Le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine a suggéré, dimanche, aux juridictions sénégalaises compétentes, d’ouvrir une enquête judiciaire dans l’affaire du carburant toxique mis au jour par l’ONG suisse "Public Eye".
Cette ONG a rendu public jeudi un rapport révélant "comment les négociants suisses en matières premières profitent des faibles standards en Afrique pour produire, livrer et vendre des carburants à haute teneur en soufre, interdits en Europe".
Les pays cités dans cette étude sont l’Angola, le Bénin, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Sénégal, la Zambie. Le document fait aussi état de quatre négociants suisses, tous propriétaires de réseaux de stations-service en Afrique : Trafigura et son félin Puma Energy ; Vitol et son enseigne Shell pilotée par le consortium Vivo Energy.
Invité dimanche de l’émission "Remue-Ménage" de Radio Futurs Médias (RFM), le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine a qualifié de crimes les pratiques mises en évidence par Public Eye.
Selon lui, "c’est en réalité un crime" dans la mesure où les carburants ainsi vendus contribuent à "polluer et empoisonner nos vies". Il a indiqué que selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dakar a un niveau de pollution sept fois supérieur "aux autres normes".
"Il faut dire que c’est un crime", a répété avec force l’ancien patron de la Rencontre africaine de défense des droits de l’homme (RADDHO), visiblement scandalisé par cette affaire.
Il a affirmé que ce dont les Sénégalais ont d’abord et avant tout besoin, "c’est d’avoir de bonnes informations" de la part des institutions nationales.
Alioune Tine, qui avance aussi l’idée d’une commission d’enquête, a précisé que l’objectif de l’enquête judiciaire qu’il propose, doit consiste à "édifier" les citoyens et à faire en sorte que "toutes les conséquences" de cette affaire "soient tirées".