L’ONG de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs (CICODEV) Afrique a publié hier une enquête sur la Couverture maladie universelle (CMU) effectuée dans dix localités couvertes par le projet.
Dans le cadre de sa campagne ‘’Pérennisons la CMU’’, l’ONG de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs (CICODEV) Afrique, de concert avec ses partenaires, a mis en place des observatoires de la CMU dans 10 localités du pays (Dakar Ville, Dakar Banlieue, Fatick, Saint-Louis, Kébémer, Commune Diokoul Ndiawrigne, Tambacounda, Kédougou, Kolda et Ziguinchor). En effet, le Programme national de bourses familiales prévoit d’enrôler 250 000 ménages de 2013 à 2016. Ainsi, l’enquête-observation menée de juillet à août 2016 a fait une évaluation de l’Effectivité de l’enrôlement et de la prise en charge des Ménages Bénéficiaires des Bourses de Sécurité Familiale (MBBSF) dans les mutuelles de santé communautaires dans ces 10 localités couvertes par le projet. Les résultats de cette étude sont très mitigés.
Ils révèlent que, dans 48% des localités concernées par l’étude, il n’y a pas de mutuelle de santé fonctionnelle au moment de l’observation. Il s’agit des communes de Thiaroye gare, Tambacounda, Kédougou, Kébémer, Bambilor, Dindifélo, Diokoul et Koussanar. Seules 16% des communes où l’observation a eu lieu disposent de mutuelle de santé ayant déjà enrôlé les ménages bénéficiaires de bourses de sécurité familiale (MBBSF). Il s’agit de Fatick (mutuelle Aar sa njaboot), Ziguinchor (mutuelle de la commune de Ziguinchor) et Niaguiss (mutuelle de Niaguiss). Parmi ces ménages bénéficiaires, 58% ayant sollicité les services et prestations de leur mutuelle ont déclaré être totalement satisfaits ; 33,5% se disent satisfaits. Par contre, 8,5% déclarent n’avoir pas été satisfaits des services.
52% des mutuelles réalisées sont fonctionnelles
Le rapport s’est aussi intéressé au financement. ‘’Les mutuelles nous ont dit qu’elles n’ont toujours pas reçu leur financement pour prendre en charge les gens qui sont malades. En tout cas, à la date d’hier (avant-hier jeudi), elles n’avaient pas reçu leur subvention. Je persiste et signe sur cela. C’est bien de faire 600 mutuelles. C’en est une autre de les financer’’, déclare Amadou Kanouté, secrétaire exécutif de la CICODEV. Il renseigne que 52% des mutuelles réalisées sont fonctionnelles. Dans 84% des communes visitées, les MBBSF ne sont pas encore enrôlées dans les mutuelles de santé pour diverses raisons. Notamment, à cause de la non-réception de cette subvention ciblée qui est le montant global de la cotisation annuelle des différents membres de MBBSF que l’Etat verse aux mutuelles afin qu’ils puissent bénéficier gratuitement de soins dans les structures de santé. Le rapport indique aussi que 78,4% des enquêtés ne sont pas encore enrôlés dans une mutuelle de santé.
‘’L’examen des résultats révèlent que seulement 7% des ménages ayant eu un de leurs membres tombé malade n’ont pas observé un délai d’attente avant de bénéficier des services et prestations de leur mutuelle. Ce qui est contradictoire à la norme : plus de la moitié, 53% ont attendu un mois, 7% deux mois et 33% ne se souviennent plus du délai qu’ils ont attendu. Seuls 33% des ménages ont leur malade référé à un hôpital’’, lit-on dans le rapport. En effet, selon le document, les MBBSF ne sont pas concernés par le délai d’attente. Ils ont la possibilité de bénéficier des services et prestations de leur mutuelle dès leur enrôlement.
Institutionnalisation
Ainsi, pour la survie de la Couverture maladie universelle (CMU), CICODEV demande qu’elle soit portée par une loi. ‘’Il nous faut une loi pour pérenniser la Couverture maladie universelle. Ainsi, aucun autre régime dans le futur ne pourra le supprimer, une fois au pouvoir. Sinon cela risque d’être dur pour les bénéficiaires, si cette agence n’existe plus. Il faut que cela soit institutionnalisé et sous forme de loi. Ce sera une avancée sociale. Les députés ont promis de la voter une fois que le projet leur sera soumis’’, révèle Amadou Kanouté. Selon le secrétaire exécutif, la CMU est informelle dans son état actuel, alors que seule une loi peut la rendre formelle. Il s’est dit s’inscrire en faux contre ceux qui disent que ce n’est pas risqué de ne pas l’institutionnaliser.
‘’Il faut en faire une loi et la sécuriser. Ainsi, les futurs députés ne pourront pas revenir sur cette avancée sociale. Sans une loi, n’importe quel régime pourra l’enlever. Ce genre de projet, tous les citoyens en ont besoin, donc il faut les mettre à l’abri. S’il y a une loi, personne ne pourra la toucher. Et puisque notre actuelle Assemblée nationale est prête à la voter, il faut en profiter pour le faire et dès la prochaine rentrée, car les prochaines élections législatives sont prévues dans quelques mois’’, poursuit M. Kanouté.