Depuis mai 2015, l’élève en classe de Terminale Saër Kébé est en détention, pour activités terroristes, apologie du terrorisme et associations de malfaiteurs. Mouhamadou Lamine Diagne, président de l’association de solidarité et de coopération de Mbour et son avocat Me Assane Dioma Ndiaye interpellent l’opinion sur son cas.
Lorsqu’on parle de lutte contre le terrorisme au Sénégal, ce sont les Imams Alioune Ndao, Ibrahima Sèye et autres Moctar Diokhané qui tiennent le haut de l’affiche. Dans les méandres de cette guerre contre l’extrémisme se meut l’élève Saër Kébé qui attend depuis mai 2015 d’être édifié sur son sort. Il est inculpé et placé en détention pour activités terroristes, apologie du terrorisme et association de malfaiteurs. Selon Mouhamadou Lamine Diagne, président de l’association de solidarité et de coopération de Mbour, qui attire l’attention sur son cas.
Cet élève en classe Terminale S2 au lycée Demba Diop de Mbour, au moment d’être arrêté en 2015, a été successivement interné à la prison de Mbour, puis à Rebeuss, avant d’être conduit au Camp pénal de Liberté 6. L’ancien président du bureau de l’association des parents d’élèves du lycée Demba Diop de Mbour renseigne que l’élève est accusé d’actes de terrorisme, suite à sa publication, sur la page facebook de l’ambassade des USA au Sénégal, d’un post dans lequel il ‘’dénonçait le soutien de cette institution à Israël, notamment dans le bombardement de l’Etat palestinien, proférant des menaces à l’encontre des USA’’.
En attirant l’attention sur le cas de ce jeune garçon, Mouhamadou Lamine Diagne dit vouloir ‘’éventrer le complot du silence sur la détention arbitraire et injuste de Saër Kébé’’. Selon lui, le jeune élève est laissé à lui-même. Dans la note qu’il a adressée à EnQuête, il demande une mobilisation de toutes les forces vives de la Nation, démocrates, patriotes pour la libération du jeune Kébé, afin qu’il puisse rejoindre sa famille et continuer ses études. ‘’Notre justice ne doit pas être une justice auxiliaire de la justice américaine ou occidentale. Elle ne doit pas être soumise à leurs conceptions ou à leurs entendements’’, s’insurge-t-il. D’autant que ‘’deux années scolaires se sont passées et qu’il est privé de liberté provisoire pour passer les sessions de baccalauréat en 2015 et 2016’’. Mouhamadou Lamine Diagne renseigne que les camarades du jeune Saër ont observé 48h de grève, lorsque l’affaire a éclaté. ‘’Ils ont sollicité la clémence des autorités, signalant que leur camarade reconnaît son erreur. Malgré tout, il a été inculpé par le juge d’instruction de Dakar.’’
Me Assane Dioma Ndiaye : ‘’Le dossier n’avance pas’’
Deux avocats Mes Assane Dioma Ndiaye et Abou Diely Kane se sont constitués pour défendre Saër Kébé, en tant que citoyen sénégalais. ‘’Me Ndiaye a introduit une demande de liberté provisoire’’, dit-il, tout en soulignant que l’élève n’arrive pas à entrer en contact avec les deux conseils. Ainsi, EnQuête a contacté Me Assane Dioma pour en savoir davantage sur ce dossier. Ce dernier déclare : ‘’Nous ne comprenons pas ce qui se passe avec l’affaire Saër Kébé. Apparemment, il ne reste aucun acte à faire. Le dossier, depuis lors, est là où on l’a laissé. Ça n’avance pas’’. De même, l’avocat n’arrive pas à comprendre pourquoi le jeune est trimballé de Mbour à Dakar. D’ailleurs, il laisse éclater son dépit en ces termes : ‘’Il n’y a rien à faire. Saër Kébé s’est adonné à un enfantillage en lançant des messages sur Facebook, s’attaquant à l’ambassade des USA. On le prend pour un terroriste de première classe.’’
L’avocat se montre aussi pessimiste quant à un jugement dans les meilleurs délais. Me Assane Dioma Ndiaye constate simplement ‘’qu’il est en détention, depuis bientôt trois ans, alors qu’il n’y a aucun acte d’informations supplémentaires à faire’’. A son avis, ‘’rien ne justifie sa détention’’. ‘’Le jeune a dit qu’il n’appartient à aucune association formelle de terroristes. C’est vraiment le terrain fertile de la violation des droits fondamentaux des personnes. On ne sait pas ce qu’on lui reproche réellement. Sinon des discours qui n’ont aucun contenu concret’’. Me Ndiaye note que depuis deux ans, une autorisation lui permettant de passer le baccalauréat a été déposée, mais le juge a refusé. Les demandes de liberté provisoire formulées ont été rejetées. Il confie qu’il est venu en renfort à son confrère Abdou Dialy Kane qui s’est constitué pour défendre Saër Kébé.