La sortie du Kankourang, personnage masqué faisant partie du rituel qui accompagne les fêtes organisées autour de la circoncision dans les communautés mandingues, a été interdite à Mbour, selon un arrêté préfectoral rendu public dans cette ville située à 80 km au Sud de Dakar.
Pris lundi par le préfet Saer Ndao, l’arrêté fait suite à des échauffourées survenues dimanche entre deux camps de la communauté mandingue de Mbour, ville située sur la petite côte.
Plusieurs blessés dont certains dans un état critique ont été comptabilisés à l’issue de ces affrontements qui ont opposé deux camps qui se disputent le Kankourang : l’un milite pour le maintien de son caractère ésotérique et l’autre pour sa popularité.
Présageant les problèmes, le préfet avait dans un premier temps interdit la « sortie du Kankourang sur toute l’étendue du territoire du département de Mbour », avant de l’autoriser après d’incessantes demandes de la communauté mandingue.
Dans son nouvel arrêté, il s’est montré catégorique : «A compter du dimanche 28 septembre et ce jusqu’à nouvel ordre, la sortie du Kankourang et toutes les manifestations y afférentes sont formellement interdites sur la voie publique, dans tous les lieux et espaces publics du département de Mbour pour menaces sérieuses de l’ordre public».
« Toute infraction au présent arrêté sera punie des peines prévues par le code pénal et la loi relative aux réunions », note l’arrêté.
Personnage mythique qui à son apparition est couvert de fibres extraites d'écorces d'arbre rouge, le Kankourang joue un rôle de régulation et de préservation des valeurs sociales au sein de la communauté mandingue.
Originaire de l’ancien royaume du Kaabu, ce personnage est très craint, du fait qu’il peut se montré violent à l’égard des populations quand il parcourt les rues pour protéger les jeunes circoncis pendant leur initiation.
La sortie du Kankourang se déroule sur 30 jours (4 dimanches successifs et presque toutes les nuits), de préférence juste avant le Ramadan (en général au mois de septembre).
En 2005 le Kankourang a été élevé au rang de patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l’UNESCO, même si l'urbanisation croissante et le tourisme grandissant sur la Petite côte lui ont ôté tout caractère ésotérique, transformant ses sorties à des moments de terreur pour les populations.
TE/cat/APA