L’ancien chef d’Etat-Major général des Armées, le général Mamadou Mansour Seck estime que
la Gambie est surarmée mais exclut toute velléité d’occupation de la part de l’armée sénégalaise.
Je considère que la Gambie est surarmée par méfiance par rapport au Sénégal. Cela ne veut pas dire que c’est l’un contre l’autre. Les accords de défense signés par le Sénégal avec la France ou les Etats-Unis n’ont rien à voir avec ceux de la semaine dernière entre Moscou et Banjul par la Gambie”. Ces propos sont de l’ancien chef d’état-major général des armées (Cemga), le général Mamadou Mansour Seck. Invité hier, de l’émission hebdomadaire de la Rfm, Grand jury, l’actuel président du Conseil du Centre des hautes études de défense de sécurité estime que le caractère républicain de l’armée sénégalaise exclut toute velléité d’invasion ou d’occupation envers son voisin. “Nous n’avons jamais voulu occuper la Gambie. Le faire n’aurait pas été militairement un problème mais nous sommes une
armée républicaine”, a-t-il déclaré. Selon lui, l’accord militaire entre la Russie et la Gambie ne peut pas être considéré comme une réponse
de Banjul aux accords de défense signés entre le Sénégal et les USA en mai dernier. Malgré le précédent des armes iraniennes, il estime que la Gambie n’a globalement pas à s’inquiéter de sa position géographique qui lui confère une seule frontière avec le Sénégal.
D’ailleurs concernant la question sécuritaire dans le contexte de terro- risme, Mansour Seck estime que la solution au phénomène passera par l’implication des populations. “C’est
une erreur de croire que le combat soit seulement militaire. Il faut que l’ensemble de la population soit soldat, et puisse remplacer l’esprit de peur par l’esprit de défense. L’armée doit être prête mais les populations aussi comme en Grande-Bretagne et en Suisse”, déclare-t-il. Avant de soutenir que les prises de positions du Président Macky Sall sur le terro- risme ne le dérangent pas. Autre clé, l’implication des chefferies reli- gieuses à condition qu’elles soient préparées et informées. Quant à la question du conflit sénégalais en Casamance, il avoue lui même que c’est une “crise relativement com- plexe” et que “la question n’était pas militairement réglée”. Le désenclavement de la région du Sud consti- tuerait pour lui une bonne partie du règlement de cette crise.
Double nationalité
Sur un autre registre, l’ex-Cemga pense qu’il faut la nationalité exclusivement sénégalaise pour prétendre à certaines fonctions dans le pays. En dehors du landerneau politique où se cantonne le débat sur la double nationalité, le Général se préoccupe des éventuels contrecoups que peut entraîner les conflits d’intérêt. “La loi doit être élargie aux ministres, aux ambassadeurs, aux fonctionnaires. Des gens qui représentent l’Etat et qui se trouvent dans des positions où il y a des choix à faire doivent avoir une seule nationalité. Ces personnalités remplissent de hautes responsabi- lités, ils représentent notre pays c’est pourquoi ils doivent détenir qu’une seule nationalité”, a-t-il défendu, rappelant avoir écrit à son Etat-major, en compagnie de son camarade Moussa Dioum, pour renoncer à sa nationalité française en tant que Saint-cyrien, juste après l’indépendance.
Quant à l’annonce de découverte de pétrole et gaz au large des côtes sénégalaises, l’ex-Cemga est d’avis qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter. “Il faut bien le manager. Si on le gère bien, si tout le monde en profite, il n’y a pas de raisons qu’il soit source de troubles”, conclut-il.