Mouhamed Lamine Massaly, qui dit avoir été écarté de l’élection des hauts conseillers à Thiès, qualifie d’«humiliation» la défaite du Pds et ses alliés. Il estime que ce ne sont pas les réunions de bureau, les hôtels et les voyages qui battront le régime «dictatorial» de Macky Sall. Le «Wadiste» soutient également que la sortie de Pape Samba Mboup lui a fait «très mal».
Benno bokk yaakaar a laminé votre coalition Alternative patriotique avec 224 voix contre 80. Comment analysez-vous cette défaite ?
Je félicite les vainqueurs. Cependant, je précise que je n’ai pas participé à la campagne de ma coalition. On ne m’a associé à rien ni en amont ni en aval. Le résultat final est là, on a perdu lamentablement. C’est une humiliation.
Pourquoi on ne vous a pas associé à ces élections en tant que président de la Fédération urbaine de Thiès ?
Parce qu’il y a deux camps du Pds à Thiès. Ceux qui sont avec moi et d’autres qui sont partis. C’est aussi simple que cela.
Qu’est-ce qui explique cette scission du Pds à Thiès ?
C’est la méchanceté et la déloyauté. Pourtant, c’est grâce à moi que la majeure partie de ces conseillers sont devenus ce qu’ils sont aujourd’hui. En un moment donné, ils m’ont trahi. J’ai fait face à eux et ils ont perdu. Nous sommes dans un parti où les gens n’aiment pas ceux qui travaillent. Ils feront tout pour les combattre, mais ils ne peuvent rien contre ma personne parce que Dieu est avec moi. J’ai été désigné patron de la Fédération urbaine sans l’avoir demandé. Ce sont les trois secrétaires généraux de l’Ujtl et leur bureau, la présidente des femmes Anta Dièye, connue et respectée à Thiès, mais également les anciens avec à leur tête le capitaine Racine Niang et les cadres du parti qui m’ont nommé. Donc, c’est toute l’entité du Pds à Thiès. Ce que j’ai accepté humblement, n’en déplaise à ces hirondelles sans ailes, ni plumes qui ne font que des coups bas pour rejeter ma légitimité. Je suis, je reste et je demeure le patron du Parti démocratique à Thiès. Certains parlent de congrès, mais ils doivent arrêter. Mon jeune frère Fabouly Gaye, qui est le patron du Pds à Kolda, n’a pas été mis à la tête de la Fédération de Kolda par un congrès, idem pour mon frère Ameth Fall Braya à Saint-Louis. Dans ces deux cas, c’est la base qui a décidé. Et à Thiès, la base a décidé et par force la direction du parti va l’entériner. Que la direction du parti le veuille ou pas, elle le fera si elle veut que le Pds prospère à Thiès ! J’en profite pour lancer un appel à l’unité pour la consolidation du parti parce que nous en avons besoin pour faire face à ces dérives dictatoriales de Macky Sall et de son régime d’incompétents qui ne parviennent pas à satisfaire la demande sociale des Sénégalais.
Qu’attendez-vous du Hcct après les élections de ses membres ?
Le Hcct fait désormais partie de l’armada institutionnelle du Sénégal. Je respecte le choix des Sénégalais qui l’ont adopté par référendum contrairement à «Monsieur Protocole de Rebeuss» qui demande sa dissolution.
Qui est «Monsieur Protocole de Rebeuss» ?
(Rires) Vous le savez très bien, je ne veux même pas citer son nom.
Le poids électoral de votre parti n’a-t-il pas connu un certain coup ?
Le Pds a perdu et a été battu presque partout à cause des investitures mal faites. Le parti n’est pas un jeu d’amis où on essaye de gêner ceux qui travaillent à la base.
Est-ce que vous avez analysé cette défaite ?
Il n’y a pas eu encore de réunion pour que nous puissions nous prononcer là-dessus. Nous attendons le bureau politique pour pouvoir nous prononcer. Mais notez qu’il y a beaucoup de couacs qu’on doit réparer. Et si cela continue, nous irons vers la catastrophe. Les élections législatives approchent, alors on doit pouvoir tirer toutes les conséquences de cette défaite.
Quelle stratégie pour faire face à la coalition au pouvoir qui est en train de grignoter sur votre électorat à Thiès ?
La seule stratégie, c’est le terrain et non des réunions de bureau. Il est temps de parler à la population sénégalaise qui souffre. Partout, il y a des problèmes. Ce n’est pas en s’enfermant dans des hôtels ou en voyageant à l’étranger que l’on pourra faire face à ce régime dictatorial et sa courte coalition aux idées très courtes. J’ai toujours dit qu’il faut parler aux gens parce qu’il y a de la matière.
Quelle est cette matière dont vous parlez ?
L’école, la santé, la question de la séparation des pouvoirs, l’électricité et l’eau. A l’université, les étudiants souffrent. Aujourd’hui, il y a les inondations partout dans le pays. Même dans le monde rural, les paysans souffrent du manque de semences.
Comment se porte votre coalition And défar Thiès qui a porté Idrissa Seck aux dernières élections locales ?
A chaque élection, on assiste à la naissance de nouvelles coalitions. Je suis le responsable du Pds à Thiès. Par conséquent, je travaille à élargir ses bases dans le département et ailleurs.
Pouvez-vous encore compter sur elle pour les prochaines Législatives ?
Les élections locales, comme son nom l’indique, c’est uniquement locale. Mais pour les Législatives, cela devient plus sérieux parce demandant plus de moyens, plus d’organisation et plus de travail.
Donc probablement vous allez partir avec une autre coalition qui va porter votre candidature ?
Je ne saurais vous le dire, mais le moment opportun, je me prononcerai.
Ne pensez-vous pas qu’il est temps d’aller vers une coalition plus forte avec Rewmi et le reste de la famille libérale pour les prochaines Législatives ?
Au Sénégal, les gens ne prennent pas en compte les idéologies. Qu’on soit libéral, socialiste ou communiste, on est tous des Sénégalais. Et le Sénégal que nous partageons est plus fort que ces idéologies qui sont créées par les occidentaux. Donc, on va travailler avec tous ceux qui aiment le Sénégal et son avancement.
Donc vous ne théorisez pas les retrouvailles de la grande famille libérale comme vos frères libéraux ?
Les retrouvailles ne riment pas avec la trahison ni les emprisonnements et les mensonges. On ne peut pas nous parler de retrouvailles de la grande famille libérale alors que jusqu’à présent nous n’avons pas de groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Ceux qui se réclament de l’idéologie libérale doivent le prôner et être sincères, mais ils ne le sont pas. Chacun veut jouer son jeu de dupe. C’est tout.
Pour la première fois Idrissa Seck a perdu le département de Thiès. Comment analysez-vous ce recul constaté lors du référendum ?
Idrissa Seck a perdu lors du référendum parce que les Thiessois lui ont tourné le dos. Maintenant c’est la nouvelle génération qui dirige Thiès. Et cette nouvelle génération, c’est nous qui l’incarnons.
Qui l’Apr, le Pds… ?
Le Pds à sa tête Mouhamed Lamine Massaly.
Comment expliquez-vous votre absence auprès de Pape Moussé Diop pendant la campagne des élections du Hcct alors qu’il était le candidat de votre parti dans le département ?
Pape Moussé Diop est un illustre inconnu qui a voulu être un vrai Pape, un vrai Monsieur. Malheureusement, il a été battu et tout cela est dû à sa déloyauté et à sa malhonnêteté lui et son équipe de campagne. Ils comprendront que sans moi, le président de la Fédération urbaine de Thiès, ils ne pourront pas gagner et ne gagneront rien, car les militants et les conseillers honnêtes et sincères sont avec moi, m’écoutent et me soutiennent.
Qu’est-ce que vous faites pour la remobilisation des troupes ?
J’organise chaque semaine des manifestations à Thiès. Et j’en profite pour remercier et féliciter tous les militants et militantes qui me soutiennent et m’accompagnent partout à Thiès pour que le Pds reste debout.
Comment vivez-vous l’exil forcé de Karim Wade, votre candidat à la prochaine Présidentielle ?
J’en avais déjà parlé et je ne veux pas y revenir.
A quand son retour au pays ?
Je ne sais pas.
Que pensez-vous de la dernière sortie de Pape Samba Mboup qui fustige que les responsables du Pds au Sénégal ne prennent aucune initiative sans l’aval de Versailles ou de Doha ?
Nous sommes dans une démocratie, toute personne est libre de donner son opinion. Mais j’aurais souhaité que cela se fasse à l’interne, au niveau du bureau politique ou du comité directeur du parti. Très sincèrement, Wade ne mérite pas certaines attaques qui viennent souvent des responsables du parti. Parce que quand nous étions au pouvoir, personne n’osait s’attaquer à Wade. Et cela me fait très mal vu les relations que j’ai avec mon oncle Pape Samba Mboup, mais également avec le secrétaire général national du parti.
Donc que le parti soit administré depuis Versailles où Doha ne vous gène pas ?
Comment cela peut-il nous gêner ? Karim Meïssa Wade est le candidat du Pds et Abdoulaye Wade en est le secrétaire général national. C’est très logique et normal que les directives concernant le parti nous viennent des deux. Jusqu’à preuve du contraire, c’est Wade qui reste et demeure le patron du Pds, n’en déplaise aux autres. Je suis et demeure non seulement un «Wadiste» éternel, mais aussi que Mouhamed Lamine Massaly est une montre encore fois réglée à l’heure de Me Wade.
Que pensez-vous du plan B que l’ancien chef de Cabinet de Me Wade a proposé pour la prochaine Présidentielle ?
Le Pds n’a qu’un seul plan : c’est Karim Meïssa Wade. Il est le plan A, le plan B jusqu’à Z.