La star ivoirienne de la musique, Alpha Blondy, a assuré samedi soir une fin en apothéose à la 8-ème édition du Marche des arts du spectacle africain (MASA) en livrant au nombreux public venu le suivre au Palais de la culture de Treichville un message de paix et de réconciliation.
Lui-même, s’adressant à des journalistes sénégalais, a qualifié de ‘’thérapie culturelle’’ la rencontre d’artistes de divers horizons venus participer à cette édition censée relancer une manifestation en veilleuse depuis 7 ans du fait d’une crise sociopolitique.
La reprise du MASA est ‘’une très bonne chose, même s’il y a eu quelques dérapages’’, a-t-il indiqué, espérant que les organisateurs vont apprendre, après cette édition, à corriger leurs erreurs. ‘’C’est encore nouveau, a-t-il ajouté. Je suis très tolérant, je pense qu’ils peuvent mieux faire et que les erreurs vont permettre aux organisateurs de faire mieux.’’ Pour lui, ‘’le but recherché a été atteint’’.
‘’C’est une thérapie musicale, une thérapie culturelle dont le pays avait besoin après la crise que nous avons vécue’’, a-t-il affirmé.
Devant environ 5.000 spectateurs, et pendant près de deux heures, Blondy a joué plusieurs de ses tubes, dont le premier a été ‘’Jérusalem’’.
Visiblement très heureux de communier avec un public qui reprenait ses chansons, il s’est donné à fond comme aux premières années de sa carrière.
Après le titre ‘’Les chiens’’, ‘’Multipartisme’’, il chante ‘’Crime spirituel’’ sur lequel il dit : ‘’Il ne faut pas mêler Allah à vos actes criminels, parce qu’Allah n’est pas un Dieu criminel’’. Alpha Blondy remonte plus loin dans son histoire discographique, pour offrir au public ‘’Cocody Rock’’, ‘’Politiqui’’, ‘’Tere’’.
La prestation de la star du reggae en Afrique a été fortement teintée d’une bonne dose de spiritualité avec des références aux rapports entre peuples de croyances différentes et à des enseignements des livres saints, des prophètes des religions révélées.
Dans ce contexte, ‘’Peace In Liberia’’, sorti en 1992, prend un sens nouveau au regard de la situation de la Côte d’Ivoire où les populations sont engagées à panser les plaies nées d’une crise sociopolitique de plus de dix ans.
Alpha Blondy a estimé que la culture est un facteur de réconciliation, soulignant que les artistes du MASA, avec leurs prestations en musique, conte, danse, humour, théâtre, etc., ont posé ‘’des actes forts de paix’’.
Il a ajouté : ‘’Aussi vrai que la politique perturbe en Afrique, la culture réconcilie. C’est un de nos trésors premiers, c’est un peu le ciment de notre unité. La thérapie musicale, la thérapie de tous ces artistes venus de partout, ça aide. Aux politiques de comprendre qu’ils n’ont pas intérêt à emmerder. Ils ont un devoir de bonheur. Ils doivent donner ce bonheur aux gens’’.
Quelque 440 artistes, dont 118 ivoiriens, ont participé à cette édition du MASA, dans les disciplines suivantes : danse, théâtre, musique, conte, humour, marionnettes. Côté sénégalais, les compagnies Saky Tchébé Bertrand et "1er Temps" de Andreya Ouamba, et le groupe de Noumoucounda Cissoko (musique) ont pris part au MASA.
L'objectif de la manifestation est de "renforcer les capacités des professionnels africains des arts vivants (musique, théâtre, danse) et permettre l'accès des productions africaines et de leurs artistes au marché international".
Les sept premières éditions se sont déroulées en 1993, 1995, 1997, 1999, 2001, 2003 et 2007. Depuis, la situation d'instabilité politique notée en Côte d'Ivoire a provoqué une interruption dans l'organisation régulière du MASA.