Les 24 et 25 septembre prochains, Mamadou Lamine Dianté aura un galon en moins. Le successeur de Mbaye Fall Lèye ne sera plus le secrétaire général du Saems-Cusems. Après 6 ans, Dianté quitte avec un sentiment de satisfaction non dissimulé, malgré quelques échecs. Coordonnateur du Grand cadre jusqu’en janvier 2017, il est revenu sur la fin chaotique de la grève de l’année dernière. Même si le fil du dialogue reste toujours coupé et des engagements toujours non respectés, il n’en demeure pas moins que le syndicaliste reconnait que beaucoup d’efforts ont été faits dans la mise en œuvre des accords.
L’ensemble des acteurs avaient appelé à ce que les vacances soient mises à profit pour trouver un consensus entre le gouvernement et les syndicats. Est-ce que ça été fait ?
Ça n’a pas été fait au moment souhaité par les acteurs que nous sommes. C’est vrai que l’année dernière, les perturbations ont continué jusqu’au 12 juin. Après la suspension du mot d’ordre, ce qu’il fallait faire, c’était de rattraper ou tenter de rattraper le temps perdu et préparer les examens de fin d’année. Aussitôt après les examens, le gouvernement devait s’atteler à trouver des solutions aux préoccupations des enseignants. Ce qui, malheureusement, n’a pas été fait. Autrement dit, les vacances scolaires n’ont pas été mises à profit pour trouver un consensus avec les syndicats d’enseignants. Ce n’est que dans les jours à venir qu’il est prévu de renouer le fil du dialogue. Mais à notre avis, c’est presque trop tard. Car d’ici à l’ouverture des classes, il n’est pas certain qu’on puisse mettre quelque chose de consistant sur la table.
Vous voulez dire qu’il n’y a eu aucune rencontre entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants durant les vacances ?
En réalité, le gouvernement était dans une logique de refuser toute négociation avec les syndicats. Et à la place, mettre un dispositif de coercition à la fois sur le plan administratif et financier. Comme nous l’avons dit au ministre de l’Education nationale, tout se passait comme si la vie devait s’arrêter l’année dernière et qu’il n’aurait pas une nouvelle année scolaire qui nous obligerait à cheminer ensemble. Mais je crois qu’ils sont en train de se ressaisir et de comprendre qu’il ne sert à rien d’engager une logique de confrontation. Et que dans tous les cas, il faut que les gens se retrouvent autour d’une table et s’accorder sur l’essentiel.
Au-delà des négociations, il y avait des engagements pris par le gouvernement, notamment les 24 milliards de rappel. Concrètement, qu’est-ce qui a été fait ? Et qu’est-ce qui n’a pas été fait ?
D’abord il faut constater pour le déplorer que la loi de finance rectificative a été votée tardivement. Si mes souvenirs sont bons, c’était le 29 ou le 30 juin. Alors qu’il était prévu que les rappels soient payés à partir de fin juin. Au moment où les députés se penchaient sur la Lfr, les salaires des enseignants étaient déjà virés. Donc au mois de juin, il n’y a eu aucun reliquat de rappel payé aux enseignants. Mais il faut quand même reconnaître que depuis le mois de juillet, il y a des rappels qui sont payés ça et là. Maintenant, jusqu’à quel niveau ces rappels sont payés, on ne saurait le dire parce qu’il n’y a pas eu de rencontre du comité de suivi pour faire l’état des lieux de la mise en œuvre des accords.
Il y avait aussi d’autres points comme la mise en solde. Qu’en est-il ?
Dans la mise en solde, il y a quand même des avancées significatives qui ont été notées. Le quota fixé unilatéralement par le ministre des Finances a été doublé. Aujourd’hui, on est bien au-delà des 5 000 mises en solde fixées par le ministre des Finances. Cela veut dire que cet engagement du président de la République est en train d’être mis en œuvre, même s’il faut reconnaître que pour les deux derniers mois, on est légèrement en deçà du quota de 1000 enseignants par mois qui était prévu. On est souvent aux environs de 900. Parfois même un peu moins de 900 mises en solde. Je crois qu’il va falloir combler ce gap pour qu’on ait réellement 1000 enseignants par mois. Et même si 10 000 enseignants sont mis en solde, il va en rester encore un nombre important en attente.
Combien exactement ?
En 2015, il y a eu deux opérations coup de poing qui on été faites sous la conduite de l’ancien directeur de la Fonction publique Nouhou Demba Diallo. On était autour de 26 000 actes d’intégration qui étaient sortis. Mettons nous dans l’hypothèse que ce sont des actes individuels. Si l’ensemble de ces enseignants avaient déposé leur acte, il y aurait au moins 26 000 candidats à la mise à solde. On voit donc que malgré les 10 000 proposés par le président de la République, il y a encore bon nombre d’enseignants qui attendent la mise en solde.
De façon générale, est-ce que le gouvernement est sur la bonne voie en matière de respect des engagements ?
Le premier engagement qui a été pris est celui-là qu’on a fait dire à Al amine (Serigne Abdou Aziz, porte-parole du Khalife à Tivaouane) que le président de la République allait rencontrer dans les meilleurs délais les syndicats d’enseignants. Cet engagement n’a pas été respecté. L’autre engagement, c’est lorsque le porte-parole du khalife général des mourides nous disait que le gouvernement est dans les meilleures dispositions de résoudre les problèmes. Il y a quand même à ce niveau des efforts qui ont été faits. J’ai parlé tout à l’heure des rappels d’intégration qui ont commencé à être payés, même si on ne connaît pas le montant qui a été payé aux enseignants. Il y a une nette avancée sur la mise en solde par rapport aux 10 000 fixés par le président de la République.
Ces derniers temps, beaucoup de papiers d’actes administratifs (intégration et validation de fonctionnaire) ont été publiés. Il y a aussi les élections au Cap-cd qui ont eu lieu. Les résultats officiels ont été proclamés avec des arrêtés du ministre de la Fonction publique dont nous avons obtenu copie. Les listes à promouvoir ont été postés depuis la semaine dernière sur le site du ministère de la Fonction publique. Ce qui indique que dans les semaines à venir, nous allons participer aux commissions d’avancement qui ne se sont pas tenues depuis 2013. Il y a donc des efforts sur ces différents points.
Par contre, pour ce qui concerne la formation diplomante, elle a été bloquée par une grève des Inspecteurs qui n’ont pas encore trouvé d’accords avec le ministre de l’Education nationale. A ce niveau, il faut dire très clairement que parmi les missions d’un inspecteur de l’Education, il ne figure nulle part la formation des enseignants. Si on leur confie cette mission, il faut nécessairement qu’on leur paye des heures supplémentaires. Sur ce point donc, le ministre a tort sur toute la ligne. Cette discorde fait que ceux de la cohorte de 2015 n’ont pas fait d’examen de fin d’année.
Ceux de 2016 risquent de ne pas faire d’examen. Il ne sert à rien d’appeler les gens à une formation diplomante s’il n’y a pas de possibilité de faire un examen à la fin. Les passerelles professionnelles n’ont pas encore connu d’exécution. Les décrets étaient examinés le 28 avril 2016 en conseil des ministres, d’après le ministre de la Fonction publique, mais c’est le ministre de l’Education qui avait demandé le retrait de ces décrets, parce que, disait-il, il avait des observations à faire. Depuis lors, on a aucune nouvelle de ces décrets qui permettraient de rendre effectives les passerelles professionnelles et les sortants de l’UFR Sefs de l’Ugb.
Il y a aussi la question de l’ouverture des négociations portant régime indemnitaire des enseignants. Des négociations devaient être ouvertes à la fin de l’étude (portant rémunération et indemnité des agents de la Fonction publique). Malheureusement, depuis lors, nous n’avons reçu aucune convocation, malgré le fait que ce rapport soit disponible depuis un an.
Durant toutes les vacances, on ne vous a pas entendu alerter. Est-ce que ce sont toutes ces avancées là qui expliquent le silence des syndicats ?
Il faut dire que nous avons fini la lutte de l’année dernière à Touba et à Tivaouane pratiquement. Ayant constaté que cela sentait le roussi, les chefs religieux se sont autosaisis pour nous appeler et demander solennellement à ce que l’on fasse preuve de dépassement. Des engagements avaient été pris par les chefs religieux au nom du gouvernement qui les a certainement sollicités. Nous avons simplement considéré qu’il fallait, en cas de difficultés, nous référer à Touba et à Tivaouane.
Nous avons eu à faire des voyages à Touba et à Tivaouane pour rendre compte de l’état d’avancement des dossiers. Des assurances nous ont été données, même si on savait qu’ils avaient une marge de manœuvre très limitée. Mais, nous avons estimé, qu’il fallait se référer à eux avant de faire quoi que ce soit, étant des autorités de cette dimension-là. On ne manquait pas de tenter ça et là de rencontrer les ministres qui nous avaient totalement fermé leurs bureaux et parfois qui n’étaient même pas accessibles au téléphone. Ils ne répondaient pas aux mails non plus.
Il y a un doute sur votre version. D’aucuns pensent que c’est vous qui êtes allé vers les autorités religieuses et non le contraire ?
Vous savez, il ne faut pas qu’on fasse une mauvaise querelle aux syndicats d’enseignants. Le ministre de l’Education nationale était dans une logique de faire croire à l’opinion qu’il n’y avait qu’un petit groupe d’enseignants qui suivaient le mot d’ordre. Ce qui ne correspondait pas à la réalité. Même les chiffres de 5000 enseignants qui détenaient encore les notes des élèves et qu’il a communiqué à l’opinion ne correspondait pas non plus à la réalité. La preuve est que si vous prenez simplement l’académie de Ziguinchor et celle de Saint-Louis, on était autour de 2 000 enseignants. Et il restait encore 16 autres académies. Mais le gouvernement s’est basé sur cela pour dire qu’il fallait radier 5 000 enseignants. Ce qui dépasse quand même l’entendement humain.
Lorsque le communiqué du gouvernement a été fait le vendredi 10 juin, les gens voulaient coûte que coûte entendre la réaction des syndicats d’enseignants. Nous avons préféré observer un mutisme parce que ce n’était pas le moment de réagir à chaud. C’était plutôt le moment de réfléchir et d’élaborer des stratégies. Nous sommes dans un pays où nous avons un régime politique très policier et qui savait nettement quelles étaient les stratégies de riposte qu’on avait préparées pour le lundi. De l’autre côté, le gouvernement bandait les muscles en convoquant même une conférence de presse par le Premier ministre pour certainement confirmer la radiation des enseignants.
Lorsque nous recevions le premier appel de Tivaouane, nous étions en plénière du Grand cadre et du Cusems pour dérouler notre plan d’action à partir du lundi. Sur insistance de Serigne Abdou Aziz Al-Amine, nous avions demandé à notre responsable qui était à Thiès de faire le déplacement pour aller rencontrer le porte-parole du Khalife général des Tidianes. Cette délégation est partie rencontrée Serigne Abdoul Aziz Al Amine, en compagnie de Abdoul Aziz Diop du Forum civil mais également de l’honorable députée Hélène Tine.
Nous avions continué notre réunion. Vers 14 heures, c’est Touba qui nous appelle pour nous dire que le khalife général souhaite nous rencontrer. Et comme on était au mois du ramadan, il sortait vers 16 heures pour se retirer après la prière de 17 heures. Au-delà, il n’était pas possible de le rencontrer. Lorsque nous avons reçu l’information, on avait dit qu’il fallait suspendre la réunion pour aller répondre à l’homme de Dieu et ensuite, si c’est nécessaire, revenir continuer la réunion. Pendant tout le voyage, on était en coordination avec l’ensemble des sections qui étaient sur le territoire national et les gens, malgré que c’était un dimanche, étaient tous en assemblée générale.
Malheureusement, on est arrivé à Touba après l’heure indiquée. Le marabout s’était retiré. Mais il avait demandé à son porte-parole de nous recevoir. Lorsque celui-ci nous a reçus, il a dit très clairement : Je ne fais que transmettre les propos du khalife général des mourides. Il vous demande solennellement de suspendre le mot d’ordre de grève et de mettre le peuple à l’aise. Il ne donne pas de ‘’ndiguel’’ (consigne religieux chez lez mourides) parce que les organisations que vous dirigez regroupent des mourides et d’autres musulmans qui appartiennent à d’autres confréries et parfois même des non musulmans. Mais c’est une demande qu’il formule solennellement.
A partir de ce moment là, nous nous sommes concertés et nous avons décidé d’accéder à la demande du chef religieux. Il n’a jamais été question, pour nous, de solliciter une quelconque rencontre avec le khalife général des mourides ou avec le porte-parole du khalife général des Tidiane. C’est après que nous avons trouvé dans le salon de Serigne Bassirou Abdou Khadre le médiateur de la République. On a nous a dit qu’il a joué un rôle pour demander au khalife de nous interpeller.
Puisqu’ils ont été les gardiens de la paix sociale, est-ce que depuis lors vous avez essayé d’entrer en contact avec eux pour leur rendre compte de la situation ?
Il faut dire que ce qui nous a surtout frappé, c’est l’énorme respect qu’ils nous ont voué depuis lors. Nous avons effectué des voyages pour leur rendre des visites de courtoisie. Mais toujours est-il, qu’à chaque fois que nous constatons certains comportements de la part du gouvernement notamment avec les ponctions sur les salaires qui se sont poursuivies jusqu’au mois de juin, nous les avons interpellés. Je crois qu’ils sont intervenus et cela a permis à certains enseignants d’être rétablis dans leurs droits, parce qu’ils étaient injustement ponctionnés.
Au jour d’aujourd’hui est-ce qu’il est possible d’envisager une année scolaire apaisée ?
Je crois que rien n’est impossible. Il suffit tout simplement de la bonne volonté de la part des autorités gouvernementales. S’il n’y a pas la concertation, c’est la confrontation qui s’impose et dans la confrontation, personne ne gagne. Il est clair qu’aujourd’hui il y a des questions sur lesquelles le Gouvernement est attendu. La question de la formation diplômante ne devait même pas se poser, parce que cela permettrait d’améliorer grandement la qualité des enseignements/apprentissages. Malheureusement, aujourd’hui, cette question est toujours à l’état de revendication. Sur la question des passerelles professionnelles, vous avez entendu le ministre de l’Education dire que le ratio professeurs d’enseignement secondaire/élèves est disparate sur le territoire national. Là, où, on a un PS sur 40 élèves à Dakar, on a un PS pour 3 900 élèves à Sédhiou, et qu’il fallait inverser la tendance. Il n’y a pas de possibilité d’inverser la tendance si on ne permet pas l’effectivité des passerelles professionnelles pour que les uns et les autres puissent renforcer leurs capacités académiques et pédagogiques, afin de pouvoir accéder à la cime du corps professoral dans le moyen-secondaire.
La question du régime indemnitaire est non seulement une question de justice et d’équité, mais c’est aussi le seul gage de stabilité durable de l’espace scolaire. Les gens ne peuvent pas continuer avec une injustice dans le traitement des agents de la Fonction publique. Il faudrait qu’après avoir réalisé les études que nous puissions ensemble exploiter les résultats des études et voir là où il faut apporter des correctifs pour que la paix puisse revenir durablement.
Est-ce que les syndicats vont changer de méthode de lutte, parce qu’apparemment le gouvernement dispose d’une arme de pression massive ?
Je crois que le congrès que nous allons tenir les 24 et 25 septembre prochains va se pencher sur ces stratégies afin de proposer quelque chose de très solide et de pouvoir faire face à cette nouvelle trouvaille du gouvernement qui est un gouvernement de répression. Nous y travaillons au sein de notre organisation syndicale depuis quelques années, en essayant d’aller lentement mais surement vers un syndicalisme de développement qui nous permettra d’avoir une autonomie financière suffisante pour faire face à d’éventuelles coupures de salaire pendant les périodes de grève. Aujourd’hui, l’invite que nous faisons à tous les syndicats d’enseignants, est qu’il faut que les gens travaillent à l’unité du mouvement syndical. Il ne s’agit pas d’une unité de façade. Il faudrait que les gens puissent, dans la sincérité et pour l’intérêt supérieur de l’école et des enseignants, se retrouver dans le cadre d’une unité pour faire face à l’Etat du Sénégal, parce que tant qu’il n’y a pas une revalorisation de la fonction enseignant, c’est tout le monde qui perd, car chacun parmi nous a besoin de l’éducation.
Vous avez parlé d’unité syndicale mais l’histoire a montré que c’est quasi impossible parce qu’à chaque fois qu’une structure commence à se mettre en place et avoir une force, la dislocation survienne ?
Les gouvernements n’aiment avoir une force en face d’eux. A chaque fois qu’une unité syndicale se met en place, on passe par les flancs les plus fragiles pour tenter de casser le bloc. Ce qui est important, c’est de connaître les forces en présence. c’est en cela que nous saluons la position du ministre du Travail qui veut donner corps à la décision du président de la République d’aller vers la tenue des élections de représentativité. Parce qu’il y a un flou, c’est une confusion qui est tellement grosse que personne ne s’y retrouve en réalité. On parle d’une cinquantaine de syndicats d’enseignants. Quand les élections seront convoquées, il n’y aura même pas une dizaine de syndicats qui seront sur la ligne de départ. Après ces élections, vous verrez que dans l’élémentaire et le moyen-secondaire, au total, il n’y a pas quatre syndicats qui peuvent revendiquer leur représentativité dans le système éducatif. Lorsque ces syndicats seront connus par tous les Sénégalais, le gouvernement va reconsidérer sa position par rapport au traitement de mépris qu’il fait des syndicats d’enseignants et des enseignants de façon générale ; et mieux prendre en charge nos préoccupations.
Vous avez abordé tantôt l’Assemblée générale qui aura lieu la semaine prochaine. Vous avez dirigé le syndicat pendant deux mandats quel est votre bilan aujourd’hui ?
Ce n’est pas un manque de modestie de ma part mais je dois avoir un sentiment du devoir accompli si on jette un coup d’œil sur le rétroviseur. En 2010 quand on nous confiait l’administration de ce syndicat, il fallait non seulement être courageux, également être induit d’une conviction forte pour accepter de prendre les reines de ce syndicat. En 2009 après la coalition dans le cadre unitaire des syndicats de l’Enseignement moyen-secondaire (Cusems), nous avons eu des acquis colossaux. Cela a permis également à notre syndicat de se positionner parce qu’on était disséminer à travers le territoire national. Les check off venaient sur cette base-là.
Il y a eu la création du Conseil économique social et environnemental et mon prédécesseur (Mbaye Fall Lèye) avait était copté dans ce Conseil. Cela a installé une crise dans le syndicat. Une partie des responsables, membres fondateurs du syndicat avaient quitté et ont créé le Cusems actuel. Une bataille s’est installée dans les établissements au point qu’il n’était pas donné de se présenter sous le label du Saems en 2009 dans les établissements. A la limite, il y avait une obligation de raser les murs dans certains endroits. Il y avait aussi une tentative de diabolisation.
En ce moment, j’étais le secrétaire à l’organisation et à la mobilisation du syndicat. Nous avons fait des tournées, installer toutes les sous-sections, les sections régionales et nous avons organisé le congrès de 2010. A ce congrès, nous avons fait une évaluation dans le syndicat et par la grâce de Dieu et la volonté des responsables du syndicat, nous avons été portés à la tête du syndicat. Si nous prenons cela comme étant le point départ de notre mandat… En 2013 déjà, nous avons eu à faire des réalisations dans la massification du syndicat, mais également dans la structuration. Aujourd’hui la structuration du syndicat en 2016 est parachevée. Nous avons une unité syndicale de base dans chaque établissement du moyen-secondaire, de l’enseignement général comme de l’enseignement professionnel.
Nous avons dans les 59 IEF des bureaux de sous-sections départementales. Ce sont ces bureaux de sous-sections départementales qui viendront au congrès. La preuve est là, nous avons participé aux élections des Cap-Cd malgré tous les dysfonctionnements qu’il y avait eu. Si on prend le nombre de suffrages valablement exprimés dans le moyen-secondaire, on est à 62,3%. Et c’est confirmé par les résultats publiés sur le site du ministère de la Fonction publique. Mais également, je crois que la prestance aujourd’hui du secrétaire général que nous sommes et l’estime dont nous bénéficions de la part des enseignants montrent en réalité que nous avons réussi aujourd’hui à sortir ce syndicat de cette zone de turbulence, et d’en faire le premier dans le moyen secondaire. Donc si nous tenons compte de cet aspect-là, seulement nous ne pouvons pas ne pas considérer que, nous ayons accompli le devoir. Nous pensons qu’au congrès des 24 et 25, les camarades reconnaitront qu’il y a eu un travail important qui a été fait.
En 2010, il y avait que deux candidats au poste de secrétaire général. En 2016, il y a eu une flopée de candidats. Si on était peut-être encore dans le trou, je ne pense pas qu’il y aurait autant de prétendants. Nous considérons que cette flopée de candidats est un indicateur de la bonne santé de notre Syndicat.
Quels sont les défis devant lesquels vous estimez avoir échoué ?
Je pense que compte tenu de tout le travail que nous avons fait, nous aurions pu capitaliser pour aller vers la création d’une centrale syndicale. Mais cela n’est pas exclu. Je crois qu’en tout cas au cours du congrès à venir nous allons insister là-dessus pour que la nouvelle équipe travaille à créer avec d’autres syndicats crédibles, une centrale syndicale. Nous considérons que les travailleurs sont laissés à eux-mêmes. En plus, nous n’avons pas pu amener le gouvernement à examiner sérieusement la question de traitement salarial des enseignants. Le gouvernement a voulu verser ça dans la grande corbeille des agents de la Fonction publique. Et pourtant, il est conscient des injustices. D’ailleurs, les résultats sur l’étude des systèmes de rémunération l’ont prouvé. Les enseignants sont les parents pauvres en matière de régime indemnitaire.
C’est une injustice qu’il faut corriger, mais nous ne nous désespérons pas. Je pense que notre combat sur ce plan-là n’a pas été vain. Des jalons ont été posés. Nous avons obligé le gouvernement a commandité une étude qui est arrivée à terme avec des résultats probants. Nous considérons aujourd’hui qu’il ne reste qu’à exploiter ces résultats avec les partenaires sociaux pour que des solutions soient apportées. Maintenant, à l’interne je dois reconnaitre que nous avons fait face à une rébellion de certaines personnes qui animent la coopérative d’habitat du syndicat au point que nous étions obligés de prendre des mesures pour que la sérénité puisse revenir. Sinon si on ne l’avait pas fait, des camarades qui se sentaient lésés par la coopérative d’habitat allaient porter plainte ; et ce ne serait pas une meilleure façon de soigner l’image du syndicat.
Le texte ne prévoit que deux mandats, Dianté est-il prêt à partir ?
Oui ! Je plaisantais une fois en disant aux gens qu’il n’y aura pas de M23 au SAEMS. J’allais dire qu’il n’y aura pas un M25, puisque c’est un 25 septembre que ce tiendra le renouvèlement du Bureau exécutif national.
Est-ce qu’il est possible que Mamadou Lamine Dianté quitte la tête de son syndicat de base et reste en même temps coordonnateur du Grand cadre ?
C’est deux mandats qui ne sont pas forcément liés. Au niveau du Saems, le mandat prend fin durant les grandes vacances. Nous tiendrons les congrès les 24 et 25 septembre 2016. Ça sera la fin de mission pour Lamine Dianté au poste de secrétaire général du Saems. Entretemps, nous avons eu à bénéficier un second mandat d’un an à la tête du Grand cadre en janvier 2016. Donc en janvier 2017, nous tiendrons une plénière d’évaluation de ce mandat. Au sortir de cette plénière, il se pourrait bien que nous puissions être remplacé à la coordination du Grand cadre aussi.
PAR BABACAR WILLANE