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Rôle, place et leadership des jeunes dans les partis: La relève différée
Publié le mardi 20 septembre 2016  |  Sud Quotidien
L`inspecteur
© aDakar.com par DF
L`inspecteur des impôts Ousmane Sonko fait face à la presse
Dakar, le 24 août 2916 - L`inspecteur des impôts et domaines Ousmane Sonko, patron du parti "Pastef, les patriotes", a tenu une conférence de presse pour se prononcer sur son audition avortée par le Conseil de discipline de la fonction publique.




La place et le rôle qu’occupent les jeunes dans les partis politiques au Sénégal, tout comme leur préparation au leadership dans leur formation politique, sans occulter leur discours lié à un projet de société, sont des sujets qui préoccupent plus d’un. Cela, d’autant plus que le constat alarmant est qu’ils sont le plus souvent la proie facile des hommes politiques, qui les utilisent comme leurs boucliers pendant les campagnes électorales, ou tout simplement comme des «caisses de résonance» pour répondre et/ou s’attaquer à des adversaires politiques. Dans ce dossier, Sud Quotidien a donné la parole aux jeunes de certains partis, en l’occurrence Thérèse Faye, Coordonatrice nationale de la Convergence des jeunes républicains (Cojer), ainsi qu’à Mame Bounama Sall, Secrétaire national du Mouvement national des jeunesses socialistes, sans oublier Bathi Ciss, porte-parole des jeunes et responsable de la communication des Cadres de l’Alliance des forces du progrès (Afp).

Ils se sentent bien dedans

Invités à se prononcer sur la place et le rôle qu’ils jouent au sein de leur parti politique respectif, les jeunes interpellés par la rédaction de Sud Quotidien indiquent occuper une position de choix dans leur formation. De l’avis de la Coordinatrice nationale de la Cojer, les jeunes, à l’Alliance pour la République (Apr), occupent une place importante. Thérèse Faye estime, en effet, «qu’ils (les jeunes) en sont les fers de lance». Un avis qui va dans le même sens que la conviction de Mame Bounama Sall, responsable des jeunesses socialistes. En effet, le protégé d’Ousmane Tanor Dieng, Sg du Ps, trouve que la gestion de la relève du Ps est un exemple, dès lors que cette jeunesse siège à tous les niveaux, du Comité jusqu’au Secrétariat exécutif national, en passant par le Bureau politique, le Comité central et toutes les structures au niveau déconcentré. Ainsi, il en déduit que «le Ps fait un pari optimiste sur sa jeunesse». Bathis Ciss, porte-parole des jeunesses progressistes, n’en dira pas moins. Pour M. Ciss, «les jeunes sont au cœur de notre organisation de façon aussi bien horizontale que verticale». Selon lui, ces derniers sont bien représentés dans toutes les structures, à la base comme au sommet.

Prise de décisions- Les jeunes suivent le mouvement

Quid de leurs avis lors des prises de décisions ? Sur ce point, la protégée du chef de l’Etat informe qu’en réalité, les jeunes participent aux prises de décision, du moment qu’ils sont présents dans les instances de décision. Cela, même si pour autant, elle demande une présence d’au moins 30% des jeunes dans ces instances décisionnelles. Le constat est le même à l’Afp, selon Bathi Ciss, qui trouve que le choix d’un ancien responsable des jeunes comme porte-parole, tout comme la présence des différents responsables des jeunes des régions et départements dans le Bureau politique, montrent que les jeunes ont droit au chapitre.

Parlant du rôle que joue cette jeunesse dans les formations politiques, Bathis Ciss d’informer que «nous (Afp) sommes et le bouclier de notre parti et le fer de lance de ce parti, nous en sommes la sève aussi». La coordinatrice de la Cojer pense aussi que «le rôle des jeunes se situent surtout dans l’animation et la mobilisation des forces sociales». Au Ps, selon Bounama Sall, «Défendre le parti, voilà ce qui a toujours été le rôle et la responsabilité de la jeunesse socialiste» ; en d’autres termes, servir de boucliers pour ses responsables moraux, ses instances, ainsi que ses emblèmes.

Quand le discours s’enlise

Presqu’à l’unanimité, les jeunes des partis politiques reconnaissent, en effet, que la jeunesse politique pèche parfois dans son discours. C’est tout au moins ce que pense Thérèse Faye, qui estime, en réalité que, le discours «est plus violent et fait dans l’invective que dans l’argumentaire et le raisonnement». Pour ce faire, elle propose un changement de paradigme chez les jeunes. Toutefois, elle fait comprendre qu’au niveau de l’Apr, «nous nous efforçons d’avoir un discours argumenté et raisonné, car nous sommes très bien formés et avons des niveaux universitaires très élevés».

Mame Bounama Sall de renchérir que pour ce qui est du discours «cette jeunesse se doit d’être davantage responsable et réfléchie et de ne pas croire que jeunesse politique rime avec violence, insolence et insanité». Pour lui, les invectives ne constituent pas la référentielle politique. Citant en exemple feu Babacar Mbaye, M. Sall pense que «c’est un exemple achevé d’un leader jeune foncièrement ancré dans ce que nous avons de plus valeureux : courtoisie, discipline, cohérence et sens de la responsabilité». Ainsi, il préconise à la jeunesse d’articuler son discours autour de valeurs et principes, «dans une approche bien sénégalaise, c’est-à-dire imbu de nos valeurs qui vont de pair avec notre éducation familiale».

Au niveau de l’Afp, le discours tire sa substance des valeurs qui fondent le parti, selon Bathi Ciss. Pour lui, «ce n’est pas un discours haineux, ni démagogique encore moins politicien, mais un discours de construction, de rappel de ce qui nous lie et des engagements que nous prenons vis-à-vis des populations que nous sommes censés défendre». A son avis, le discours des jeunes ne doit pas être de caniveaux, de va-t-en-guerre, de rivalité politique.

Projet de société : Le rêve est bien là

La volonté pour les jeunes des partis politiques de changer le monde à leur image est bien présent. Ou du moins, c’est ce que semble dirent tous les jeunes interpellés. En effet, Thérèse Faye informe qu’en réalité les jeunes de l’Apr sont bien imprégnés des projets de société que porte leur parti. Elle s’est ainsi identifiée à la vision du chef de l’Etat, Macky Sall qui, selon elle, «s’adossait sur un nouvel ordre de priorités empruntant un véritable chemin du développement». Pour le maire de la commune de Diarrère, «c’est ce qui nous fait adhérer pour la plupart dans les partis», dans la mesure où «cela rejoignait, en quelque sorte, l’idéal que nous faisions de la construction économique et sociale de notre pays», se justifie-t-elle.
A l’Afp, la jeunesse est bien soucieuse des problématiques qui se posent dans la société. De l’avis de M.Ciss cette question interpelle tout jeune conscient, qu’il soit dans l’espace politique ou dans une autre sphère de la société. Donc, selon lui, «l’Afp a un projet de société qui intègre les problématiques auxquelles les jeunes font face».

Même son de cloche du côté des jeunes socialistes, par la voix de leur secrétaire national. Mame Bounama Sall pense qu’il est temps, pour la jeunesse, d’innover, de s’inscrire dans une nouvelle ère de faire de la politique, qui doit transcender certaines considérations partisanes trop rétrogrades. Mieux, il est d’avis que la jeunesse doit se dire, qu’au-delà des partis politiques, elle partage un seul et même parti qui est celui de la jeunesse. Pour lui, cette jeunesse politique «doit avoir en bandoulière les intérêts moraux et matériels de la jeunesse sénégalaise dans notre capacité à nous unir quand il s’agit de problèmes liés à l’emploi des jeunes, à la formation, à la préservation des acquis démocratiques, à la défense de notre futur cadre de vie».

Leadership : Du chemin reste à faire

Sur la question de la formation des jeunes au leadership dans les partis politiques, ils admettent, que le chemin reste long. Pour la Dg de l’Agence nationale de la Petite Enfance et de la Case des Tout Petit (Anpectp), seuls quelques-uns ont la chance d’être préparés au leadership. Toutefois, elle informe qu’une partie des jeunes du parti au pouvoir a fait ses premiers pas à l’université, notamment dans le syndicalisme universitaire, l’autre dans les mouvements associatifs. «Il faut donc que des mécanismes de préparation soient mis en place et qu’ils fonctionnent correctement. Les écoles des partis politiques sont de bons mécanismes, malheureusement ils ne fonctionnement pas correctement», trouve-t-elle.

Bounama Sall, quant à lui, reste convaincu que la jeunesse socialiste n’a rien à envier aux autres formations politiques, en termes de responsabilisation et d’attention. Pour autant, il indique clairement qu’il est foncièrement contre ceux qui théorisent l’alternative générationnelle. Il dit être pour «la méritocratie» et la «solidarité des générations», parce que, poursuit-il, «la jeunesse a besoin de la sagesse et de l’encadrement des adultes, comme les adultes ont besoin de la rigueur et de la fougue des jeunes».
Ailleurs, les jeunes de l’Afp peuvent se glorifier d’avoir en leur sein un Centre de formation de documentation et de communication, selon le chargé de la communication des cadres du parti. Il indique que c’est, en effet, un centre de formation, d’accompagnement et de monitoring qui organise des sessions de formation durant toute l’année et qui se prépare d’ailleurs à organiser l’université d’été du parti. Mieux, «le parti Afp participe aux formations distribuées par certaines institutions nationales et internationales». Partant de cela, il refuse de croire à la stratégie «ôte-toi de là que je m’y mette».

ALTERNATIVE GENERATIONNELLE AU SENEGAL : Le oui... mais des jeunes leaders politiques

Le rêve d’une alternative générationnelle au Sénégal est bien permis, encore qu’elle a commencé à se matérialiser avec l’actuel chef de l’Etat, née après les années 60. C’est du moins la conviction des jeunes leaders politiques, en l’occurrence Modou Diagne Fada, leader du Ldr Yessal, tout comme de Malick Noël Seck, patron du Front National de Salut Public/ Mom Sa Reew, sans oublier Abdou Khafor Touré, ex-membre du Pds. Toutefois, ils s’accordent tous sur la nécessité d’une «alternance mentale» afin de ne pas reproduire les mauvaises pratiques de leurs prédécesseurs.

Tantôt proclamée, tantôt réclamée par la jeune génération d’hommes et de femmes politiques, l’alternative générationnelle semble prendre forme au Sénégal. Ou du moins, il y a de l’espoir qu’elle puisse prospérer, dans la mesure où l’élite politique se relève de génération en génération. Cette conviction est des jeunes leaders politiques. En effet, de l’avis de Malick Noël Seck, patron du Front National de Salut Public/ Mom Sa Reew, le pays a eu une alternative générationnelle avec l’actuel président de la République, née après les années 60. Lui emboîtant le pas, Modou Diagne Fada, Sg du parti politique Les démocrates réformateurs «Yessal» (Ldr), pense qu’il faut garder espoir. Pour le président du groupe parlementaire des «Libéraux et démocrates», «aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, la classe politique est en train de se régénérer, de se renouveler». Mieux, il estime que de plus en plus, les jeunes générations se fraient des chemins et tentent de réaliser l’alternance générationnelle sous d’autres formes. La preuve, poursuit-il, «il y a plusieurs secrétaires généraux de parti, d’une certaine visibilité sur le plan national, qui dépassent à peine la cinquantaine». Même son de cloche chez Abdou Khafor Touré, ex-membre du Parti démocratique sénégalais (Pds). Pour lui, avec l’évolution rapide du monde, le renouvellement de la classe politique est un processus qui est en train de suivre son cours normal. Il fait noter, cependant, que «c’est à la jeune génération de montrer qu’elle est à la hauteur».

Quid de cette alternative générationnelle, si le même mode de gestion est reproduit avec les mêmes erreurs ? Sur ce point, Malick Noël Seck pense qu’elle n’aura aucun sens et serait juste qu’un slogan. S’attaquant à la gestion du président de la République, Macky Sall, le leader du Front National de Salut Public/Môme Sa Rew pense que «nous avons un président de la République qui est le visage de l’impérialisme au Sénégal». C’est-à-dire, explique-t-il, «que toutes nos sociétés ont été bradées» et en plus de cela «ses décisions, on a l’impression qu’il ne les prend pas librement», se désole-t-il. Par conséquent, il préconise «des alternances mentales en lieu et place d’alternances générationnelles». La réponse est quasi la même pour le président du groupe parlementaire des «Libéraux et démocrates», qui estime que la démocratie sénégalaise est obligée d’évoluer au rythme du monde. Pour Fada, il n’est pas question de reproduire les mêmes tars, après s’être battu pour une meilleure transparence interne, pour une évolution démocratique des pouvoirs au sein des partis. Parlant de sa nouvelle formation politique, il informe qu’elle est une «génération d’hommes et de femmes et nous devons travailler à ne plus reproduire les mêmes systèmes politiques qui ont gouverné les partis politiques jusqu’à présent». Dans la même veine, Khafor Touré qui soutient en effet qu’on ne réclame pas de position en politique, trouve que «la jeunesse politique doit avoir un autre discours, une autre approche politique». Mieux, face à la crise de confiance entre les populations et les hommes politiques, «il faut que la jeune génération réadapte son discours», conseil-t-il.

OUSMANE SONKO DU PASTEF SUR L’ALTERNATIVE GENERATIONNELLE : «On a l’impression d’être dans une situation d’arrêt»

Les jeunes leaders dans la sphère politique depuis plus de 30 ans, ne peuvent pas se réclamer d’une alternative générationnelle, d’autant plus qu’ils sont comptables du passif politique au même titre que les anciens. C’est la conviction du leader de Pastef, Ousmane Sonko qui estime, en effet, que la définition d’une génération politique ne doit pas être basée sur l’âge, mais plutôt sur l’entrée en politique et la manière dont on compte la faire. Il reste cependant convaincu qu’il y a un certain statuquo au Sénégal, non sans nourrir un espoir quant à une réelle alternative générationnelle.

«Les sociétés humaines par essence, ce qui les caractérise, c’est leur capacité à se régénérer, aussi bien biologiquement, organisationnellement, que fonctionnellement». Cette déclaration est du président du parti Les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef-les Patriotes). De l’avis d’Ousmane Sonko, toute société qui ne progresse pas, est incapable de suivre ce processus de régénération. Qu’en est-il de la classe politique sénégalaise, des indépendances à nos jours ? Sur ce point, l’inspecteur général des Impôts et domaine est catégorique : «C’est pertinent de poser le problème parce qu’on a l’impression dans un pays comme le Sénégal, d’être dans une situation d’arrêt», répond-t-il. Il explique que depuis plus de 40 ans, «on a, à peu près, les mêmes têtes les plus visibles au niveau de la politique». Alors qu’ailleurs, comme aux Etats-unis ou encore en France, des générations se sont succédé, selon lui.

Toutefois, le président du parti les Pastef reste convaincu qu’une réelle alternative générationnelle est bien possible au Sénégal. Selon lui, «si j’analyse l’engouement qui se fait autour de notre discours politique, je crois que les Sénégalais sont à la recherche d’autres choses». Qui plus est, à son avis, sur les 13 millions de Sénégalais, seuls 500.000 sont des politiciens professionnels. «Cette grande majorité silencieuse en a suffisamment mare de cette classe politique actuelle», pense-t-il.

Cependant, Ousmane Sonko estime qu’il convient de clarifier le concept d’alternative générationnelle. Pour lui, «il y a deux types de génération, une qui est callée sur l’âge et l’autre qui dépend de l’entrée en politique et la manière dont on compte faire la politique». Ainsi, il considère que les jeunes leaders, en politique depuis plus de 30 ans, ne peuvent pas avoir une virginité politique et incarner une nouvelle génération politique. Pour lui, ces derniers ont «à peu près la même responsabilité politique dans le passif de ce pays que des gens qui ont 70 ans». Des gens peuvent cependant avoir 60 à 70 ans et devenir jeune politiquement, si toutefois ils viennent de s’engager dans la sphère politique, considère-t-il. Fort de ces deux approches, il dit préférer celle basée sur la durée en politique, non sans appeler à «une alternative dans l’approche politique».
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