des populations. L’accès aux soins de santé primaire pose problème tant le niveau de pauvreté est élevé ici. S’y ajoute l’ambulance de marque R4 qui n’est plus opérationnelle alors que nous sommes enclavés de toutes parts. Aussi, voudrions nous que le nombre de lits soit augmenté pour mieux accueillir les patients malades ou femmes enceintes».
Le FONGIP à la rescousse
Le responsable du réseau ouest littoral et le Sénégal oriental du FONGIP (Fonds de garantie des investissements prioritaires) non moins acteur politique à Marsassoum s’engage à soutenir ces femmes. «Ces femmes de la commune de Marsassoum et même, au-delà, du Diassing et du Boudié, sont de braves actrices de développement. Elles ont des idées et sont entreprenantes, c’est la raison pour laquelle j’ai pensé faire un come-back dans mon Marsassoum natal pour m’investir dans le développement. Aussi bien pour le compte du FONGIP que d’autres créneaux, nous allons ensemble déployer des efforts pour relever les défis de la lutte contre la pauvreté», a déclaré Idriss Diallo.
«Siggil Jiguen» outille des femmes pour l’accès à la terre et à l’état civil
Par ailleurs, Idriss Diallo invite le Chef de l’Etat, Macky Sall, à accéder à la demande des populations pour la construction du pont sur le fleuve qui les sépare de la zone du Fogny et des Kalounayes ainsi que la baisse des taux d’intérêt notamment dans la libération des lignes de crédit au titre du Fonds de garantie des investissements prioritaires.
Dans un tout autre registre, les femmes membres du réseau «Siggil Jiguen» ont déroulé des modules de formation en technique de communication sous l’égide du RADI pour l’accès à la terre mais aussi à l’état civil ainsi que le crédit et le bannissement des actes de violence. Elles sont appuyées par New Field dans le cadre de leur partenariat avec le Comité d’appui et de soutien pour le développement économique et social de la Casamance (CASADES). Sa coordinatrice Mme Yadicone Sané Diatta a fait savoir que «ce programme n’était jusqu’ici exécuté qu’à Ziguinchor depuis 2009, mais il vient d’être étendu à la région de Sédhiou pour mieux prendre en charge les besoins des femmes de la région. Les para-juristes qui sont ainsi formées vont démultiplier les connaissances acquises dans leurs localités respectives».
A signaler que toujours dans la dynamique de soutien à la femme, le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance a octroyé, la semaine dernière, des financements à 126 bénéficiaires de la région de Sédhiou en vue de leur autonomisation financière et l’accroissement de leur responsabilité.