La place grouillait depuis quelques jours de toutes sortes de rumeurs. Le Premier ministre Aminata Touré était supposé être dans une posture conflictuelle avec le Palais. La voilà qui dégage en touche, sur ''Grand Jury'' de la RFM. Et de quelle façon ! En effet, elle a rendu au Président tous ses pouvoirs. Plus que ses pouvoirs d'ailleurs. ''C'est la clef de voûte des institutions'', ''mon patron'', a-t-elle déclaré. Pour elle, il n'y a rien de conflictuel entre eux, puisque, déclare-t-elle, ''c'est une relation (Ndlr, normale) de patron à Premier ministre''.
Que le Président Sall puisse accéder directement à ses ministres ne saurait poser problème, car ''c'est son gouvernement''. Le Premier ministre Aminata Touré a ensuite longuement disserté sur les mille et une urgences de notre pays qui était au même niveau de développement que la Corée du Sud dans les années 60. Urgences qui riment avec Emergence. Les cartes abattues sont on ne peut plus claires. Mais elle en a profité pour égratigner la presse.
Nul besoin pour nous de tendre la perche aux ''journalistes qui colportent des rumeurs'' ; EnQuête n'en faisant en tout cas pas partie. Ce qui reste sûr, c'est que dans ce dossier, tout n'a pas été dit. Et si on parle beaucoup de ''problème de susceptibilité'' et de ''schéma caché'', ce n'est sans doute pas là la substance de l'énigme qui est la racine du problème...
Le fond du problème...
Il ressort bien de nos investigations que c'est moins cela que le déficit de performance qui est le problème de fond. Si en effet Mimi Touré estime que beaucoup de journalistes n'ont pas le niveau – ce qui est sans doute vrai – on lui reproche aussi à elle de ne pas avoir le niveau, de ne pas bien connaître la machine de l'Etat et de ne s'agripper qu'à la brindille... Nations-Unies. C'est cela qui semble bien justifier le déficit de leadership sur son équipe, estime-t-on de sources concordantes.
Il s'y ajoute que malgré les démentis et autres dénégations, la crise est bien réelle entre elle et plusieurs ténors de son parti, l'Alliance pour la République. Ils sont d'ailleurs bien nombreux au niveau du parti présidentiel qui prient pour que la hache de guerre ne soit pas enterrée. Une cuisine bien interne à l'APR qui ne nous regarde pas. Mais qui disait déjà que cette hache-là n'a jamais été déterrée et qu'il s'agit de l'imagination de journalistes ? Abdoul Mbaye ne disait-il pas la même chose jusqu'à sa chute à laquelle d'ailleurs l'actuelle PM, Mimi Touré, a fortement participé ?