Face à la décision du gouvernement de corser la lutte contre le tabagisme surtout en augmentant les taxes sur ce produit, l’industrie du tabac pourrait sonner la riposte. L’alerte est de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT).
Dans sa volonté de poursuivre la lutte antitabac, le gouvernement du Sénégal prévoit d'introduire des mises en garde sanitaires illustrées sur les paquets de tabac et d'augmenter les taxes Mais selon la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT), il faut s'attendre à ce que l'industrie du tabac s'élève clairement contre la volonté du Sénégal. Dans un communiqué parvenu à EnQuete, Mamadou Bamba Sagna, Coordonnateur régional de ‘’Campaign for Tobacco free kids’’, a soutenu que le pays et toute l'Afrique doivent, d'urgence, mettre en place des mesures pour contrecarrer les efforts de marketing croissants de l’industrie du tabac sur le continent. ‘’L'augmentation du prix du tabac, notamment par la hausse des taxes, s'est avérée le meilleur moyen de réduire la consommation des fumeurs et de dissuader les enfants et les jeunes de commencer à fumer. Cette mesure est tellement efficace que l'industrie du tabac fait immédiatement pression dès qu'une hausse des taxes est proposée, soutenant qu'elle alimenterait la contrebande de cigarettes’’, a expliqué Bamba Sagna.
Selon la note de la CCLAT, la stratégie de l'industrie du tabac est simple. Elle tente d’intimider les gouvernements en déformant les faits et les données, tout particulièrement en ce qui concerne les suites d’importantes hausses des taxes. Il y a néanmoins le fait que l’industrie omet toujours de mentionner que les pays où les taxes sont les plus élevées présentent les taux de contrebande les plus faibles. ‘’Ceci s'explique en partie parce que des ressources sont mobilisées pour lutter contre le commerce illicite à l'intérieur de leurs frontières mais aussi en collaboration avec les pays voisins. Aujourd'hui, la CCLAT dispose d’un outil supplémentaire à savoir le Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, adopté en 2012’’ peut-on lire dans le communiqué.
80% de décès liés au tabagisme à l’horizon 2030
Les conséquences négatives du tabagisme, a dit Mamadou Bamba Sagna, vont bien au-delà de la sphère de la santé. Le tabagisme constitue aussi un frein au développement. Il prive les familles de ressources qui pourraient être investies dans l’éducation, les soins de santé et même l’alimentation. La croissance économique des pays en souffre également car la moitié des décès liés au tabac surviennent durant les années les plus productives des fumeurs, à savoir entre 30 et 69 ans. ‘’Les coûts de l’épidémie de tabagisme sont considérables et ne cesseront d'augmenter si aucune mesure n’est prise aujourd’hui. Par exemple, d’ici 2030, 80% des décès liés au tabac surviendront dans les pays à revenu faible et intermédiaire’’, a-t-il souligné. C’est pourquoi, les gouvernements du monde entier se réuniront de nouveau en novembre, dans le cadre de la COP7 de la CCLAT, afin d'évaluer l'efficacité du traité en matière de lutte contre l'épidémie de tabagisme.