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Commémoration 30 ans de San Egidio à Assise : Penda Mbow invite à «scruter l’impact des traites saharienne et atlantique»
Publié le jeudi 29 septembre 2016  |  Le Quotidien
Penda
© aDakar.com par DF
Penda Mbow
présidente du Mouvement citoyen




Du 18 au 20 septembre derniers, plusieurs personnalités du monde ont pris part à la commémoration des 30 ans d’existence de la communauté de San Egidio à Assise, où elle est née sous la houlette du Pape Jean Paul II, en 1986. (Ndlr, Assise est la ville de Saint Fran­çois (1181-2, m en 1226), inspirateur du dialogue inter-religieux, mais au­s­si de l’ordre des frères mineurs ou Francis­cains).

Le Pr Penda Mbow qui a pris part à la commémoration des 30 ans de San Egidio à plusieurs titres : personnalité intellectuelle, Prof. d‘histoire du moyen âge, personnalité politique doublée d’un fort engagement en faveur de la paix à travers le dialogue islamo-chrétien, «grande militante de la société civile sénégalaise et africaine et qui a reçu de nombreuses distinctions dont le Prix Jean Paul II pour la paix», renseigne que «cette rencontre de très haute portée, marquée par un contexte de guerre mondiale localisée (Syrie, Yémen, Soudan, Libye…), mais aussi d’actes terroristes impliquant toujours une dimension religieuse, a vu la participation de religieux des différentes communautés monothéismes, mais aussi des bouddhistes, hindouistes zoroastriens, etc.». La cérémonie de clôture, présidée par le Pape François à la basilique Saint François, a d’ailleurs été marquée par «une certaine originalité» : «Après le déjeuner, les différents groupes religieux se sont regroupés pour prier. Les musulmans sunnites, chiites y compris les druzes ont prié ensemble pour la paix.»

L’apport de l’Afrique au triomphe du capitalisme
Cette conférence d’Assise avait comme principal thème «Soif de paix. Religions et cultures en dialogue». Outre l’aspect religieux, des thèmes ayant trait à la migration, la situation des réfugiés, des droits et comment humaniser les prisons, certaines expériences démocratiques comme celle de la Tunisie, la pauvreté dans le monde, l’avenir de notre planète… ont été abordés. «Il y avait 29 panels», renseigne le Pr Penda Mbow qui précise qu’elle a participé à un panel qui a porté sur «Les défis d’une Afrique globalisée» et qu’elle a dans sa communication tenté d’attirer l’attention sur «le tribut payé par l’Afrique sur une très longue durée à l’économie monde, selon la conception braudelienne». «Dès le moyen-âge, l’Afrique noire, grâce à l’or du Soudan, a permis aux empires musulmans (Ommeyyade et Abassides) et aux Levantins d’asseoir leur suprématie sur la Méditerranée. L’établissement des comptoirs européens à partir du 15e siècle sur les côtes africaines et le développement du mercantilisme ont fini par installer une exploitation des ressources du continent de façon massive et continue», a expliqué le Pr Mbow. Elle indique qu’«on oublie trop souvent l’apport de l’Afrique au triomphe du capitalisme et qui se trouve à la base de la plupart de ses handicaps actuels». «Tout en luttant contre la victimisation, une implication de tous ceux qui ont tiré profit des ressources et des fils du continent est nécessaire», a relevé Penda Mbow dans sa communication, mentionnant également qu’«il demeure impératif de scruter l’impact des traites saharienne et atlantique, les méfaits de la balkanisation (exemple de la Gambie et la discontinuité du territoire sénégalais avec comme corollaire la crise casamançaise), la détérioration des termes de l’échange, etc.». Pour le Professeur d’histoire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, «le continent recèle de réels motifs d’espoir comme la jeunesse de sa population, ses importantes ressources, les possibilités du développement de l’agriculture, mais le continent attend aussi son plan Marshall, une redéfinition des équilibres».

La «haute estime» du Pape François pour le Sénégal
Outre cette rencontre d’une importance capitale, l’historienne et non moins ministre conseillère du président de la République a pu rencontrer le Pape François. «Nous avons pu mesurer toute l’humilité du Pape François. En échangeant un peu avec lui, nous avons compris qu’il porte en haute estime le Sénégal et son Peuple. Nous en profitons pour partager cet instant de joie avec nos compatriotes chrétiens. Le modèle sénégalais reste encore une référence dans le monde», souligne le Pr Mbow qui ne manque pas de rappeler qu’à cette rencontre de portée mondiale, «la Casamance fut citée parmi les régions du monde pour lesquelles on a prié pour qu’elle retrouve une paix définitive, car la communauté de San Egidio s’est impliquée dans la recherche de la paix pour cette région du Sénégal».
«…Depuis le temps que nous nous intéressons aux religions, même si nous avons eu des expériences exceptionnelles, c’est pour la première fois que nous nous retrouvons en face d’un nombre aussi impressionnant d’autorités religieuses réunies autour d’un seul but : la recherche de la paix et un meilleur devenir du monde», a encore magnifié Penda Mbow qui rend hommage à la communauté San Egidio. «Même portée sur les fonts baptismaux par le Pape Jean Paul II, elle demeure néanmoins une organisation de laïcs, engagés dans la recherche de la paix et la justice à travers le monde. On y côtoie des princes comme des gens simples, des riches comme des moins riches. Elle assiste les émigrés… Après cette rencontre, nous sommes encore plus convaincus que personne n’a le droit de se battre pour ses croyances, sa foi ou religion. La vraie foi rime avec paix, sérénité ou encore rahma, miséricorde», conclut-elle
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