Le secrétaire exécutif de l’association des producteurs de la vallée du fleuve Gambie (APROVAG), Michael Diédhiou, a prédit un bel avenir pour la filière banane au Sénégal, à condition que soient levées les contraintes au développement de la production locale, qui peut compter sur un avantage comparatif par rapport à la banane ivoirienne par exemple.
"Le Sénégal a un avenir dans la banane, du fait qu’on peut faire la culture bio, ce que d’autres pays comme la Côte d’ivoire ne peuvent pas faire", a dit M. Diédhiou, jeudi, lors d’une tournée du ministre de l’Agriculture Papa Abdoulaye Seck, dans les bananeraies de Gouloumbou.
L’ensoleillement dont bénéficie la région de Tambacounda (est) est "très fort", si bien qu’elle limite le développement de la maladie qui attaque la banane et dont les traces n’apparaissent qu’en hivernage, a expliqué l’ingénieur agronome.
"L’autre avantage, c’est le rendement", a-t-il soutenu, ajoutant que la zone du Sénégal oriental a un potentiel de 60 tonnes à l’hectare, sans compter la disponibilité en eau, le fleuve étant à portée de main, et le savoir-faire, autant d’atouts à faire valoir.
"On cultive la même variété de banane que la Côte d’ivoire. C’est le conditionnement qui fait la différence", a indiqué M. Diédhiou, non sans relever les autres défis liés à la modernisation des systèmes d’irrigation et au transport primaire.
Aussi le secrétaire exécutif de l’APROVAG a-t-il lancé un appel au gouvernement pour la subvention des engrais bio qui coûtent "excessivement cher", mais aussi pour un appui aux investissements qui sont très lourds.
Par exemple, la station de Sankagne 3, d’une capacité de 10 tonnes, a été construite pour 25 millions de FCFA, a-t-il dit. Or, il faut 5 millions par hectare pour installer les systèmes d’irrigation par aspersion, plus recommandés dans la zone, a-t-il encore relevé.
"J’étais venu pour apprendre, comprendre, pour mieux agir" a dit le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural à l’intention des producteurs, écartant toute possibilité d’apporter une solution immédiate, même s’il a réaffirmé l’engagement de son département à appuyer la filière banane.
Selon Papa Abdoulaye Seck, une solution concertée pourra être trouvée à l’issue d’une concertation programmée dans le cadre d’un prochain atelier auquel prendront part aussi bien les professionnels, les techniciens que les bailleurs.
"Les producteurs devront prendre des engagements par rapport à ce qu’ils pourront apporter comme contribution, le gouvernement aussi", a-t-il précisé.
Pour Pape Abdoulaye Seck, la banane peut aider à atteindre les 157.000 tonnes de fruits et légumes visés dans le cadre du PSE, contre 85.000 tonnes actuellement.
Forte de 1.250 producteurs, l’APROVAG est membre du Collectif régional des producteurs de banane de Tambacounda (CORPROBAT). Créé en 2003, suite à des inondations qui avaient endommagé plus de la moitié des plantations, le CORPROBAT regroupe 5.612 producteurs, dont 35% de femmes qui exploitent plus 1.250 hectares.
La production de 2016 est estimée à 24.750 tonnes et la prévision de 2017 à 30.000. Les inondations, les vents violents, le manque de subvention du gasoil dont la facture annuelle s’élève à 547,4 millions, font partie des nombreuses contraintes qui assaillent la filière banane à Tambacounda.