Après Dakar où les signaux d’âpres batailles politiques se profilent à l’horizon, la région de Kaolack vire au rouge. Pour cause, la guerre larvée par presse interposée entre anciens Premiers ministres (Pm) du président Macky Sall, en l’occurrence l’actuel opposant Abdoul Mbaye, président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), et l’envoyée spéciale du chef de l’Etat, Aminata Touré, ainsi que les conflits de leadership qui déchirent l’Alliance pour la République (Apr) dans le bassin arachidier, certifient des batailles épiques lors des prochaines échéances. A cela s’ajoute le clair obscur qu’entretient l’ancien Pm, Souleymane Ndéné Ndiaye, le changement de camp de la «lionne du Ndoucoumane», Mata Sy Diallo, sans oublier «l’indécis», Me El Hadj Diouf.
Considérée comme l’une des régions qui présente un poids moyen d’électeurs, à savoir 339.486 électeurs selon le fichier électoral de 2012, derrière les grands bastions électoraux comme Dakar, Thiès et Diourbel, la région de Kaolack aiguise bien des appétits. En atteste la guerre des tranchées à laquelle se livrent les deux anciens Pm du chef de l’Etat, Macky Sall. En effet, l’actuel virulent opposant, en l’occurrence Abdoul Mbaye, président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), non moins originaire du Saloum, et l’actuelle envoyée spéciale du président de la République, Aminata Touré, parachutée dans la localité, se livrent à une guerre sans merci, par presse interposée. Le dernier traitement fait de l’indemnisation de l’ivoirien Adama Bictogo, dans l’affaire du contrat relatif à la mise en place du visa biométrique, en dit long. Citée dans un document intitulé «Rebondissement dans l’affaire Bictogo : zones d’ombre autour de l’ancien Premier ministre Mimi Touré», Aminata Touré s’est attaquée de manière voilée à son rival dans le bassin arachidier.
Dans le communiqué servant de démenti à sa prétendue implication dans ladite affaire, elle indique qu’un «certain ex-champion de l’éthique à l’origine de cette cabale avortée, récemment rattrapé par son passé de faussaire, ferait mieux de préparer ses nombreux dossiers judiciaires plutôt que de chercher des compagnons d’infortune». Ces attaques entre anciens Pm de Macky Sall ne sont pas les premières, si on se souvient des volets de bois verts qu’avait envoyés “Mimi Touré“ à son prédécesseur, dont le tort a été d’appeler à voter Non au référendum du 20 mars dernier. Elle lui avait en effet reproché un manque de loyauté et de reconnaissance envers Macky Sall.
MIMI POUR RECOLLER L’APR EN LAMBEAUX A KAOLACK
La question qui mérite d’être posée par ailleurs est de savoir est ce que Aminata Touré a été parachutée à Kaolack pour fédérer les forces dispersées de l’Apr. En tout cas, elle semble ne pas venir de Grand Yoff à Kaolack en simple observatrice de la sphère politique kaolackoise, vu ses virulentes prises de position. Elle aura cependant fort à faire avec la mairesse de la capitale du Saloum, Mariama Sarr. Parlant par ailleurs de l’édile de Kaolack, il convient de noter que la dernière réaction de ses protégés ne milite pas en sa faveur. Elle a en réalité été accusée par le ministre de la Jeunesse, Mame Mbaye Niang, d’être le commanditaire des huées contre la caravane des Vacances citoyennes à Kaolack, le 7 août dernier. Des jeunes apéristes, supposés être sous la coupole de la mairesse, avaient barré la route à ladite caravane, prétextant que les engagements pris lors de la dernière édition n’étaient pas respectés. En tout état de cause, la guerre pour le contrôle de la localité, au sein du parti au pouvoir, fait rage. Les dissensions notées lors de l’installation du Comité de liaison départementale, en mars dernier, ont montré d’ailleurs à la face du monde que leurs querelles de positionnement priment sur tout.
KAOLACK PAS ENCORE SOUS CONTROLE
La région de Kaolack se présente en outre comme un bastion complexe à cause, non seulement de la position clair obscur de l’ancien Pm d’Abdoulaye Wade, Souleymane Ndéné Ndiaye, mais aussi le basculement de la «lionne du Ndoucoumane» dans le camp de l’opposition.
En effet, l’ancien Pm de Wade, leader de l’Union nationale pour le peuple (Unp) et certains anciens ministres du régime libéral, notamment Modou Diagne Fada et Aliou Sow, sont à la tête d’une coalition de partis qui se démarquent du pouvoir et de l’opposition. Seront-ils avec le plus offrant ? Ce qui est sûr, tous originaires du Parti démocratique sénégalais (Pds), ils ont été accusés, à tort ou à raison, par leurs anciens camarades de parti, d’être de connivence avec le régime en place. Ensuite, force est de relever que le régime actuel a perdu un soutien de taille dans la zone, en la personne de Mata Sy Diallo, dans la mesure où l’Alliance des forces de progrès (Afp) avait décidé de participer à toutes les élections à venir aux cotés de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (Bby). L’ex-progressiste a rejoint le camp de l’opposition, en allant déposer ses baluchons au Grand parti (Gp) de Malick Gakou, devenu très acerbe dans ses attaques contre le régime en place. Il ne faut toutefois pas occulter le «versatile», Me El Hadj Diouf, leader du Parti des travailleurs et du peuple (Ptt), originaire de la région.
En effet, tantôt avocat de l’Etat dans la traque des biens supposés mal acquis, tantôt prompt pour un plaidoyer en faveur de la libération de Karim Wade, mis en prison par le pôle d’avocats dont il est membre, Me Diouf ne semble plus inspirer confiance à la mouvance présidentielle, même s’il a appelé à voter Oui, lors de la dernière consultation citoyenne. En tout état de cause, la région de Kaolack promet d’âpres disputes politiques, pour ceux qui veulent la contrôler, que ce soit pour l’élection des membres du Hcct, les législatives prochaines, ainsi que la présidentielle de 2019.