Moustapha Gaye a tiré hier, mercredi 24 août, au stadium Marius Ndiaye, le bilan des Jeux Olympiques de Rio 2016 et de la quinzaine olympiques passée au Brésil. A travers son point de presse tenu au lendemain de leur retour à Dakar, l’entraineur national de l’équipe de basketball féminine est revenu aussi bien sur les impairs notés au niveau de la préparation de l’équipe, les primes de participation des athlètes, sur les conditions difficiles de voyages que sur le jeu . Le technicien n’a pas manqué d’apporter des justifications sur les 5 défaites concédées par les Lionnes en autant de matches. Tout comme il s’est projeté sur l’Afro-basket 2017 qu’il compte gagner et conserver le titre continental.
«Notre feuille de route était de faire une participation honorable»
« Il faut remonter à l’Afrobasket 2015 pour parler de la campagne de Rio. C’est à partir de là qu’on a gagné notre titre africain pour représenter le continent aux jeux olympique de Rio. À la sortie de ce tournoi beaucoup de chose ont été dit et expliqués par rapport à la préparation et à l’âge de l’équipe. Mais à la fin, on est sorti vainqueur du tournoi. Depuis lors le temps était à la préparation de l’Afrobasket 2017.Sur le plan africain, avec l’Etat du Sénégal, nous avons comme objectif d’aller se préparer à Rio pour la conservation de notre titre à l’Afrobasket 2017. Je pense que lorsque l’objectif est clairement expliqué, Il doit être beaucoup plus facile de concevoir les résultats. Si maintenant on fait des confusions entre objectif et prétention cela me pose un problème. Quand un nomme quelqu’un, il faut lui donner une feuille de route. Notre feuille de route était de faire une participation honorable afin de mieux préparer l’Afro-basket 2017.C’est ce que le président de la fédération de basketball a dit. Il a précisé que «les jeux olympique ne peuvent être qu’une occasion pour nous de préparer l’Afrobasket 2017 ».
«Nous n’avons pas encore le niveau mondial»
« Nous n’avons pas encore le niveau mondial.Nous avons de bonnes joueuses mais dans le groupe il n’y a que deux qui jouent au niveau mondial il s’agit de Mame Marie Sy et Astou Traore. Sinon, tout le reste évolue dans les clubs locaux comme le Duc, l’Asc ville de Dakar, en national en France, en deuxième division en Espagne. Vous croyez que cela peut faire face au haut niveau. Toutes les équipes qu’on a rencontrées aux JO étaient des formations qui évoluent en Euroligue, en NBA. N’oublie pas aussi que moi-même je suis un coach du championnat locale. Avec des matches qui n’ont pas les mêmes rigueurs que les championnats de haut niveau. C’est pourquoi il ne faut pas qu’on se réveille un bon jour pour dire qu’on va aux J .O pour gagner une médaille. »
«On n’avait que 3 matches dans les Jambes»
« L’occasion que nous avions pour nous rapprocher du niveau mondial c’est les tournois dans les pays étrangers. Il s’agit des tournois d’envergure comme celui qu’on avait pris part au Japon, comme celui qui était prévu en Serbie, en Turquie. On n’avait que 3 matches dans les Jambes au moment ou toutes les autres formations en avaient 15 à 20 matches de préparation avec les nombreux tournois qu’elles ont pris part. Cela constitue une étape de la préparation que nous avons ratée. C’est cela qui devait nous permettre de juger notre équipe, de mieux évaluer et de la rapprocher de ce qui se fait dans le monde. Il faut donc que les gens comprennent. Les déclarations d’intention ne serviront à rien. Car personne ne veut gagner plus que nous qui ont effectué le déplacement. »
«Gagner l’Afrobasket en 2017 pour décrocher une médaille aux J.O de 2020»
« Mais la question que tout le monde doit se poser est de voir, est ce qu’il était possible de gagner dans ces conditions auxquelles nous avons participé à ce tournoi. C’est pourquoi, il sera très normal de bien préparer l’Afrobasket 2017. Nous pourrons en cas de victoire finale décrocher une médaille au J.O de 2020.
Mais cela ne serait possible que si on participait à beaucoup de tournois. A Rio, les premiers résultats nous ont permis d’apprendre et de limiter les dégâts lors des dernières rencontres comme celui contre la Serbie. Imaginons si on avait fait les mêmes préparations que les autres équipes, le résultat sera meilleur.
Mais nous nous sommes contentés des matches amicaux joués avec les équipes cadettes de la Douane et des formations locales pendant ces 45 jours de regroupement. On aurait dû avoir 15 jours dans un pays étranger pour disputer de bons tournois. »
«Rien à regretter par rapport au jeu»
« Malgré ces 5 matches sans victoire, il n’y a pas, à mon avis, de regret au niveau de la compétition. Il faut juste analyser, évaluer et tirer des enseignements et éviter la prochaine fois certaines erreurs commises.
A mon niveau je n’ai rien à regretter par rapport au jeu, à l’organisation, aux conditions d’ébergements. La Serbie qui est 3e mondial, nous a battus de 7 points dans un match très difficile. Les 4 matches qu’on a joués avant, nous ont permis de voir nos lacunes et de nous perfectionner d’avantage. Je savais bien que si on a joué 3 à 4 tournois internationaux, avant les J.O, je suis convaincu que cette équipe aurait fait du résultat. »
«L’équipe est donc perfectible car elle a du potentiel»
« Cette équipe est donc perfectible car elle a du potentiel pour aller dans les grandes compétitions. Mais il faut qu’elle commence à participer dans les grands tournois du monde de battre et de se faire battre par les grandes formations. C’est avec cela qu’elle peut arriver à décrocher des victoires au niveau mondial. Nous sommes donc frustré de ne pas avoir de victoires mais les réalités de la compétition sont ainsi fait. Il faut accepter des échecs pour mieux préparer des victoires futures. Nous sommes donc très contents de participer à ces J.O en tant que seul représentant de l’Afrique. Car, c’est une victoire de gagner la coupe d’Afrique pour représenter tout le continent. »
Primes de participation : «Nous n’avions reçu que 3 millions chacun»
Je suis désolé d’avoir appris à Rio que le ministère des sports avait fait un communiqué comme quoi que chaque athlète a reçu 10 millions de francs. Je pense que cela est une communication qui a son importance, mais gênante. Je ne peux pas justifier la véracité de cette information, mais pour ce qui concerne l’équipe de basket dont je dirigeais, nous n’avions reçu que 3 millions chacun comme primes de participation. Il n’a jamais était question de 10 millions. Il est important de le préciser pour l’opinion car ces athlètes ont des familles.
«L’objectif n’était pas de gagner des médailles»
« L’objectif n’était pas de gagner des médailles mais de préparer l’Afro- basket de 2017.Maintenant il y a des gens qui veulent qu’on ait des médailles. C’était vraiment rêver car on n’a pas encore le niveau mondial malgré qu’on ait des joueuses de très bonnes qualités. A côté, nous avons un Etat qui veut nous aider mais il faut un collectif par rapport à l’investissement financier, pour l’argent qu’on injecte dans le sport. Tout en veillant sur l’utilisation des fonds pour que la production soit meilleure demain. »
Voyage : «on a tout encaissé, rien que pour respecter le drapeau du Sénégal»
« Les conditions de voyages ont été très difficiles. Je tire le chapeau aux joueuses qui ne se sont pas prononcées à la presse pour dénoncer ces conditions et ce long calvaire dont on était victime. Nous avons quitté Dakar le mercredi pour arriver à Rio vendredi avec 72 heures de voyage. On a dormi à l’aéroport. Certains assis sur le sol. C’était difficile, mais on a tout encaissé, rien que pour respecter le drapeau du Sénégal que nous détenons entre nos mais. Dés qu’on va en compétition avec le drapeau national il faut attendre le retour pour réclamer ce qu’on a à réclamer. Mais il n’est pas normal de dénoncer en plein compétition ou encore à l’extérieur du pays. »
«Le tournoi des Jeux Olympiques sont 10 fois plus rapide que le basket africain»
« Vraiment cette équipe a beaucoup progressé sur le plan de la recherche de solution, la densité du jeu, car le tournoi des Jeux Olympiques sont 10 fois plus rapide que le basket africain. Donc si on se réfère aux J.O, on peut dire qu’ils nous ont permis de trouver des solutions pour nos compétitions africaines. Cette participation à ces joutes mondiales nous bonifie beaucoup sur le plan Africain. Mais il ne faut pas dormir sur nos oreilles. Car les autres pays sont en train de travailler comme nous. C’est le cas du Nigéria qui était au tournoi préolympique avec une équipe meilleure que celle qui a participé à l’Afrobasket 2015. Ils sont en train de forcer, de faire des naturalisations, c’est la même chose pour le Mali ainsi que les autres formations du continent.
«Soyons humble et serein»
Je ne peux pas vous assurer le titre mais je suis convaincu que cette équipe qu’on a mise en place pourra aller très loin dans les prochaines tournois de l’ Afrobasket. On va garder les anciennes joueuses afin que les nouvelles soient plus matures. Maintenant soyons humble et serein puisse que les autres formations ont les mêmes objectifs que nous. Nous avons vraiment envie de garder ce titre africain. Ce n’est pas en parlant qu’on va y arriver ni en chantant haut et fort mais seul le travail nous le permettra. Nous ne sommes pas là pour faire du n’importe quoi. Nous n’allons pas cautionner du n’importe quoi. Cela veut dire qu’il faut faire des choses comme ils se doivent. Il faut aussi penser que les autres pays avec lesquelles nous allons nous battre font beaucoup d’effort au niveau de la logistique, des tendances, au niveau de la conception et au niveau des matches d’entrainement.