L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV) a dit vendredi militer pour l’institutionnalisation de la Couverture maladie universelle (CMU) par le biais d’une loi, en vue de la protéger d’éventuelles initiatives ’’politiciennes’’ qui tendraient à la remettre en cause.
"Nous nous sommes dit qu’il faut que la Couverture maladie universelle soit institutionnalisée pour que ça devienne un droit, car c’est une avancée sociale" et un acquis en matière de protection sociale, a déclaré le directeur de la CICODEV, Amadou Kanouté, au cours d’une rencontre de pérennisation des résultats de la CMU, tenue à Dakar.
"Si vous avez un droit qui est reconnu sous la forme d’une réglementation, il vous est possible de l’opposer aux pouvoirs publics", a-t-il dit en allusion à l’initiative portant sur la CMU, lancée par le gouvernement du Sénégal en septembre 2013.
Selon le directeur de la CICODEV, la CMU, en l’état actuel des choses, constitue une initiative "informelle car un autre régime peut venir et l’arrêter voire même la supprimer".
"C’est pourquoi, nous disons qu’il nous faut une loi pour institutionnaliser la Couverture maladie universelle" et "la mettre à l’abri d’une éventuelle possibilité de suppression’’, en rapport avec des initiatives relevant de "politiques politiciennes", a indiqué Amadou Kanouté.
"Nous avons jusqu’à présent une oreille attentive de l’Etat, car nous ne sommes pas dans une bataille de paternité mais dans la lutte pour la consolidation des acquis", a-t-il dit.
Les parlementaires, pour l’essentiel, sont favorables à l’adoption d’une loi institutionnalisant la CMU, si l’on en croit M. Kanouté. "C’est le moment ou jamais, car rien ne dit que les mêmes députés seront là après l’élection législative de 2017. Donc il faut battre le fer pendant qu’il est chaud", a-t-il poursuivi.
Le gouvernement sénégalais a assigné au ministère de la Santé et de I’Action sociale, chargé de sa mise en œuvre, un objectif intermédiaire de couverture de 75% de la population à l’horizon 2017.
La décision du Sénégal de mettre en place une CMU s’inscrit dans le cadre d’une dynamique internationale en cours, faisant de cette trouvaille un outil institutionnel permettant aux pouvoirs publics de parvenir à des systèmes efficaces de financement de la santé.
La 58e Assemblée mondiale de la Santé avait par exemple adopté à l’unanimité, en 2005, une résolution demandant aux pays membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de développer des systèmes de financement de la santé pour garantir à leur population un accès équitable à des services de santé de qualité.
Dans cette perspective, le 6 décembre 2012, la 67e session de l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution sur la Couverture sanitaire universelle, laquelle appelait chaque Etat membre de l’ONU à éviter de recourir au paiement direct des soins par les usagers et à financer son système de santé par le biais de mécanismes plus équitables et solidaires.