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Survie des partis au Sénégal: Le regard des adultes
Publié le mardi 20 septembre 2016  |  Sud Quotidien
Référendum:
© Présidence par DR
Référendum: La campagne au pas de charge du président de la République
Dakar, le 19 mars 2016 - Le président de la République Macky Sall a battu campagne, pour le référendum du 20 mars 2016, au pas de charge. Le chef de l`Apr et de la majorité présidentielle a multiplié les déplacements et les meetings dans plusieurs régions du Sénégal. Photo: Macky Sall avec Benno Bokk Yakaar




Presqu’à l’unanimité, les responsables de partis politiques, chargés de la formation des jeunes sont convaincus que la préparation des jeunes au leadership reste la condition de survie de leur formation politique, d’autant plus qu’ils occupent une place de choix dans les partis. Ce qui passe inéluctablement par la responsabilisation de cette génération, ainsi que par le renforcement de leurs capacités techniques et aptitudes personnelles. C’est ce que pensent en effet Mawloud Diakhaté, Directeur du Centre de Formation, de Documentation et de Communication de l’Afp, ainsi que de Maël Thiam, administrateur de l’Apr, sans oublier Moussa Sarr, porte-parole de la Ld.

La préparation des jeunes à assurer le leadership reste la préoccupation majeure des formations politiques au Sénégal, soucieuses d’assurer la pérennité de leur parti. Au niveau de la Ligue démocratique (Ld), toute une procédure, pour responsabiliser de plus en plus les jeunes, a été mise en place. C’est du moins les déclarations de Moussa Sarr, porte-parole de la Ld, qui explique, en effet, qu’une place importante est accordée aux jeunes dans le Secrétariat exécutif permanent, à chaque congrès. Mieux, M. Sarr indique qu’en plus des “Samedis de la Ld“, qui ont, entre autres objectifs, de donner aux jeunes du parti une formation sur les questions d’intérêt national, «nous avons décidé de reprendre l’école du parti».

Du côté de l’Alliance pour la République (Apr), «les jeunes sont préparés au leadership», informe Maël Thiam, administrateur du parti. Il fait tout d’abord remarquer que le leadership est un concept qui ne se décrète pas, mais dépend en faite de la combinaison de plusieurs capacités intrinsèques. Ainsi, pour lui, «ce que le parti politique peut faire, et c’est ce que nous faisons, c’est de renforcer un certain nombre de capacités de base, qui sont de nature à faciliter l’expression du leadership, et sa promotion». Pour cela, poursuit-il, «nous le faisons par la responsabilisation des jeunes, par le renforcement de leur capacité technique, et aptitude personnelle».

Le son de cloche est le même au niveau de l’Alliance des forces du progrès (Afp). Selon le directeur du Centre de Formation, de Documentation et de Communication de l’Afp, «le parti consent des formations de toute nature allant de la capacitation professionnelle au média training». Le professeur Mawloud Diakhaté indique qu’en réalité l’agenda politique des «progressistes» est parsemé de manifestations dont l’objectif premier est la capacitation du militant, son armement intellectuel et moral. «Autrement dit, la préparation à l’exercice d’un leadership», laisse-t-il entendre.

Quid cependant de l’apport de ces jeunes dans les formations politiques ? Sur ce point, Maël Thiam est formel, «sans les jeunes, l’Apr n’aurait pas connu la vitalité qu’elle a connue». Pour lui, l’Apr est un parti jeune et que c’est grâce à sa jeunesse qu’il a pu conquérir le pouvoir après seulement 3 ans d’existence. Selon lui, ces jeunes sont en réalité partout présents en termes d’animation du parti, de sa massification, ainsi qu’en termes d’exécution de tâches relativement à l’opérationnalisation du Plan Sénégal émergent (Pse). Le constat est le même à la Ld, où l’apport des jeunes est fondamental. Moussa Sarr informe, en effet, que «la Ld a toujours eu des jeunes qui ont joué un rôle de premier plan dans les batailles au niveau des syndicats d’élèves et étudiants, mais également les jeunes du parti ont joué un rôle de premier plan dans la massification du parti, partout à travers le pays». Le directeur de l’école du parti de l’Afp ne dira pas le contraire.

Pour Mawloud Diakhaté, «les statuts de l’Afp confèrent aux jeunes un rôle de tout-premier plan car ils sont considérées comme le levain du projet de société que nous proposons aux Sénégalaises et aux Sénégalais». Mieux, il s’est même posé la question suivante : «quel autre segment du parti plus que les jeunes peut se targuer d’avoir l’énergie qu’ils ont, la conviction qu’ils ont, et la force d’entrainement qu’ils ont? Et de répondre qu’en réalité «je n’en vois pas. Sauf, toute chose étant égale d’ailleurs les femmes!».

Pour autant, Moussa Sarr a tout de même admis que, compte tenu de l’environnement ambiant aujourd’hui, beaucoup de jeunes ne se préparent pas à assumer un leadership national. Pour lui, non seulement ces jeunes n’assurent pas leur auto-formation, mais aussi, de plus en plus, les partis politiques ont abandonné la formation des militants. L’autre élément, selon lui, est la recherche effrénée de l’argent et de la richesse facile qui a tendance à pousser les jeunes à procéder par des raccourcis pour avoir immédiatement de l’argent et accéder à des positions de pouvoir. Il s’y ajoute la qualité de l’offre politique proposé aux jeunes, confrontés qu’ils sont à un certains nombre de difficultés, comme la recherche de l’emploi, les crises répétitives au niveau de l’école, relève-t-il. Comme conseil à cette jeune génération, M. Sarr fait savoir que «si on veut avoir une carrière en politique, il faut être extrêmement patient. Donc, les jeunes doivent se former auprès des anciens et d’être patients».

Les jeunes de la société civile apprécient

Invités à porter un regard sur le rôle et la place des jeunes dans les partis politiques au Sénégal, les jeunes de la société civiles sont presque unanimes sur la faible place qu’ils occupent au sein de leur formation politique. Selon Abdourahmane Sow, président de la Commission Orientation et Stratégie Cos/M23, l’avis des jeunes n’est généralement pas pris en compte, car versés qu’ils sont «à être des boucliers et baliseurs des différents responsables “mécènes“ et protecteurs». Une conviction que partage Simon Kouka, membre fondateur du mouvement Y’en a marre. Pour lui, la voix des jeunes ne pèsent pas dans la mesure où ils dépendent des responsables de partis, qui les sollicitent pour diverses raisons.

Le regard que les jeunes de la société civile portent à l’égard de leurs camarades qui se trouvent dans les formations politiques, est presque unanime. Tous ou du moins ceux contactés, soutiennent qu’en général l’avis des jeunes n’est pas tellement pris en compte dans les partis politiques. Comme raisons avancées, Abdourahmane Sow, président de la Commission Orientation et Stratégie Cos/M23 estime que «plus versés à être des boucliers et baliseurs des différents responsables “mécènes“ et protecteurs pour être promus, l’avis des jeunes n’est en général pas du tout pris en compte dans les orientations et politiques mises en place par les partis». Cela, même s’il admet, par ailleurs, que «les jeunes en général, jouent dans les partis politiques, un rôle prépondérant».

Le constat est le même pour Simon Kouka, membre fondateur du Mouvement Y’en a marre. De l’avis du rappeur «les jeunes sont plus utilisés pour massifier le parti». Mais, quant à leurs avis dans le parti, il dit «ne pas croire que leurs voix pèsent beaucoup». Pour cause, il soutient qu’en réalité, ces jeunes «dépendent le plus souvent de leurs responsables de parti, qu’ils sollicitent pour soit une formation, un emploi ou autre chose». Qui plus est, poursuit-il, «beaucoup de jeunes, qui prennent le contre-pied du parti, sont menacés, exclus ou marginalisés». A cela s’ajoute, selon lui, le fait qu’on soit dans une société où les jeunes doivent accepter tout ce que disent les anciens ou les personnes expérimentés.

Qu’en est-il alors de leur discours politique ? Sur ce point aussi, Abdourahmane Sow pense que le discours «est sur commande des leaders et en phase avec les intérêts du parti», même s’il constate, en faite, un changement dans le leadership des jeunes par des prises de positions très fortes sur le débat politique. Pour lui, cela est favorisé par «le manque de démocratie interne aux partis, en sus du règlement intérieur qui restreint toutes opportunités d‘initiatives». Fort de cela, il soutient mordicus que «le discours des jeunes est toujours à dimension conflictuelle, soit à l’endroit d’un concurrent direct, soit en faveur du parrain, ou bien c’est pour taper sur la mouvance au pouvoir ou sur l’opposition, cela dépend de la position». Ce qui n’est plus le cas pour eux du Cos/M23, selon lui, dans la mesure où «chassés de leurs partis respectifs pour la majorité, depuis quatre ans, ces jeunes ont réussi à se libérer d’une «discipline» de parti, pour conduire leur vision et occuper une place dans le concert des organisations reconnues pour leur participation libre et responsable dans la gestion des affaires publiques».

Simon n’en dira pas moins, car pour lui, les jeunes ne sont que des «suiveurs». «Ils disent ce que ces gens-là (leaders) ont envi qu’ils disent ou ce qu’ils ont envi d’entendre», soutient-il. A son avis, il est très rare que les jeunes affirment leur leadership car leurs rencontres sont financées par leur leader. Pour lui, contrairement au mouvement tel que Y’en a marre, où on peut citer des jeunes tels que Kilifeu, Thiat, Fadel, Aliou Sané, Fou malade, lui-même, etc, dans les partis politiques, il est impossible de sortir du lot autant de jeunes.

Pour autant, et concernant la formation au leadership des jeunes dans les partis, le président du Cos/M23 estime qu’en réalité elle existe, même si elle est timide. Pour lui, «dans les partis politiques, il y a dès fois des opportunités de formation interne des jeunes». D’ailleurs, il a relevé «l’apport considérable de la fondation Friedrich Ebert en termes de formation des jeunes en leadership politique». C’est ainsi que le Cos/M23, selon lui, a trouvé des partenaires pour des programmes sur la participation politique des jeunes et la citoyenneté active.
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