La République est sortie de son mutisme presque complice après le drame de Rebeuss. Après la visite du procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, accompagné du Doyen des juges et du juge du 7e cabinet vendredi passé, le ministre de la Justice s‘est rendu à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss afin de s’entretenir avec les détenus. Le garde des Sceaux «veut que tout soit dans la transparence» bien qu’interdisant l’accès à la réunion aux journalistes pour «respecter la dignité humaine». Sur place, il a pu constater les conditions de détention en cette période de forte canicule.
Cette rencontre a permis aux prisonniers de réitérer au garde des Sceaux leurs revendications : la fin des longues détentions, la permanence des Chambres criminelles et un armistice de surpeuplement. Me Kaba répond : «Les permanences des Chambres criminelles auront au moins trois sessions d’ici la fin d’année. Nous aurons des Chambres criminelles beaucoup plus permanentes, si le Conseil des ministres adopte le projet de Code pénal et de Code de procédure pénale le 28 septembre.» Bien sûr, cette permanence des Chambres criminelles est conditionnée à une multiplication des Cours d’appel qui sont encore au nombre de quatre. Dans ce dessein, le ministre de la Justice annonce une, fonctionnelle à Ziguinchor, qui existe de nom depuis plusieurs années. «La région de Sédhiou, de Tamba, de Kolda, toutes ces affaires étaient jugées au niveau de Dakar (…) Avec l’installation de cette Cour, c’est l’autonomie judiciaire», a-t-il annoncé.
Quid du surpeuplement carcéral ? Il annonce la construction de 2 prisons dont une de 500 places à Sébikotane. «D’ores et déjà, nous avions pris l’avance de construire une prison dans l’ancienne qui va finir au mois de janvier et qui fait 500 places», rappelle-t-il. Il annonce l’existence d’une boulangerie construite avec la coopération française au Camp pénal, l’inauguration le 11 octobre d’un centre de santé, la dotation du centre médico-social de l’Administration pénitentiaire d’une chaise dentaire et le recrutement de 40 magistrats pour améliorer la situation des détenus.
Les mauvaises conditions de détention avaient poussé les détenus à se mutiner en mettant sens dessus-dessous 100 m2. Sur place, le ministre de la Justice a salué la bravoure de ses hommes. Il a félicité «les 44 surveillants qui ont géré avec professionnalisme les 2 090 détenus (…) Ce qui s’est passé aurait pu être un drame. Et si les détenus s’étaient évadés, ça aurait été un danger pour tout le quartier». Toujours est-il qu’«il y a 27 blessés dont 14 du côté de l’Administration pénitentiaire et un mort identifié, Ibrahima Fall», a reconnu Sidiki Kaba qui refaisait le bilan de la mutinerie : «3 personnes reçoivent des soins au pavillon spécial», informe Me Kaba qui annonce qu’une autopsie sera faite aujourd’hui pour les besoins de l’enquête ouverte pour déterminer les circonstances de décès du détenu.