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Absence de charges, confort et coût accessible: Les hôtels à l’épreuve d’une ‘’concurrence déloyale’’
Publié le jeudi 8 septembre 2016  |  Enquête Plus




‘’Le malheur des uns fait le bonheur des autres’’. Cet adage trouve tout son sens dans la situation actuelle des hôtels face aux appartements et maisons meublés. Pendant que les uns se font de l’argent à l’absence de toute obligation statutaire, les autres perdent une clientèle. Les hôteliers dénoncent une ‘’concurrence déloyale’’ sous le regard indifférent de l’Etat.

Les hôtels sénégalais ne sont plus les seuls endroits susceptibles d’accueillir de la clientèle en voyage de travail, ou à la recherche d’un repos ou des vacances bien mérités. A Dakar, Mbour et Saly, le phénomène des appartements meublés a fini de soumettre les réceptifs à une rude concurrence. Cette situation est encore plus préjudiciable en cette période de vacances où nombre de potentiels pensionnaires d’hôtels préfèrent loger dans les appartements et maisons meublées. Le confort est presque le même et le coût moins élevé. ‘’Nous venons avec des euros mais, cela ne veut pas pour autant dire qu’on ne doit pas économiser. Avec ma sœur et son époux, nous logions à l’hôtel pendant 10 jours pendant nos vacances. Depuis 3 ans, nous nous rabattons sur les appartements meublés et nous gagnons près de 180 euros (117.000 FCFA) sur nos dépenses précédentes. La seule différence, c’est que nous gérons nous-mêmes notre alimentation. Cérise sur le gâteau, nous avons de l’espace et pouvons recevoir nos amis’’, allègue Mme Gérard.

D’après cette veuve, sénégalaise d’origine, c’est pour côtoyer leurs parents et amis du pays, qu’avec sa sœur et son frère, ils viennent chaque deux an au Sénégal. Ayant pour habitude de loger dans un hôtel de la place, histoire de profiter aussi de leurs vacances, l’un de leurs cousins a eu ‘’la merveilleuse idée ‘’ de leur avoir suggéré, en 2013, un appartement meublé, jouxtant la boulangerie jaune. Rentrés au pays, ils ont fait passer l’information à tous les vacanciers à destination du Sénégal.

Malamine Sène est un gestionnaire de profession. Lui aussi a tenté l’expérience. ‘’J’ai eu à recourir à ces appartements meublés après mon mariage, pour 10 jours. Cela m’avait coûté 200 000 F Cfa. C’était à la Sicap. Je venais de me marier et je ne pouvais pas partir à Saly comme prévu avec ma femme, car j’avais des urgences à gérer à Dakar. Toutefois, un hôtel ne pouvait pas offrir mieux’’, témoigne-t-il. A l’en croire, seule l’ambiance d’une structure hôtelière manquait. Pour le reste, aussi bien le confort que l’entretien était au rendez-vous.

Seulement, ce gain pour les vacanciers et les amoureux est aussi synonyme de pertes pour les professionnels de l’hôtellerie et un manque à gagner du côté de l’Etat sénégalais (voir ailleurs). Malamine Camara en est conscient, bien qu’ayant porté son choix aux appartements meublés. ‘’C’est une concurrence pour les hôtels. Je ne pense pas qu’ils paient des taxes dans le cadre de leurs activités parce que, rien n’indique ce qui s’y fait. Il n’y a pas de contrôle en ce sens je suppose’’, souligne-t-il.

Quant aux responsables d’hôtels ils se sont presque résignés, car se sentant impuissants face à ce ‘’fléau’’. Directeur général de l’hôtel ‘’Les Bougainvilliers’’ de Saly, Boubacar Sabaly reconnaît l’existence de cette ‘’situation regrettable’’. Il ajoute même qu’à la station balnéaire de Saly, au-delà du phénomène des appartements, les hôteliers doivent aussi composer avec les résidences meublées. ‘’Nous, ce qu’on déplore, c’est que des gens exercent d’abord une profession qui n’est pas la leur et pratiquent des politiques de prix défiant toute concurrence.

C’est là où c’est malsain. La concurrence, c’est une compétition et cela ne nous pose pas problème. Ce qu’il y a, c’est qu’il faut une compétition avec des règles imposables à tout le monde’’, se plaint-il. Furax, il poursuit : ‘’C’est une compétition malsaine et déloyale que des gens construisent des villas et autres immeubles à usage d’habitation et finissent par pratiquer des prix d’hôtels’’. Ce qui dérange surtout les hôteliers, c’est que leurs nouveaux concurrents n’ont aucune obligation envers l’Etat. ‘’Le comble, c’est qu’ils ne paient ni impôt ni taxe de nuitées. En plus, ils emploient des femmes de ménage sans aucune formation ni qualification spécifique. Ce qui fait que les prix ne peuvent pas être les mêmes’’, peste M. Sabaly.

De l’avis de notre interlocuteur, que l’Etat abandonne des recettes, c’est son problème. Cependant, il voit dans cette affaire un déficit d’engagement de l’Etat à résoudre une partie des problèmes du secteur, grâce aux fonds qui lui échappent. ‘’Lorsqu’on posait la question du budget du fonds de promotion touristique, on a rappelé à l’Etat qu’il ne cesse de répéter qu’il n’y a pas d’argent. Pourtant, les gouvernants ignorent toutes les petites structures qui pourraient générer 1,5 milliard. Les maisons meublées peuvent aussi générer 1,5 milliard, ce qui fait déjà 3 milliards. Ils y a donc là de l’argent qu’ils ne veulent par collecter. Car, même si les 50% sont collectés, c’est important’’. Après cette suggestion des hôteliers, l’Etat avait promis, une nouvelle fois, de s’en occuper, soutient M. Sabaly. ‘’Ils ont fait quelques opérations de régulation avant de tout ranger aux oubliettes’’, regrette-t-il.
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