Le processus de ratification de l’Accord de Paris sur le climat sera matérialisé au Sénégal par un engagement fort : réduire par fonds propres de 5% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030.
Le Sénégal est dans la dynamique de ratifier l’Accord de Paris sur le climat. Selon Gabriel Ndiaye de la direction de l’Environnement et des établissements classés du ministère de l’Environnement qui a fait une présentation hier au premier jour de l’atelier de formation de journalistes sur «Comment couvrir la résilience aux extrêmes climatiques», le processus de ratification est déjà finalisé. Mais selon M. Ndiaye, le Sénégal compte prendre un engagement ferme de réduire de 5% ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Cet objectif, le Sénégal compte le réaliser grâce à ses propres moyens avec un financement de 1,8 million de dollars, soit 9 milliards de Cfa. «Mais si la communauté internationale apporte 5 millions de dollars (25 milliards de Cfa), il est possible de porter ce taux à 21%», explique M. Ndiaye.
Il faut dire que les changements climatiques sont une réalité en marche. Et le Sénégal n’est pas épargné. En 2009, les inondations qui ont frappé les quartiers de la banlieue dakaroise ont causé quelque 44 milliards de francs Cfa de dégâts. Dans le domaine de la biodiversité, Gabriel Ndiaye note que depuis les années 70, sur les 3,8 millions ha de terres arables que compte le Sénégal, les 2/3 sont dégradées. Une situation qui joue sur les rendements et la production agricole. Dans le domaine du climat, les experts notent que le Sénégal enregistre une migration des isohyètes de 2 000 mm vers la Guinée, tandis que des isohyètes de la Mauritanie ont fait leur apparition au le Sénégal.
Les effets des changements climatiques se font également sentir dans le domaine du tourisme ou de la pêche. Dans ce secteur, ils se manifestent par exemple par une migration des sardinelles vers le Maroc. De même, les changements climatiques provoquent des crises dans la gestion des ressources en eau avec l’assèchement des mares, la baisse de débit des fleuves Casamance et Sénégal.
Dans le domaine de la santé, on assiste à une émergence de maladies plus ou moins endémiques comme la fièvre de la vallée du rift. «Il n’y a qu’une seule solution, c’est l’adaptation», indique Gabriel Ndiaye. Seulement, l’adaptation qui vise à réduire l’impact des perturbations sur les systèmes naturels et humains, en opérant des ajustements comportementaux, structurels et technologiques, a des coûts que les pays en développement ne peuvent supporter. «Nos capacités d’adaptation restent faibles en termes de connaissances et de moyens. Et nous sommes beaucoup plus vulnérables que les pays développés», souligne le spécialiste.
Malgré tout, des efforts sont faits ça et là pour tenter de contenir le phénomène. Des brise-lames érigés à Saly aux actions de reboisement de mangrove à Palmarin et de revalorisation de rizières, les actions sont multiples, mais loin de suffire. Ainsi, la prévention et la communication occupent une place de choix dans la lutte contre ces phénomènes. Il s’agit, souligne M. Ndiaye, «d’informer sur la réalité du dérèglement climatique, ses impacts sur la santé et les politiques d’adaptation qui sont mises en place». A ce titre, les médias sont appelés à jouer un rôle de premier plan. C’est tout l’intérêt de cette formation organisée par Braced, Enda Tiers-monde et la Fondation Thompson Reuters.