Depuis jeudi, des pensionnaires de la maison d’arrêt de Rebeuss ont décrété une grève de la faim de trois jours pour protester contre leurs mauvaises conditions de détention et exiger leur jugement. En vue de faire revenir les grévistes à de meilleurs sentiments, le directeur de l’administration pénitentiaire, le Colonel Daouda Diop, nous dit-on, a dépêché des émissaires qui se sont entretenu avec les chefs de chambre. A en croire nos sources, les grévistes ne demandent ni plus ni moins que la présence physique du Chef de l’Etat, car ils en ont plus qu’assez des promesses du ministre de la Justice.
Les prisonniers ont expliqué les raisons de leur mouvement par leurs mauvaises conditions de détention caractérisées par le surpeuplement des cellules et la mauvaise qualité de la nourriture, entre autres. Les pensionnaires de Rebeuss exigent aussi la tenue régulièrement de sessions de chambres criminelles, afin qu’ils puissent être jugés dans des délais raisonnables, pour qu’ils n’aient plus à subir les longues détentions préventives. Par ailleurs, les détenus exigent également le retour de leurs trois co-détenus (Ibou Ndao, Amadou Sy et Baye Diallo) transférés à la prison de Thiès, du fait qu’ils seraient les instigateurs.
Après avoir écouté les détenus, les émissaires du Colonel Daouda Diop ont promis de transmettre les doléances à qui de droit. Toutefois, ils ont fait comprendre aux prisonniers que la question de leur jugement n’incombe pas à l’administration pénitentiaire, mais cela est plutôt du ressort du parquet. Concernant les mauvaises conditions de détention, l’interlocuteur des détenus aurait fait savoir à ces derniers que tous les problèmes seront réglés. Les responsables de l’administration pénitentiaire auraient également promis à leurs interlocuteurs que le trio transféré sera ramené. Des promesses qui n’ont pas fait fléchir les grévistes car, selon nos informations, ils ont poursuivi leur diète, car ils ont refusé de prendre la nourriture à l’heure du diner.
…La Raddho exige des mesures sans délai
Cette énième grève de la faim observée par les détenus de Rebeuss a fait réagir la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme ( Raddho). Dans un communiqué, Aboubacry Mbodji et ses camarades déplorent cette situation qui à leurs avis, ‘’traduit une profonde crise qui se caractérise par de mauvaises conditions de détention, dues au surpeuplement des prisons, à la mauvaise qualité de l'alimentation, au manque d'eau et d'hygiène, etc’’. Pour la Raddho, ‘’une telle situation est inacceptable et injustifiable dans un pays comme le Sénégal qui se targue d'être une vitrine de la démocratie et un Etat de droit ayant comme responsabilité de veiller au respect de la dignité humaine et au traitement égal de tous les citoyens devant la loi’’.
Au demeurant, ces défenseurs des droits de l’homme, ‘’considère que la prison n'est pas un garage, mais plutôt un lieu de privation de liberté où les détenus continuent encore de jouir de leurs droits humains fondamentaux tels que l'alimentation, l'éducation, la santé et l'hygiène’’. Au regard de la situation, la Raddho interpelle les autorités gouvernementales pour qu'elles ‘’accordent une plus grande attention au respect des droits de la personne humaine, fut-elle un détenu’’. Elle exige également que ‘’des mesures idoines soient prises dans les meilleurs délais afin de mettre un terme à cette profonde crise qui affecte le système pénitentiaire sénégalais et qui risque de ternir l'image du pays.’’