Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Alex et Cie demandent pardon et clémence
Publié le mercredi 21 septembre 2016  |  Enquête Plus




Après 18 ans d’incarcération, la bande à Alex du moins les survivants lancent un cri du cœur. Ces détenus ont, à travers une lettre transmis au mouvement ‘’Y’en a marre’’ demandé le pardon du peuple sénégalais tout en sollicitant la clémence de la justice afin qu’ils puissent retrouvent leurs famille respectives.



Avec son comparse Inno, ils formaient la doublette de gangsters la plus célèbre de ce pays. Mais, Alioune Abatalib Samb alias Inno a été emporté par la maladie dans les geôles sénégalaises. Aujourd’hui, Alex, de son vrai nom Alassane Sy, et les autres membres de la bande lancent un cri de cœur, à travers une missive dont EnQuête détient copie. ‘’Nous prenons le gage, écrivent-ils, de reconnaître nos erreurs face à la société sénégalaise et d’aller plus loin jusqu’à nous agenouiller devant elle uniquement pour solliciter et surtout implorer son pardon’’. En effet, Alassane Sy, Ibra Bâ, Oumar Ndary Sow, Mamadou Fily Sané (en prison depuis le 7 juin 1999) et Pape Ndiaye (écroué le 20 février 2001) estiment que les 18 ans qu’ils ont déjà purgés sont suffisants. Aujourd’hui, ils regrettent leurs actes.

Leur vœu le plus cher est de recouvrer la liberté et surtout retrouver leurs familles respectives. C’est pourquoi, ils ont transmis la lettre aux leaders du mouvement ‘’Y’en a marre’’. Dans cette missive de deux pages écrite à la main et datée du 20 juillet 2016, Alex et Cie se prononcent largement sur la peine qui leur a été infligée : rester en prison jusqu’à la fin de leur vie. Ils reconnaissent avoir fauté, mais ne sont pour autant des assassins. ‘’Nous ne nous blanchissons pas totalement de tout ce qu’on nous a reproché, certes, nous avons bien connu des erreurs de jeunesse qui nous ont souvent amenés à nous approprier des biens d’autrui, mais nous ne sommes jamais allés plus loin que cela’’, lit-on dans la copie de la lettre transmise à EnQuête par Malal Talla dit Fou Malade. En effet, Alex et ses co-détenus se désolent qu’ils soient ‘’peints comme de vulgaires assassins’’, alors que affirment-ils : ‘’nous n’avons jamais tué personne’’. Pour étayer leurs propos, ils soutiennent qu’aucun document ne pourra être brandi par quiconque qui essaiera de les rendre coupables d’un quelconque crime de sang. ‘’Jamais aucun mort ne peut nous être compté à l’actif’’.

‘’Nous sommes devenus des grand- pères sans jamais voir nos petits-enfants’’

Par ailleurs, les prisonniers s’expliquent sur les raisons qui fondent leur démarche. Ils soutiennent que la sanction pénale que leur a infligée la justice a eu les effets escomptés. En fait, les auteurs de la lettre considèrent que la fonction afflictive est déjà atteinte, car les longues années passées en prison ont disloqué leurs familles. ‘’Le fait d’avoir été séparés de nos familles durant ces 18 années, nous a atteint au plus profond de nos âmes et le pire, la presque la totalité de nos ménages a volé en éclats’’, décrivent-ils. Et de poursuivre sur la même lancée : ‘’Nous n’avons plus de vie de famille. Pour la majorité, nos femmes nous ont abandonnés. Pour certains, leurs filles se sont mariées et sont devenues mères de famille, donc nous sommes devenus des grand- pères sans jamais voir nos petits-enfants… Ainsi, affectivement nous avons été atteints par la loi’’.

En outre, Alex et Cie pensent également que la fonction infamante est aussi atteinte, car ils ne cessent de se morfondre par rapport à leur passé. C’est pourquoi, ils disent regretter ‘’tout ce dont ils avaient visiblement été responsables’’. ‘’De tout le Sénégal, nous sommes les détenus les plus sanctionnés par la loi’’, estiment-ils. Au regard de ces arguments, ils jugent qu’ils méritent la clémence. ‘’ Nous pensons que le législateur sénégalais doit avoir assez de clémence vis-à-vis de nous, car nous avons subi tout le poids de la sanction avec l’éducation et l’encadrement socioreligieux que nous avons suivi en prison. Nous avons hâte de pouvoir en faire bénéficier à nos enfants et petits-enfants’’.

‘’Caricature de jeunes fougueux’’

Par ailleurs, la bande ne manque pas de critiquer la justice et surtout les juges d’application des peines. ‘’Il faudrait que les magistrats et juges des libertés soient plus professionnels dans leurs décisions, surtout qu’ils revoient leur manière arbitraire de nous indexer. Personne d’entre eux ne veut prendre la responsabilité de rendre une décision favorable à notre libération conditionnelle, alors que nous remplissons les conditions d’éligibilité’’, fulminent les détenus. Dans le même ordre, ils demandent aux magistrats d’arrêter de les stigmatiser et de faire preuve de compréhension à leur égard. Car, tentent-ils de convaincre : ‘’nous ne sommes pas aussi mauvais qu’ils pourraient le penser. Quand ils jugeaient en Cour d’assises, nous étions âgés pour la plupart que de 20 ans à 25 ans au plus’’. Compte tenu de leur jeune âge de l’époque, Alex et ses acolytes pensent qu’’’il serait illogique’’ que les juges continuent de les regarder à travers ‘’cette caricature de jeunes fougueux’’. ‘’Nous avons grandi et presque vieilli en prison et nous avons besoin d’user du peu de temps qui nous restent à vivre, pour nous occuper de nos enfants et fonder de nouvelles familles’’, implorent-ils. Au-delà de leurs familles, ils rêvent apporter leur pierre et participation active à l’édifice du Sénégal.

Alex et ses acolytes sont les survivants d’une bande démantelée à la fin des années 90. Ils étaient spécialisés dans le braquage de stations service et vol de véhicules, dans les régions de Dakar, Thiès, Saint-Louis et Fatick. Après plusieurs évasions, la bande a été jugée en octobre 2008, sans Alioune Abatalib Samb dit Inno, mort en détention. A l’issue du procès d’une dizaine de jours, 13 acquittements et 14 peines à la perpétuité avaient été prononcés. Djiby Bâ, le seul à reconnaître les faits au cours du procès est également décédé en prison.
Commentaires

Dans le dossier

Société civile 2016
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment