Le préfet du département de Mbour a décidé d’interdire la sortie du kankourang pour la deuxième fois, après les dernières violences qui ont secoué la communauté mandingue à ce propos et qui ont provoqué un bain de sang.
Le préfet du département de Mbour, Saër Ndao, a pris un arrêté hier pour interdire la sortie du kankourang au niveau du département de Mbour. Une décision prise suite aux violents affrontements qui ont eu lieu ce dimanche dans les rues de Mbour entre «selbés» de la collectivité mandingue et leurs frères dissidents du «leul» de El Hadji Ibrahima Cissé situé au niveau du quartier Oncad ayant causé une quinzaine de blessés graves entre les deux camps. Selon le préfet du département, ce qui s’est passé ce dimanche est de trop. «Des gens se sont attaqués à un citoyen. Étant le garant de l’ordre public, j’ai demandé à la police de s’interposer. J’ai également demandé à la police de disperser tout attroupement par la force. Ils ont essayé de jeter des pierres, on a géré la situation», explique le préfet. Qui poursuit : «On parle d’incident, mais ce qui s’est passé hier c’est des actes d’indiscipline et de vandalisme par des jeunes qu’on dit appartenir à la collectivité mandingue. Et cette responsabilité je l’impute du bureau de la collectivité mandingue parce que ce sont eux qui ont déposé une demande d’autorisation pour sortir le kankourang. Donc, c’est à eux de s’occuper de la sécurité. Deuxièmement, ceux qui ont perpétré ces actes sont des ‘’selbés’’ (les maîtres d’initiation) qui sont venus des ‘’leul’’ (lieux d’initiation)».
Ces actes, indique-t-on, ne resteront pas impunis, car les auteurs seront traqués, poussant du coup le préfet à prendre la décision d’interdire la sortie du kankourang. «L’histoire me donne raison, les renseignements eus auparavant confirment ce qui vient de se passer. Donc, j’ai pris un arrêté d’interdiction totale du kankourang et de toutes activités y afférentes dans le département de Mbour, portant N° 16-595 DB/P/SP du 26 septembre 2016», annonce l’autorité administrative. Qui ne peut s’empêcher de rappeler avec fermeté : «J’avais dit jusqu’à nouvel ordre et cette fois-ci je dis désormais, et c’est catégorique, il y a lieu de restaurer l’autorité qu’il faut dans cette ville où chacun veut faire ce qu’il veut. Mbour ne peut plus contenir le kankourang. On doit laisser les gens vivre leur liberté, pas question de prendre des citoyens en otage le dimanche.» Il a demandé également aux parents d’aller récupérer leurs enfants au niveau des «leuls» car, dira-t-il, ils sont guéris et que des mesures seront prises pour surveiller les «leuls». A en croire le préfet de Mbour, une enquête est ouverte pour désigner les responsables.
Les deux camps, qui se regardent en chiens de faïence, sont divisés sur la sortie du kankourang. En effet, la Collectivité mandingue a toujours refusé à El Hadji Ibrahima Cissé l’autorisation de sortir le kankourang. Une décision bravée par ce dernier qui dit détenir une autorisation de l’autorité.
Pour calmer les ardeurs, le préfet avait pris un arrêté interdisant la sortie du kankourang au niveau de la voie publique et des espaces publics du département de Mbour. Mais suite à une médiation du maire de Mbour, les deux parties avaient trouvé un accord qui ne sera jamais respecté et cela a abouti d’ailleurs à un affrontement le 4 septembre dernier lors de la sortie du kankourang quand les «selbés» de la Collectivité mandingue ont voulu attaquer le «leul» de Cissé au quartier Oncad. Le bilan est d’une arrestation et de 4 blessés graves parmi les «selbés» de la Collectivité mandingue.
Le préfet avait promis de prendre des mesures, mais face à la violence et au sang qui a coulé dimanche dernier - des jeunes se donnant même le luxe de s’attaquer au commissariat de police - l’autorité préfectorale a pris tout bonnement la décision d’interdire la sortie du kankourang.