Le département de Mbour est sevré de sortie du Kankourang (masque mystique mandingue protecteur des circoncis) et de toutes les activités y afférentes sur décision du préfet Saër Ndao. La notification a été faite le vendredi 26 août 2016, au président de la Collectivité mandingue et à Ibrahima Cissé. La mesure a suscité des réactions du côté de la collectivité mandingue et des autres communautés.
Les mbourois ont assisté hier, dimanche 28 août 2016, exceptionnellement, à un début d’un Septembre mandingue, terne et morose sans ‘’diambandong’’ (la danse des feuilles), les circoncis n’ont pas été accompagnés par les ‘’tangtangkosila’’ (les batteurs de tamtams), les chants et les danses vers la case de l’homme. La mesure préfectorale d’interdiction du Kankourang est passée par là.
En réaction à cette décision de l’autorité administrative, lors d’un point de presse, le bureau de la Collectivité mandingue, à travers la personne de son secrétaire général, Cheikh Dabo, est monté au créneau pour demander le rétablissement de l’ordre établi depuis plus d’un siècle, leur laisser le monopole et l’exclusivité de la sortie du Kankourang. Il s’est désolé de la mesure qui selon lui privilégie les intérêts d’un individu devant ceux de plusieurs centaines de milliers d’autres. Les réactions suscitées par la mesures d’interdiction de la sortie du Kankourang et de toutes les activités y afférentes sont multiples. Les pertes sont énormes pour l’économie locale (hébergement, transport, restauration...)
La mesure est prise suite à des menaces de troubles à l’ordre public. Il y a un an, Ibrahima Cissé, un marabout mandingue domicilié à Thiès-Est Oncad avait jeté les bases de la dissidence en se dissociant des activités de la collectivité mandingue de Mbour. Il avait sorti un Kankourang parallèle, ce qui avait soulevé l’ire des jeunes qui dans leur réactions avaient voulu lui régler ses comptes (à ce dissident).
Les dispositions prises par l’autorité préfectorale et la Police avaient fait éviter le pire. Au bout du compte, toutes les menaces avaient fondu comme du beurre au soleil. Des radicaux ont eu à travers la gorge et s’étaient résolus à tout faire pour que pareille chose ne puisse plus se reproduire. Car la sortie d’un Kankourang parallèle à celui de la Collectivité mandingue était un affront. Des mises en garde ont été lancées par les autorités policières et préfectorales lors de la réunion préparatoire pour les activités du Septembre mandingue, la période de la circoncision et de l’initiation des jeunes mandingues.
Les autorités avaient insisté sur l’intimité des citoyens, de la libre circulation des biens et des personnes à respecter. Selon elles, la sortie du Kankourang ne devait être liée à des faits de violence ou de trouble à l’ordre public et que quoiqu’il en soit force doit rester à la loi. Les deux parties antagonistes, la collectivité mandingue et le marabout Ibrahima Cissé, ont campé chacune sur sa position accentuant les points de désaccord malgré les appels à l’unité. La collectivité mandingue, intraitable sur la sortie d’un Kankourang parallèle, ne parle pas le même langage qu’Ibrahima Cissé, plus que jamais déterminé à avoir son propre espace pour la sortie de son masque mystique.