Après avoir brossé un état des lieux implacable de la situation des droits de l’Homme dans son pays, le président de l’Initiative de Résurgence du Mouvement abolitionniste (IRA Mauritanie) s’est insurgé hier à Dakar, au cours d’une conférence de presse, contre le silence coupable des chefs d’Etat africains sur ce qui se passe chez leur homologue mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz.
‘’L’esclavage et l’apartheid sont des crimes contre l’humanité. On ne peut pas s’indigner contre l’apartheid en Afrique du Sud et le combattre et se taire sur ce qui se passe en Mauritanie‘’, a interpellé le président de l’IRA, Biram Dah Abeid, sur un ton guerrier, en conférence de presse. Ce dernier estime que l’indifférence coupable des chefs de gouvernement africains sur les pratiques esclavagistes en Mauritanie est inacceptable. Venu apporter son soutien à M. Biram, le secrétaire général de la Rencontre africaine de défense des droits de l’Homme (Radho) a rappelé que la création même de la Raddho s’inscrivait dans le contexte de crise qu’a vécue la Mauritanie dans les années 80, avec le conflit entre le Sénégal et la Mauritanie qui était une sorte d’épuration ethnique perpétrée par les Arabo-berbères.
Aboubacry Mbodj a réitéré sa détermination à poursuivre le combat pour l’abolition des pratiques esclavagistes aux côtés des organisations mauritaniennes et internationales de défense de droits de l’Homme et auprès des Etats. ‘’Il faut que l’Union africaine, dont la Mauritanie est Etat partie, puisse intervenir pour soutenir le mouvement de la société civile, l’Ira, qui veut la libération de la Mauritanie et le respect de la dignité humaine’’, a-t-il lancé.
Revenant sur les 13 militants de l’IRA emprisonnés en Mauritanie, le candidat malheureux à la présidentielle du 21 juin 2014 a renseigné qu’à l’aube du mercredi 28 septembre 2016, ces détenus ont été nuitamment envoyés dans le bagne Bir Moghrein, à l’extrême nord du pays. Condamnés pour délits d’opinion, ‘’dans un simulacre de procès’’, à des peines allant de 3 à 15 ans de prison, ‘’ils ont tous enduré des privations et des sévices physiques et psychiques’’, a-t-il ajouté. Actuellement, les 13 détenus ont été, sur instruction personnelle du président Mohamed Ould Abdel Aziz, transférés au centre minier de Zouérate. ‘’Ce lieu de relégation, de sinistre notoriété, se situe au milieu d’un no man’s land désertique d’accès ardu, dont la traversée ne manque pas de périls, lieu de prédilection des terroristes et autres milices de criminalité transnationale, à la croisée des trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains, de contrebande de cigarettes et de carburant’’, s’inquiète l’opposant.
Arrivé 2ème avec 8,67 % derrière le président Mohamed Ould Abdel Aziz à la dernière présidentielle du 21 juin 2014, Biram n’a pas manqué de rappeler son projet politique pour la Mauritanie. ‘’Nous n’identifions pas les crimes commis en Mauritanie à la communauté arabo-berbère, ni à une ethnie, mais à ceux qui les ont commis et qui sont connus’’, a-t-il lancé. D’ailleurs, dit-il, beaucoup de Mauritaniens de la communauté arabo-berbère ayant rejoint l’IRA font l’objet de pression, de tortures et d’exclusion. Parmi les objectifs que l’IRA s’est assignés, il y a l’abolition de l’esclavage et du racisme, la fin de l’ostracisme de certains Mauritaniens à cause de leur opinion, l’arrêt des assassinats collectifs et des déportations en masse, ainsi que les radiations massives injustifiées dans la fonction publique.