La défense s’organise pour Ousmane Sonko. Différents syndicats et organisations de la société civile ont mis en place hier une large coalition de forces sociales qui a concocté un plan d’actions visant à pousser l’Etat à réhabiliter le leader du Pastef dans ses fonctions. Une plainte devant le Bureau international du travail (BIT) est prévue.
Le combat pour la réhabilitation de l’inspecteur des Impôts et Domaines Ousmane Sonko, révoqué de la Fonction publique lundi dernier, va être internationalisé. Hier, une dizaine de syndicats de l’éducation, du commerce, de l’administration et des organisations de la société civile se sont jointes au combat du Syndicat des agents des impôts et des domaines (SAID) pour mettre sur pied une coalition des forces sociales qui envisage de saisir le Bureau international du travail (BIT).
Elle s’est réunie au siège du SAID. A l’issue de la réunion, les membres de cette large coalition ont sorti une résolution dans laquelle ils ‘’dénoncent avec la dernière énergie la décision de révocation prise injustement à l’encontre de l’inspecteur et exigent sa réintégration sans condition et sans délai’’. Selon Mamadou Lamine Dianté, coordonnateur du Grand Cadre, cette résolution est une étape du plan d’actions qu’ils comptent mettre en œuvre afin qu’Ousmane Sonko soit réhabilité. C’est dans ce cadre qu’une délégation se rendra à Genève pour porter l’affaire devant le BIT.
Au plan interne, M. Dianté annonce la possibilité d’une grève générale dans l’administration ‘’pour apporter la riposte’’. En outre, le syndicaliste annonce une campagne de sensibilisation et d’explications, avec une tournée auprès des chefs religieux et de toutes les forces vives afin que la mesure soit annulée. Une campagne d’affichages, des sit-in et marches sont prévus. D’après M. Dianté, la résolution sera déposée auprès des différentes chancelleries et une pétition sera lancée ‘’pour montrer, au-delà des travailleurs, que c’est le peuple qui condamne la mesure’’. Il a précisé que l’ensemble de ces actions seront exécutées. D’où la mise en place d’un comité de coordination.
En effet, dans leur résolution lue par Me El Hadj Ayé Boun Malick Diop, secrétaire général du Sytjust, les membres de la coalition se disent ‘’déterminés à s’opposer à toutes formes de violation des droits et atteintes aux libertés syndicales citoyennes et démocratiques’’. Le secrétaire général d’ajouter qu’ils considèrent que ‘’la mesure de révocation de l’inspecteur principal Ousmane Sonko est manifestement arbitraire, injuste et illégal’’. Car ladite mesure ‘’est l’aboutissement d’une série de violations des règles régissant la procédure disciplinaire dans la Fonction publique, notamment les droits de défense’’.
Appel à la mobilisation
Face à ces manquements, les forces sociales estiment que ‘’cette décision du président de la République constitue un dangereux précédent pour les libertés et la sécurité des travailleurs, en ce sens qu’elle constitue l’exécution d’une commande politique’’. Elles l’assimilent à ‘’une instrumentalisation de l’administration publique et de ses procédures à des fins de règlement de comptes politiques’’. Au-delà de la dénonciation, cette coalition ‘’lance un appel à toutes les forces sociales à se mobiliser pour freiner cette dérive nuisible à l’Etat de droit, aux droits de l’Homme et aux libertés démocratiques’’.
Et dans ce combat, tout sera fait pour éviter l’amalgame avec la politique, étant donné qu’Ousmane Sonko est leader d’un parti. ‘’La coalition des forces sociales est composée de mouvements qui ne sont pas politiques et nous sommes là pour défendre le travailleur, le fonctionnaire Ousmane Sonko’’, précise Mamadou Lamine Dianté. Il ajoute que même si un amalgame est créé, tout sera fait pour dissocier leurs activités avec celles des politiques. Pour le moment du moins, car d’autres syndicalistes présents dans la salle n’ont hésité à lancer : ‘’Si le combat nécessite une jonction, il faut le faire’’.
Ce vaste front qui a décidé de soutenir Ousmane Sonko est composé, entre autres, de centrales syndicales (Cnts, Cnts/Fc, Unsas), du Grand cadre, de syndicats comme le Syndicat des cadres et employés de l’administration publique, le Cusem, l’Uden, le Sames, le Sytjust, le Sels Originel, le Syndicat unique des travailleurs du Trésor… Du côté de la société civile, il y a le Forum civil, le Forum du justiciable, le Forum social sénégalais, le M23, le Mouvement Y en a marre et le Mouvement tout va mal.